Chapitre 15

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Je suis devenue une salope, c'est définitif. Pourquoi ? Car la lettre de Lexa qui aurait dû me plonger dans un état proche du suicide n'a fait qu’activer ma curiosité sur Luna... La soeur de Costia ? Elle s'était bien gardée de me le dire ! Luna est réellement magnifique vous savez ? Mais totalement différente de Lexa en tout point de vue, certes, mais magnifique... Lexa et moi avons au moins un goût commun. Je me fais la grande, et elle la petite. Ne soyez pas étonnés de ma réaction, j’essaie tout bien que mal de m’habituer à mon nouveau masque, vous savez aussi bien que moi que les hommes sont les êtres aux 1000 visages... C'est un peu le même principe que pour les cheveux des Playmobil, quand on y pense. Bref, Lexa ne me manque pas... En fait, je ne pense à elle que rarement. Moi, je ne ferais plus demi-tour, tant pis si elle n'est pas foutue de le faire, je ne vais pas aller lui prendre la main et la faire avancer. La seule chose que j'accepte de faire pour elle, c'est lui fournir un flingue au cas où elle souhaite se tirer une balle. C'est ignoble ce que je dis… Je n'ai pas voulu redevenir un légume, alors faute d'être une courgette je suis une femme sans cœur.

Ce soir, chez Luna, il y avait une soirée. Rien d'exceptionnel me direz-vous. Comme à mon habitude, j'ai bu une vodka, deux vodkas, trois vodkas, j'étais prête, j'étais bien, ni trop pompette ni trop sobre, le parfait milieu, celui qu'on a du mal à atteindre et que l'on perd rapidement… Etant experte, je peux vous assurer que cette phase-là, on ne la trouve pas à chaque fois. Et cet état magnifique, j'aurais été en mesure de le garder. Oui, j'aurais pu ! Mais non. Pas que je ne voulais pas, juste que j'en ai été incapable. Je ne suis pas une ivrogne, non, je ne suis pas non plus une droguée, loin de là, juste que… Lorsque je dansais très sensuellement avec Luna, et que la température était à son maximum, j'ai vue Lexa... Lexa, assise seule au mini bar. Lexa, noyant ses larmes de douleurs dans un verre de Jack Daniel's. Lexa, crevant comme une chienne à la vue des pelles que ma chère et tendre me roulait sans retenue tellement elle avait abusé des poisons présents, tellement elle se foutait de tout, tellement… Lexa pleurait en public ! Ne s'amusait pas, ne dansait pas, ne chantait pas, ne draguait pas ! Lexa était là et me fixait, se laissant aller, emportée dans cette peine qui la bouffait... Oh, je n'avais qu'une envie, c'était de suivre mon foutu coeur, de pousser Luna et sa langue, de la détacher de moi et de courir vers Lexa..., la prendre dans mes bras, m'excuser, tout recommencer, l'embrasser, boire son Jack Daniel's, l'emmener dans les toilettes ou la salle de bain, ou n'importe où et ... Hmm, désolée, je m'emporte... Bien-sûr, tout cela je ne l'ai pas fait, non. J'ai fait mieux ! Incapable de choisir, je me suis droguée comme jamais, je me suis défoncée au point de ne plus rien entendre, de ne plus rien voir, de m'effondrer comme une merde en plein milieu du salon plein à craquer... Jamais, je n'avais ressentis ça. Oui, des pétards j'en ai déjà fumé, des médicaments, j'en ai déjà ingéré, des injections j'en ai déjà fait, seulement, des champignons magiques, c'était la première fois... Vous savez, ceux que vous devez faire infuser dans du thé. Normalement, deux trois gorgées sont suffisantes. Ce n'était pas assez pour m'évader, me sortir de ce corps, de cette tête pas fichue de choisir, de savoir quoi faire. Je devais évacuer, m'évacuer avant d'exploser sous la pression que ces deux femmes exerçaient sur moi sans le savoir... J'ai fini la bouteille. Les effets se sont fait ressentir tout de suite, illusions, déboussolée, sons étouffés, lointains, vue brouillée, obscurcie par de la fumé blanche et opaque, puis choc. La violence du sol percutant ma tête, la chaleur du sang qui s'en échappait. Plus rien. Plus un bruit, un rassemblement... Je les sentais ces gens, tous autour de moi, je ne les voyais pas mais je savais qu'ils étaient là... Quelqu'un m'a secoué. Octavia, j'aurais reconnu sa voix même dans le coma. Puis Luna. Je me suis perdue pour de bon dans mon inconscient. Alors c'est ça qu'elle ressentait Amy Winehouse ? Bordel, c'était bon ! Je volais je ne sais où, probablement en moi-même, parmi les organes fonctionnant au ralenti, j'étais déconnectée, partie dans un sombre mono-délire. Peu m'importait qui était là, ou ce qu'il était en train de se passer, moi je n'y étais plus, moi j'avais tout oublié, moi je n'existais plus, je n'avais jamais existé, je n'existerais plus jamais... Je ne ressentais plus aucunes douleurs. Je voulais rester comme ça pour toujours, ne jamais évacuer ce qui me tuait petit à petit, ce qui me détruisait tendrement. Oh mon Dieu, c'était le paradis ! Le seul petit problème voyez-vous, c'est que certes, l'entrée de cet endroit magique était gratuite, mais, la sortie en revanche ne l'était pas. C'est une punition... Une punition cruelle mais juste, pour les vivants qui ont enfreint la règle en visitant l'extase, l'endroit où seuls les morts peuvent traverser. Les morts peuvent partager ! Ils n'ont plus de problèmes eux, ils ne ressentent plus rien ! Ni amour ni douleur ni haine ! Merde, ce pays magnifique devrait être réservé à ceux qui respire, oui, on devrait inverser. Je donne ma vie aux morts...

Waiting For The End - ClexaWhere stories live. Discover now