Destinée

79 16 19
                                    

Le lendemain, la brune eut exactement la même crise. 

Alya décida que l'heure était grave, Luminia crachait plus de sang que la veille et s'affaiblissait à vue d'oeil. En plus, son odeur changeait, ce n'était plus celle de la forêt mais celle de la pourriture... Insupportable. Le loup savait parfaitement ce qu'il était en train de se passer : ayant trop puisé dans ces capacités, la magie tentait de la dévorer pour la soumettre à sa propre volonté.

Il fallait l'emmener de toute urgence dans un village d'hommes herboristes pour qu'elle se fasse soigner. Ce mal se développait à toute vitesse et attaquait ses muscles en premier, il lui restait cinq jours tout au plus avant qu'elle ne devienne un pantin.

Il était possible de combattre ce mal par soi-même grâce à un mental de fer, ne pas plier face à la tentation et au pouvoir était très difficile. Le bout des cheveux de Lumy était blanc et Alya eut la confirmation qu'elle perdait cette lutte. 

- Mère... Père... Je suis désolé...

L'esprit baissa ses oreilles puis il toucha la joue de la brune avec son museau. Elle était fiévreuse et délirait sûrement. N'ayant pas d'autres choix, il ouvrit la gueule et mordit d'un coup la main gauche de Luminia qui cria et courba son corps à cause de la douleur. Cette souffrance mit fin à ces mirages et en tournant son visage vers son loup, elle comprit son geste. 

- J'aurais dû t'écouter... Et ne pas faire appel à ta puissance Alya... Ou du moins, rester prudente mais j'étais comme absente. Je me voyais combattre, coincée dans une partie de mon esprit... J'étais incapable de faire le moindre geste... 

Elle regrettait de s'être fait dépasser par les événements pourtant, avoir des remords ne l'aiderait pas à s'en sortir. Elle avait besoin de quitter cette grotte. Lumy se redressa alors à son rythme, prenant soin de ne pas se précipiter et Alya s'assit dos à elle, attendant patiemment qu'elle se décide à grimper sur son large dos. 

La jeune femme passa d'abord un bras puis une jambe à la fois, elle avait l'impression de peser une tonne. Le fait d'être restée immobile, protégée par ce cocon pendant des jours avait entraîner une fatigue musculaire conséquente. Quand elle fut bien installée, le loup se redressa doucement puis grogna en direction du reste de la meute, leur ordonnant de rester ici et il se mit en route.

Le museau levé en direction du ciel, il humait l'air assez souvent à la recherche d'un guérisseur. Ils avaient généralement une odeur particulière, celle d'une fleur. C'était une senteur si forte qu'Alya savait parfaitement la repérer, seuls les botanistes confirmés la cueillaient.

Le Liseron était un spécimen rare dont les pétales variaient selon les régions tantôt longues, tantôt rouges mais sa base étaient toujours blanche. Elle était très appréciée dans le domaine médicinale, autant pour sa beauté que pour ses nombreuses vertus curatives contre différents poisons et maladie du cœur.

La terre vibrait à cause de sa course folle, obligeant Lumina à serrer la fourrure de toutes ses forces pour ne pas tomber tant Alya allait vite. Le vent frappait son visage mais elle n'y fit pas attention trop concentrée sur sa tâche, elle mettait toute la force qu'il lui restait dans cette action. 

Heureusement, ils arrivèrent aux abords d'un village.

Alya renifla doucement le sol tout en prenant soin de se dissimuler à la vue d'éventuelles personnes. Il était un peu déboussolé car plusieurs odeurs se mélangeaient et brouillaient ainsi sa piste, l'esprit se cachait derrière les maisons et continuait de chercher le guérisseur du village.

Une quinte de toux prit soudainement la pauvre Luminia qui mit aussi rapidement qu'elle le pouvait sa main devant ses lèvres entrouvertes mais le sang passa outre ses doigts fins, se rependant ainsi sur la fourure Alya.

Celui-ci se hâta et ses pas le conduisirent jusqu'à une petite maison isolée.

La porte s'ouvrit dans un énorme fracas faisant sursauter les personnes qui se trouvaient à l'intérieur. Le garçon attrapa son épée et cacha la petite derrière lui. Ses yeux détaillèrent d'abord l'animal avant de se poser sur le corps qu'il portait : la jeune fille était aussi blanche d'un cadavre. 

L'esprit n'eut d'autres choix que de baisser ses oreilles et de se coucher pour montrer à ces humains qu'il ne leur voulait aucun mal. Cela eut l'effet estompé car le garçon baissa son arme doucement et la plus jeune des deux désigna le canapé au loup d'un mouvement de tête. Alya se redressa lentement et avec l'aide de cette petite, il y installa Luminia qui respirait difficilement. 

Elyas dévisagea la jeune femme avant de soupirer. Aider la veuve et l'orpheline c'était déjà beaucoup pour lui, il ne voulait pas être mêlé à un autre sauvetage... Quelle plaie ! Et qui était cette fille pour se balader avec des loups ?

Il avait tout vu !

Leonore fixa un long moment la brune la trouvant assez faible, elle attrapa son poignet et remarqua ses veines violettes. Cela fit réagir Elyas qui fronça les sourcils. 

Ils subissaient le même mal. 

- O...Où suis-je ? Souffla Lumy.

- Ne parlez pas mademoiselle, vous allez vous fatiguer inutilement, déclara Leonore gentiment, Elyas tu peux rester près d'elle s'il te plaît ? Je pense que j'ai un remède.

Le garçon ne dit rien et avança de quelques pas. 

La jeune fille s'éloigna de la malade et commença à lire les œuvres de son père qui avait été guérisseur et botaniste. Chaque livre était une part de lui et contenait toutes les recherches qu'il avait pu mener donc la réponse était forcément écrite quelque part.

Luminia ne savait pas exactement où elle était, elle peinait à rester éveillée à cause de la douleur. Les yeux vitreux, elle pencha la tête en direction des deux inconnus et elle vit le jeune homme, debout face à elle.

Lorsque leurs regards se croisèrent, les veines de ses yeux se gorgèrent de magie et elle hurla de douleur, gesticulant dans tous les sens. Elyas, lui, se sentit sombrer dans un gouffre sans fin, seul et emplit d'une noirceur différente de la sienne. Il avait l'impression de pénétrer à l'intérieur de toutes les pensées de la brune et constata que le cœur de l'archère était aussi vide que le sien. Les battements de son cœur fade retentissaient au creux de son oreille.

 Ils leur manquaient quelque chose d'essentiel, cette flamme humaine. La jeune femme tendit ses doigts fins vers le guerrier.

- Elyas... !

- Luminia... ?!

Ils prononcèrent en même temps ce prénom, appartenant à une personne dont ils ignoraient tout.  

Un destin entremêlé (réécriture)Where stories live. Discover now