Witch Hunter - Tome 1 (en réécriture)

1.~

Jamais de ma vie je ne m'étais sentie aussi impuissante, jamais. Chaque mot qu'avait prononcé cette femme résonnait avec violence dans mon esprit. Chacun de ses soupçons me faisait douter de moi. Chaque parole me faisait penser à mes parents, à leur mort et au petit frère que je n'aurais jamais. Je déambulais à travers les couloirs du poste de police, dans l'espoir de trouver la sortie. J'avais l'impressions de suffoquer. Quelques minutes plus tard, j'atteignais enfin la sortie, je respirais déjà mieux. Le ciel était sombre, comme si un violent orage se préparait. J'espérais seulement que la mère de Lévanah viendrait me chercher avant que la pluie ne se mette à tomber. Mme. Williams était la mère de ma meilleure amie et ma tutrice provisoire, le temps que les services sociaux me trouvent une famille d'accueil permanente. Je fixais mes bandages. En dessous de ceux ci, j'avais apparemment des marques, que je porterais certainement toute ma vie. Mes souvenirs du drame de dimanche étaient encore très vague dans mon esprit. La psychologue qui était venue me voir, m'avait expliqué qu'ils reviendraient progressivement. Au fond, je n'étais pas sûre de vouloir me souvenir de cette nuit là. J'avais juste envie de tout oublier.

Assise sur les escaliers à l'extérieur du poste de police, cela faisait bientôt une heure que j'attendais que Mme. Williams vienne me chercher. J'avais essayé de la joindre, mais à chaque fois je tombais sur la messagerie. Même Lévanah était injoignable. Je soupirais exaspérée de devoir attendre. De base, j'étais quelqu'un de très patient mais rester ici m'étais insupportable. Un homme grand et brun s'approcha de moi, ses yeux étaient similaires à ceux de la policière qui m'avait interrogée. D'instinct je me méfiais, il ne m'inspirait pas confiance.

- Roxane Howard, c'est ça? demanda-t-il.

Je fis un léger signe de tête en guise d'affirmation, sans le regarder.

- Je suis Hévrad Mccurdy, inspecteur au département des homicides.

Je restais murée dans mon silence. Je ne comprenais pas pourquoi il me racontait sa vie, d'où est-ce qu'il sortait?

- Je te cherchais à vrai dire. Je voulais m'excuser pour le comportement de ma sœur, dit-il d'une voix empreinte de sincérité.
- Ce n'est pas grave, je répondis toujours sans le regarder.
- Personne n'est venu te chercher?
- Ma tutrice est injoignable.
- Je peux te déposer, proposa Hévrad.

Je ne pouvais pas vraiment me permettre de refuser cette proposition. Je ne savais pas quand allait arriver Mme. Williams et je n'étais vraiment pas à l'aise ici. Je fis de nouveau un léger signe de tête vers l'inspecteur Hévrad et je le suivit vers une voiture de police. Je lui donnais l'adresse et quelques instants plus tard, nous étions en route. Je regardais le paysage à travers la vitre et posais délicatement mon front sur celle-ci. Le ciel était à présent noir et menaçant, il n'y avait plus aucun doute, un orage se préparait. Subitement, il se mit à pleuvoir, doucement. Je regardais les gouttes s'écraser avec violence sur la vitre, plus je les regardais, plus je sentais que mes paupières s'alourdissaient. Quelques instants plus tard, je tombais dans un sommeil superficiel.

J'avais toujours eu le sommeil léger, le moindre bruit, le moindre toucher suffisait à me réveiller. C'est pour ça que lorsque je sentis la voiture accélérer anormalement, j'ouvris instinctivement les yeux. L'inspecteur Hévrad était comme en trans, ses doits étaient crispés sur le volant et ses yeux, dénudés d'émotions, fixaient la route. Je l'appelais, le bousculais et le secouais, mais il ne me prêtait pas la moindre attention. L'inspecteur continuait à rouler comme un dément. La seule chose qui me soulageait était le fait que la route était quasiment déserte, sinon dans un autre contexte, on serait déjà morts. Il fallait trouver une issue mais je n'avais pas la moindre idée. J'essayais de me calmer et de ne pas laisser la panique me gagner, mais c'était difficile en voyant que la voiture allait de plus en plus vite. Un bruit de claxon me fit sortir de mes pensées et quand je relevais la tête, j'eus juste le temps de voir un énorme camion nous percuter. Ma tête cogna le pare-brise une multitude de fois et j'avais l'impression de vivre la scène au ralenti. J'avais comme l'impression de voler pendant que la voiture faisait une multitude de tonneaux. Quand elle s'immobilisa, la douleur provenant de mon crâne traversa tout mon corps. La panique me gagna quand je sentis du sang couler le long de mon visage ainsi que l'affreux goût métallique du sang remplir ma bouche. Je ne savais pas quoi faire. J'essayais de me libérer, mais l'une de mes jambes était coincée quelque part et j'arrivais à peine à la remuer. Sous le coup du désespoir, je me mis à hurler à pleins poumons mais personne ne semblait à proximité. Avec beaucoup de difficultés, je tournais la tête vers L'inspecteur qui était inconscient, le visage en sang. Mon mal de tête empirait et je me sentais doucement sombrer dans l'inconscience. Quelques instants avant de fermer les yeux, j'entendais des bruits de pas et avec ce qui me restait de force, je murmurais un faible « aidez-moi ».