Chapitre 17

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Je suis partie... Quelques semaines après cet épisode déplorable, j'ai fait mon sac, j'ai rassemblé toutes mes affaires, remercié Octavia et j’ai dis à Luna que tout était terminé. Elle n'avait pas le choix… Si elle m'aimait vraiment elle ne pouvait pas me retenir... Elle a beaucoup pleuré, et n'a pas compris ce départ soudain, du jour au lendemain. Lorsque j'ai démarré ma voiture, elle m'a hurlé « Clarke, je t'aime ! Ne l'oublies pas je t'en prie ! ». J'aurais voulu lui dire « Ne t'inquiètes pas va, dans deux semaines tu en aimeras une autre, j'étais qu'une phase, un passage. Tu ne m'oublieras pas, t'auras mon image en tête de temps en temps. Tu te souviendras de moi, juste parce que je suis pas mal, mais tu m'aimeras plus ». Parce que c'est ce qui va se passer. Bon, ça prendra peut-être plus de deux semaines, j'exagère, mais vous verrez que ça se terminera de cette façon... C'est toujours comme ça. Oh, vous le vivrez par vous-même un jour ! Et vous aussi, vous penserez à moi... Bref, je reprenais depuis le début, après tout j'avais tout perdu, quoi que… Je n'ai qu'un putain de bac, que voulez-vous que je fasse avec ça ? Je n'ai jamais rien fais d'autre, je n'ai même pas de mention et je n’ai plus eu la force de continuer mes études après l’avoir enfin acquis ! …  Le seul patron qui m'ait accepté est celui d'une station-service, sur une route perdue au milieu d'un désert miniature, pas loin de la mer. J'ai remué ciel et terre pour trouver un logement là-bas, finalement, j'ai un appartement une pièce à une demie heure de route de mon site perdu, dans une ville où les jeunes adultes et adolescents viennent passer l'été et sont intéressés que par les soirées, le sexe et l'alcool... Vous savez, ça fait un peu Américan Dream quand on y pense. Seule Octavia et Raven savent que je vis ici. Je pars loin de tout, bosser dans une station essence au soleil, et vivre dans une ville où il y a des prostitués et des boites de nuits tous les 2 mètres. Mon Dieu, quel cliché ! Ne me demandez pas pourquoi. Je crois simplement que j'avais besoin de tout recommencer. De tout oublier... Effacer Lexa, Costia, Niylah, Luna, me trouver un mec, qui ne me prendrait que pour le sexe, avec qui j'aurais cette foutue impression d'être bien, avec qui je m'abreuverai de mensonges pour me persuader que finalement, le sexe avec un homme n'est pas plus mal... Oui, je vais redevenir cette demoiselle affreusement banale, je vais retrouver mon masque de jolie  petite femme sexy allumeuse. Je vais être trop bonne, trop conne ! C'est le seul moyen que j'ai pour ne plus avoir mal... C'est vrai, que quand on est con, on a moins mal. Je ne dis pas qu'on a pas mal, on a moins mal. C'est tout, c'est comme ça. En fait, je pense que j'ai toujours été comme ça, c'est ça la vrai Clarke, celle qui ne se prend pas la tête, n'éprouve pas de sentiment, ou seulement du plaisir, et encore. Finalement, je n'ai jamais été lesbienne, oui, puisque je n'aime pas les femmes, j'aime une femme. Et à présent ce verbe tellement nul va être conjugué, malgré moi, au passé. Plus jamais ça, plus jamais de femmes, plus jamais de Lexa...

Bellamy. C'est le nom de ma nouvelle propriété à l'état d'une femme banale qui n'a rien pour se différencier des autres imbéciles de son espèce. Il a 26 ans, c’est un gars sans histoire. Sérieux dans son travail, fêtard qui ne se prend pas la tête bien que très prétentieux. Ça fait cinq longs mois que je suis exilée au pays des camionneurs à moustaches, des canettes de bière et des pompes à essence ? Cinq mois que lorsque je rentre dans mon pauvre appartement le soir, j'ai l'impression d'être un baril de diesel tellement je sens l’essence... Les journées sont toutes les mêmes ici, nettoyer des vieilles voitures déglinguées, remplis leurs réservoirs, foutre du canard WC dans les toilettes dégueulasses. Bien cette vie n'est-ce pas ? Oui, je sais, c'est moi qui l'ai voulue, je n'ai pas à me plaindre, c'est mal venu et déplacé même, mais bordel je me fais chier comme un putain de rat mort dans ma cambrousse ! De plus, ma Octavia et Raven me manque… Mes meilleures Amies de la vie ; Les lettres et les appels ne suffisent pas pour entretenir une relation, un amour tel que le nôtre, ce sentiment tellement fort… Leurs voix quelques heures tous les soirs, ce n'est pas assez pour combler ce vide. Vous savez, une partie de moi est restée là-bas, avec elles. Une bonne partie de mon cœur ne s'est pas détaché des mains de Octavia, Raven... Lexa ? Oui, j'y pense dès fois… Je me demande si elle va bien, si quelqu'un a pris le côté gauche de son lit, ma place… Enfin, mon ancienne place... Ça me fait bizarre de me dire que peut-être elle m'a oublié, qu'il n'y a plus de photos de nous accrochées sur les murs, sur les portes et dans les coins de ce grand miroir qui trône dans son salon ancien. Qu'il n'y a plus aucune trace de nos discutions dans son portable, dans son ordinateur. C'est étrange de penser qu'elle ne m'aime probablement plus... Non, ça ne fait pas mal, mais presque. En tout cas, actuellement je suis à l'écart du monde qui a été le mien pendant des années. Vous savez, j'ai l'impression d'être une prostituée qui aurait refait sa vie dans un couvent. Enfin bref, je vais mieux lorsque je suis loin de tout, c'est l'essentiel. Je ne me torture plus, c'est tout ce que je voulais... Bon, je disais donc, Bellamy. C'est mon « copain » du moment... Je dis du moment car depuis que je suis arrivée je suis sortie avec à peu près 20 hommes... Oui, je me lasse vite… ! Lui, il est arrivé dans sa belle voiture noire un après-midi, m'a demandé de la nettoyer et de faire le plein. Comme à chaque fois je me retiens de dire « Je ne suis pas ta boniche, tes parents t'ont fait des mains, débrouille toi sale con ! ». Mais, c'est mon travail « d'exécuter les ordres » alors je me dois de fermer ma bouche... Du moins pendant mes heures de boulot, si vous voyez ce que je veux dire. Ah oui, donc quand j'eus fini de me faire exploiter, il est sorti de la boutique, deux bières en main et m'en a tendu une avec un bout de papier grossièrement déchiré en me disant tout sourire « Je sais, nos regards viennent de se croiser, c'est fou mais voici mon numéro. Appelle-moi ». Le lendemain je le sonnais, et le soir ma vie sexuelle reprenait…

Je m'appelle Clarke Griffin, j'ai maintenant 26 ans et je suis l'une des gérantes d'une station-service légèrement coupée du monde... Je suis également fiancée à Bellamy. Je l'aime. Oui, ça va faire deux ans que je suis partie de chez moi pour devenir quelqu'un d'autre, enfin, pour redevenir moi-même je présume. Cette femme que j'étais et qui avait disparue à cause d'une demoiselle s'étant permise d'entrer dans ma vie, de raser ce que j'avais battis et de reconstruire un édifice branlant menaçant de s'effondrer tôt ou tard. Elle a recréé mon existence comme elle le souhaitait, comme si c'était un vulgaire jeu de rôle... Sous son emprise sentimentale, j'étais un Sims tout juste bon à satisfaire ses désirs... Voilà, pendant tout ce temps à nettoyer les WC de la station, j'ai réussi à me convaincre de ça. J'ai même réussi à oublier son odeur, et le son de sa voix ! En revanche, je n'ai pas oublié son image pour la simple et bonne raison que malgré tout, une photo de nous deux, la toute première que l'on ait prise, est cachée dans ma voiture à l'abri de Bellamy, qui ne sait rien de ce passé de lesbienne. Lexa Woods a été mon premier amour... Non pas ma première relation mais bien mon premier amour. Et ça, ça ne s'oublie pas, ou alors qu'en partie. Et j'en suis malheureusement bien consciente… Beaucoup d'entre vous doivent se demander si je suis à heureuse à présent. La réponse est la suivante, je me force à l'être. J'ai voulu cette vie, maintenant que je l'ai je n'ai pas le droit de m'en plaindre. Mais, vous savez, lorsque j'étais là-bas, je fermais les yeux pour que finalement rien ne me blesse, avec Luna je me suis infligée le pire dans l'espoir d'une vie meilleure... Au point où j'en étais, c'était partir ou ne plus respirer. Bien-sûr, mourir asphyxiée ne m'aurait pas dérangé, mais tout de même... Vous comprenez que finalement je n'avais pas tellement le choix ? Je le savais, je l'ai toujours su, celle que j'aimais c'était Lexa, et non Luna… ! Mais je ne pouvais pas retourner avec elle après ce que j'avais entendue. Oui, c'est ridicule d'agir comme ça, par fierté, car c'est ce que c'était ! De la putain de fierté ! Je ne pouvais pas me soumettre, accepter cette faiblesse, non, je ne voulais pas. Je devais montrer à Lexa que c'était moi qui avait les cartes en main ! Le problème, c'est que je n'ai jamais été foutu de gagner au Poker, et que tout ce que j'ai emporté lors de cette partie, c'est Bellamy... Un bel homme certes, mais un homme... C'était une erreur. Je me suis rendu compte qu'en claquant la porte de l'appartement en pleine nuit il y a quelques années, la roue a tourné. Le problème, c'est que maintenant cette conne ne revient pas... Je t’en supplie à mon tour… Sauve moi… Reviens mon Amour…

Waiting For The End - ClexaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant