「Chapitre 8」

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   J'ai perdu mon journal intime.

Cela fait maintenant deux heures que je le recherche. Je le lisais encore, ce matin-même, mais je ne le trouve plus. Il a disparu. Mon visage est inondé de larmes, ma respiration est haletante, et je suis terrifiée. Terrifiée de l'avoir perdu et de ne jamais le retrouver. Ce journal représentait mon seul espoir de guérison, de redevenir celle que j'étais avant d'être consumée par mes démons. Mais il a disparu, au même titre que la Charlie de treize ans.

Je m'écroule sur mon lit, abattue. Ma journée n'aurait pas pu plus mal se finir. J'étais pourtant de si bonne humeur: c'était enfin les vacances, il faisait beau et j'avais passé une excellente journée avec Elena et Dave, malgré les cours. Nous avons mangé dans un parc en dehors du lycée pour profiter du soleil et de l'air frais. Ma peur chasse, malgré moi, ces agréable pensées de mon esprit tandis que je soupire d'exaspération. Je me déteste de toujours me laisser abattre pour des choses aussi futiles.

Je fixe le plafond puis ferme les yeux, si fort que ça me fait mal. Je laisse mes larmes couler, tout en tentant de calmer mes halètements. Si ma mère m'entend, elle va s'inquiéter, ce que je souhaite à tout prix éviter.

Mon téléphone choisit ce moment pour sonner. Je suis tentée de l'ignorer, mais à quoi bon ? Ce n'est qu'un journal, je ne vais pas me morfondre pendant des heures. Je décroche le téléphone et le place sur mon épaule, en essuyant mes larmes d'un revers de main.

« Allô ? je répond avec toute l'assurance dont je peux faire preuve.

- Salut Charlie, je reconnais immédiatement l'accent anglais de Dave.

- Re-bonjour Dave.

Malgré tout, j'ai appris à apprécier cet étrange personnage. Il a beau être collant et pour la plupart du temps, très chiant, il reste drôle et assez attachant. Et puis, pour être honnête, j'apprécie sa compagnie, particulièrement lorsqu'Elena me délaisse pour ses autres amis. Non pas que je considère Dave comme une roue de secours, loin de là, mais sans lui, je serais vraiment seule. Cela fait maintenant deux mois que les cours ont commencés et il s'est très bien adapté. Il s'entend bien avec tout le monde, et sa capacité à se lier d'amitié avec qui croise son chemin est tout à fait surprenante. J'en reste toujours abasourdie.

- Je te dérange ? reprend-il.

- Absolument pas, le rassuré-je en toussant afin de camoufler les tremblements de ma voix, et ainsi d'éviter d'éveiller des soupçons.

- Super, se réjouit-il. Tu fais quelque chose ce soir ?

Je ronge doucement l'ongle de mon majeur.

- Non.

- Ça te dirait de m'accompagner à une soirée ?

Je manque de m'étouffer. Je ne m'attendais clairement pas à ça.

- Une soirée ? répété-je.

- Une soirée, me confirme-t-il, amusé.

- Ça n'existe pas que dans les livres, alors ?

J'entend un rire de l'autre côté du combiné. Si je savais que les soirées existaient, pour faute d'avoir du réconforter Elena après bon nombre d'entre elles, je croyais que les soirées lycéennes du vendredi soir n'était qu'une légende urbaine, ou encore un cliché américain.

- Non, Charlie, mais où as-tu passé tes premières années de lycée ? s'esclaffe-t-il, et je peux deviner rien qu'à son intonation de voix qu'il a sans doute un sourire en coin. Dans une grotte ?

BREATHWhere stories live. Discover now