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Angèle est allée réveiller Selim, décidée à être une bonne nouvelle amie malgré tous ses nouveaux doutes. Elle est entrée dans sa chambre après avoir toqué, un bol rempli des céréales du brun, la bouteille de lait sous son aisselle et une pomme dans sa main gauche.

Elle reconnaît la silhouette enfouie sous la couette du brun, ses cheveux en bataille dépassant des draps.

— Faut se réveiller Selim ! annonce-t-elle après avoir déposé le petit-déj sur le bureau et ouvert les volets rien que pour faire passer les rayons de soleil.

La brune sourit lorsqu'elle entend les grognements du brun. Il n'est vraiment pas très glamour au réveil. Surtout quand il essaye d'hiberner un peu plus, en se cachant sous sa couette.

— Il est même pas dix heures, souffle-t-il.

— Hop hop hop, on se bouge, j'ai envie d'être productive aujourd'hui, informe-t-elle en étant très sérieuse.

Elle veut lire avec lui sur la plage ou faire du vélo avec Coline. Dans tous les cas, elle veut passer une bonne journée après sa matinée passée à bader.

Selim sort sa tête, lève les yeux au ciel en s'étirant. On dirait un vieux pépé grognon bizarrement.

— Tu veux pas plutôt te reposer ? Faire une grasse mat', profiter des vacances ?

— Je t'ai pris ton petit-déj, souligne Angèle en lui montrant le bol et la cuillère.

— Allez, dors un peu aussi, grommelle Selim en se rendormant.

Elle lui lance la pomme à la tronche. Le « Hé ! » qui suit la fait exploser de rire.

— T'as de la chance que je suis quelqu'un de gentil et paresseux le matin, parce que sinon j'aurais éclaté la pomme sur ton front, assure-t-il sereinement.

Angèle lui sourit, d'un air diabolique. Ce matin, dans sa chambre, elle a l'impression de n'avoir peur de rien le temps d'un petit instant, profitant de l'interaction nouvelle et naturelle qu'elle a avec lui.

— Tente pour voir.

Selim ne se lève toujours point, même après l'avoir défié, et c'est le moment parfait d'après Angèle pour s'allonger en plein milieu du lit. Elle aime forcer de temps en temps.

— Tu m'écrases, se plaint Selim.

— C'est le but. Je suis lourde.

Seulement, le brun fait exprès de pincer sa taille, la forçant à se décaler pour l'éviter, tout en lui retournant ainsi le ventre de nœuds douloureux. Le contact lui a fait mal et elle pleure intérieurement pour supporter la petite souffrance intense, physique et psychologique. Il va le payer.

Toutefois, lorsqu'elle s'apprête à l'étouffer pour de bon avec un oreiller, c'est ce moment précis qui fait basculer Angèle un poil trop dans la contemplation du brun. Leurs regards se bloquent, et elle observe ses cils, ses iris et son visage au matin. Elle éclate finalement de rire quand il essuie la bave qu'il a laissée en dormant.

— Roh, ça va, lâche Selim en rougissant.

Et Angèle avance sa main pour lui donner une pichenette au front et pincer sa joue. Elle se déteste à l'adorer ainsi. Mais ces vacances seraient moins belles sans lui.

Et ça ne lui fait pas peur de devenir son amie quand elle est avec lui, étrangement. 

FlûteWhere stories live. Discover now