「Chapitre 46」

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   La seule chose que je parviens à distinguer, c'est une masse blanche informe. Cela fait maintenant deux bonnes minutes que je suis réveillée, mais la seule chose que j'ai réussi à faire est d'ouvrir les yeux et malheureusement pour moi, je n'arrive pas à reconnaître l'environnement qui m'entoure, sûrement trop aveuglée par la lumière.

Petit à petit, je parviens à découvrir un grand mur blanc, puis quelques détails tel qu'un calendrier ou une petite télévisons. Je tourne la tête et découvre un guéridon ainsi que plusieurs perfusions. Mon cerveau fait rapidement le rapprochement: je suis de retour à l'hôpital, cet endroit qui hante encore mes pires cauchemars.

Mes prunelles balaie nerveusement la chambre du regard, et c'est exactement comme dans mes souvenirs, hormis que je n'ai pas de camarades de chambre et que je n'ai pas non plus personnalisé mes murs. Sans réfléchir aux conséquences, je pousse un cri. Je cris à gorge déployé pendant un certain moment afin de rappeler ma présence au monde entier, et surtout de me sentir vivante. J'ai besoin de m'entendre, besoin de savoir que je ne suis pas morte.

En voyant les infirmières débarquer dans la pièce, mon cœur s'emballe. Je me rappelle de cette horrible et interminable période pendant laquelle je ne me rappelais même plus du son de ma voix, ou même de l'allure extérieur de l'hôpital. Je me rappelle de ces personnes, aussi détruites que moi que je côtoyais tous les jours, et même de Giulia, mon adorable infirmière. Je me demande si elle travaille encore ici et si je vais la recroiser. Mais suis-je dans le même hôpital qu'avant ? Après tout, je ne peux pas me fier à la chambre, tous les hôpitaux se ressemblent.

Une infirmière que je ne reconnais pas s'approche de moi, en prenant beaucoup de précaution. Elle vérifie que mes perfusions sont toujours en train de m'alimenter, puis
me caresse doucement le front. J'étouffe un petit cri de plainte avant de lever mes mains vers cette partie de mon corps, et remarque que j'ai un bandage. J'interroge la jeune femme du regard et elle m'adresse un sourire désolé.

« Bonjour, me salue-t-elle d'une voix douce. Charlie, c'est ça ?

Je hoche timidement la tête et elle tente de me rassurer en m'adressant un grand sourire, mais échoue lamentablement.

- Pourquoi je suis là ? demandé-je d'une petite voix, ce qui contraste énormément avec le cri que j'ai poussé quelques minutes plus tôt.

Elle vérifie soigneusement mes pansements, puis commence à prendre ma tension.

- Tu as fait un petit malaise, ma belle, m'explique-t-elle. Tu as eu de la chance que des passants t'aient aperçu rapidement, sinon je ne sais pas si tu serais ici pour les mêmes raisons.

Elle range son appareil puis me détaille en soupirant. Elle caresse affectueusement ma joue avant de noter quelque chose.

- Tu vas un petit mieux, mais ce n'est pas encore ça. Tu manques énormément de force, je vais demander à ce qu'on t'apporte de quoi manger.

Je déglutis nerveusement, mais ne fais aucun commentaire. Si je veux sortir le plus rapidement possible, il faut que mon comportement soit impeccable.

Elle rassemble lentement ses affaires avant de tourner les talons. Elle pose sa main sur la poignée de la porte avant de se retourner vers moi, sa main droite plaquant anxieusement ses cheveux en arrière.

- J'allais oublier ! s'écrit-elle. Tes parents sont dans le couloir, j'imagine que tu ne verras aucun inconvénient à ce que je les laisse entrer ?

Je secoue négativement la tête et elle me sourit d'un air réconfortant avant d'ouvrir la porte. Elle fait signe d'entrer à des personnes qui doivent sans doute être mes parents, et les voici qui pénètre dans ma chambre. Si j'étais heureuse à l'idée de les voir, mon cœur se fend immédiatement à leur vue. Ils paraissent littéralement brisés, et très fatigués. Je les revois, quelques années auparavant, me rendant visite chaque jour. Ils s'efforçaient de paraître heureux devant moi, mais l'on pouvait sentir à des kilomètres leur désespoir. Ils sont moralement détruits.

BREATHWhere stories live. Discover now