Chapitre 10

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Lettre n°24

« Tout me manque, aimer me manque, ressentir me manque, souffrir, pleurer, crier, exulter. Tout me manque, sauf toi. Tu ne me manques plus depuis six mois car tu n'existes plus depuis ce temps-là.

Je suis seule maintenant, je ne parle à personne car je n'en ai pas l'envie, ni le besoin. La solitude me plait, coucher me plait, me shooter à la Vodka et toutes les autres choses qui ne nécessite qu'un code moral douteux. J'essaie tout. Je suis complètement vide, absorbée par le néant. Alors j'essaie de récupérer mon essence. Je me suis demandée pourquoi j'étais devenue comme ça. J'ai d'abord pensé qu'avec le temps ça passerait mais rien. Nada. J'expérimente. Tu n'approuverais pas, mais je n'ai pas le choix, j'essaie de m'en sortir. Aucune nouvelle de lui, d'eux, ni de toi. Evidemment pas de toi. C'est le concept de la mort. La relation devient unilatérale. Le monde s'est écroulé et je me retrouve au bord du gouffre. Pourtant que je sois au bord du gouffre ou dans le fond, aujourd'hui je n'en ai plus rien à foutre. Aucune obligation, aucune conscience.

J'espère que toi tu t'amuses bien, parce que pour moi c'est un peu la merde mais tu t'en fous. Je ne suis même pas en colère contre toi. Je me suis tatouée, j'ai enfin décidé de franchir le pas mais rien, aucune douleur. J'ai fait du saut à l'élastique, un plan à trois, bouffé quatre pizzas, pris de l'ecstasy, écouté en boucles des chansons tristes, regardé les épisodes de ta série préférée, récupéré de vieilles photos de familles mais rien ! Je ne ressens rien ! Je n'ai que mes souvenirs pour me prouver que tout cela a bel et bien existé, que tu as existé. Juste des souvenirs qui me répètent en boucle que la vie n'a rien à voir avec ce que je vis maintenant.

Au moins je ne suis pas assez stupide pour tout plaquer. Je n'ai pas lâché la fac, ni mon job à la librairie. J'ai juste chassé tous les gens autour de moi. Un vrai monstre la frangine !

J'ai lu mon dernier texte en cours de poésie, je l'avais écrit avant l'enterrement, avant que tout s'en aille. Je n'arrive plus à écrire depuis que tu es partie. Toi, ma source d'inspiration dans ce monde de brute. Je suis dans le néant.

Rappelle-moi que je suis encore en vie et que c'est toi qui est morte parce que pour l'instant, j'ai vraiment l'impression que c'est le contraire petite sœur.


Mon dernier espoir meurt au moment où l'aube pointe. 


La noirceur m'envahit tel un gouffre sans fond et mon cœur disparait au fil des secondes.

Comme ce lien qui se rompt sonne le glas de mon monde.

L'heure de ma douleur qui se meurt alors qu'être ta sœur n'a plus de valeurs

Que ce cœur est pilleur.

Me voilà t'aimer alors qu'on t'a dérobée. Ici libérée de ma destinée.

Je compte les battements de mon cœur qui effilent les minutes.

Le temps de mes sentiments se rapproche de la chute.

Les armes sont maintenant à tes pieds froids, ce que la vie signifiait pour moi.

Je cesse de me battre et laisse les ténèbres m'envahir.

J'aimerais imiter la destruction de Cléopâtre mais je choisis de t'obéir.

Alors me voilà à attendre de pouvoir enfin souffrir.

Le temps passe et tout se ressemble maintenant.

Je ne peux faire semblant alors que je m'enfonce dans le néant.

Mon dernier espoir est mort au moment où l'aube pointe.

Mon dernier espoir est mort lors du dernier souffle de la défunte.


Ton éternelle Gabby ».

Always with youWhere stories live. Discover now