Chapitre 9

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J'ai été courageuse. Je l'ai appelé... Mon cœur était au bord de la crise cardiaque, je veux dire, même s'il y avait eu un tueur en série devant moi, tronçonneuse rugissante en main, je n'aurais pas autant paniqué qu'au moment où la première sonnerie a retentit... A cet instant précis, j'aurais voulu jeter mon foutu phone contre le mur, j'aurais voulu le voir exploser sous la violence du choc, ne plus jamais entendre ce son horrible... Mais, avant que je ne puisse le balancer, je me suis mise à expirer l'air conserver trop longtemps dans mes poumons remplient de goudron que les cigarettes laissent sur leur passage, elle décrocha, et n'attendit pas que je parle pour prendre la parole... "Clarke, je pensais que tu m'enverrais encore une lettre. Ça a l'air d'être ton passe-temps en ce moment." Sa voix... Non, pas tellement sa voix, mais le ton sur lequel elle s'est adressée à moi... Différent de tout ce que j'avais entendue provenant d'elle, jamais elle ne l'avait employé pour me parler. Jamais... Méprisant, comme si elle m'était supérieure, comme si je n'étais qu'une putain de sous-merde, comme si elle avait tous les droits sur moi ! Pourtant, ce n'est pas moi qui suis revenue vers elle à genoux, ce n'est pas à elle de me mépriser mais bel et bien l'inverse ! Bordel ! Pourquoi cette façon de me répondre, alors qu'il y a quelques heures à peine elle paraissait si douce ? Pourquoi ce foutu changement ?! Non Clarke, ne t'énerves pas. Après m'avoir dit ça, elle a reprit « Je n'ai pas envie de te parler au téléphone. Viens à la gare, vers 23h... C'est tard, mais je ne peux pas avant ». Je pris ma respiration, pour ensuite lui dire que je ne viendrais pas, que je ne veux pas la voir, mais elle entendit mon souffle, et me coupa une dernière fois... « On n'a pas toujours le choix Clarke. Là, pour la centième fois, tu ne l'as pas ». Et elle raccrocha... Elle avait adoucit sa voix lors de cette phrase. Comme si elle prenait conscience de la personne à qui elle parlait. C'était étrange... Bon et bien, il ne me reste plus qu'à attendre l'heure prévue, dans le stress, probablement les larmes. Car cela fait un an que je ne l'ai pas vue de près, que je ne lui ai pas parlé en face, ni regardé dans les yeux. J'espère juste, que Costia ne sera pas là ce soir... Non, il ne faut pas qu'elle soit là, sinon je le sais, je partirais en courant, loin d'elle. Hmm, un message ? Niylah ? Merde, je l'avais totalement oublié...
Je ne dois rien lui dire... Rien. De toute façon on a pas dit qu'on se disait tout...

Elle était là. Je l'ai vue tout de suite, lorsque je suis arrivée... Sous la lumière du lampadaire, à la droite de l'entrée... Sa moto garée à côté d'elle. Elle n'avait pas changé, toujours sa veste en cuir, elle était toujours la même, si ce n'est que ses cheveux étaient légèrement plus court, ce qui ne la rendait pas plus laide, loin de là... Elle fumait. Probablement ses Winston, toujours la même marque. Notre marque... Elle n'aime pas le changement, puis celle-là sont nos préférées... !

Mon cœur a éclaté, j'ai voulu partir, courir, remonter dans ma voiture. Vite. Mais, je ne l'ai pas fait. Costia n'était pas là... Et tant mieux, je n'aurais pas supporté sa pauvre présence... Quand je suis arrivée, elle a levé la tête, elle a juste fait ça. Je crois l'avoir vue faire un sourire, mais je n'en suis pas certaine. Mes yeux se remplissaient déjà de larmes, pourtant elle n'avait pas ouvert la bouche, elle m'avait simplement regardé, elle m'avait transpercé avec son regard profond, froid, vert, qui ne laissait apparaître aucune émotion, rien qui pourrait me dire si elle était heureuse de me voir après tout ce temps, si elle était triste, rien... Elle s'est redressée, m'a proposé une cigarette... J'ai levé la main pour en saisir une dans son paquet, mon bras tremblait, mes doigts tremblaient, je n'ai pas pu attraper quoi que ce soit... Elle l'a vue, a juste rangé son paquet, et a commencé ce monologue, qui était tellement loin de tout ce que je me suis imaginée durant cette longue année, tellement... « Clarke, tu sais, on ne gratte pas une blessure immédiatement..., on attend qu'elle cicatrise. Et j'ai l'impression que quoi que tu fasses, la tienne n'arrive pas à cicatriser, à se refermer... Peut-être que je me trompe, après tout je ne suis pas psychologue. Mais, cette fois je pense avoir raison. Ne me regarde pas comme ça, personne ne m'a rien dit. Ni Octavia ni personne... C'est juste que moi aussi, ma « faille » ne se referme pas... Ou qu'en partie seulement. On ne guérit jamais d'une blessure, on apprend seulement à vivre avec... Je sais oui, c'est moi qui t'ai « abandonnée » comme tu dis, je n'ai pas à avoir mal... Et pourtant, si... Je culpabilise. Maintenant, je suppose que tu veux savoir pourquoi je t'ai fait tout cela. C'est simple, je ne croyais pas à tes "je t'aime". Tu avais l'air de les prononcer tellement facilement, c'était à vomir de haine... J'ai voulu te faire souffrir, t'apprendre à me mentir. Mais je vois aujourd'hui qu'en réalité tu ne me mentais pas. Et si j'ai attendu si longtemps pour revenir, dis-toi que c'est parce que je voulais être certaine de ce qu'est ta vérité. Maintenant, je sais ce que tu es Clarke, et tu n'es pas une courgette, non. Tu es vraiment une princesse, une reine oui, j'en suis persuadée... Tu es toujours là. Tu n'abandonnes jamais. Mais, tu es une majesté qui a gagné en savoir, en force, en courage, après tout cela tu n'avais que deux issues, deux échappatoires. T'efforcer d'avancer, ou prendre un revolver, mettre le canon dans ta bouche et presser la détente... Je ne dis pas que tu n'en as pas eu envie. Peut-être que si... Mais je vois qu'à présent tu as choisis d'avancer. Difficilement, puisque tu es là ce soir, ce qui me prouve que malgré tout tu tiens encore à moi, mais tout de même. J'ai choisis de te faire souffrir pour te punir et à la fois te tester. Car je refuse de m'engager dans quelque chose de sérieux si la personne en face de moi n'est pas prête, ou me voit comme un distributeur d'orgasme gratuit... Et, toi, tu as su me montrer, involontairement je te l'accorde, que tu es prête à aller loin, en tenant ma main. Alors dis-moi Clarke, si là tout de suite, je te dis qu'avec Costia c'est terminé, qu'elle n'est jamais parvenue à te remplacer, que c'est à toi que je pensais lorsque j'étais avec, je t'ai toujours aimé... Car bien plus que tout, lorsque nous étions ensemble j'étais sincère pour la première fois..., que ferais-tu ? ».

Je n'ai pas pu retenir mes larmes plus longtemps, c'était bien trop difficile. J'ai sentis le sol se dérober sous mes pieds, comme si mon âme m'avait retrouvé, j'ai ressentie tellement de chose d'un coup que je ne pourrais vous les expliquer, vous les analyser, pas maintenant. Lorsqu'elle a vu que je pleurais, je pensais qu'elle n'allait rien faire, qu'elle allait simplement attendre une réponse de ma part. Mais non, encore une fois, ce n'était pas assez... Tragique pour elle. Elle a saisie mon visage entre ses mains, j'ai frissonné, oui, un putain de frisson a parcourus tout mon corps, et, sans que je ne comprenne ce qu'il m'arrivait, elle a posé ses lèvres sur les miennes. Le temps s'est arrêté, le monde a cessé de tourner, je revivais. Cette vie que Niylah n'avait pas su me rendre malgré tous ses efforts, Lexa me la redonné en un baisé, un seul. Je ne sais pas combien de temps cela a duré, je ne sais plus... C'était une explosion en moi, tout explosait, mon cœur, ma pauvre cervelle, mes organes, mes cellules, mes veines, tout, j'explosais... ! Cette fois, je l'ai ressenti de tout mon être, je l'ai sentie me traverser encore et encore, se propager dans les plus petits recoins de mon être, le BONHEUR...

Waiting For The End - ClexaWhere stories live. Discover now