Repos

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  Elyas sentait le vent sur sa peau, l'odeur agréable de la flore environnante. Il s'y sentait bien. Le jeune homme s'agenouilla et caressa du bout des doigts l'herbe verte avant de l'arracher pour confirmer qu'il ne rêvait pas. Il eut un sourire en coin avant de se redresser vivement. 

Traverser le portail avait comme aspiré son énergie. Même s'il ne le sentait encore que peu, il n'avait plus de ressources magiques dans le corps. Découvrir l'énigme était une chose, mais pour pouvoir traverser le portail qui était une source de magie très pure, il fallait soi-même en posséder une grande partie. 

Sans quoi, le portail désintégrerait immédiatement le voyageur. 

Heureusement, chacun dans le monde d'Ecorsia en tout cas, possédait un noyau magique dans le corps. Parfois, le noyau ne s'ouvrait jamais et cela qui privait alors la personne de magie.

Donc son double lui avait prêté son pouvoir.

Moi aussi, je veux rentrer tu crois quoi ? Par contre, tu es dans un sale état.

Elyas observa les veines de son poignet d'un violet intense, qui se dissipa petit à petit. Et c'est à ce moment-là, qu'Elyas tomba presque à terre. Il se sentait si fatigué comme s'il venait de courir des kilomètres ou de se battre plusieurs heures. Sa respiration peinait à le maintenir éveiller.

Le jeune homme s'aida des arbres pour avancer au cœur de la forêt, la nuit arrivant à grand pas et le hurlement des loups ne le rassurait pas. Il leva la tête vers la cime des arbres... Non, c'était beaucoup trop haut pour lui, en plus, rien ne lui garantissait qu'il arrive à grimper jusque-là. Elyas décida alors de trouver un tronc d'arbre creux pour pouvoir s'y réfugier et survivre aux animaux nocturnes.

Il en tapota plusieurs jusqu'à trouver le bon, il recula prenant ainsi son élan et frappa l'écorce fragile avec une pierre épaisse pour déloger une entrée. Ensuite, le guerrier se pencha en avant afin de rassembler les brindilles éparpillées un peu partout dans le but de faire un feu.

Bonne idée ça ! Manque plus que la viande saignante sur une broche !

Elyas réussis à démarrer le semblant d'un feu avant de s'adosser au fond de l'arbre, se recroquevillant sur lui-même et il ferma les yeux. La faible lueur des flammes suffisait à le réchauffer entièrement et à l'éclairer suffisamment pour éloigner les créatures. 

Pour la première fois depuis des jours, il se sentait en sécurité, dans son monde. 

Le lendemain soir, Elyas était en pleine forme et prêt à retrouver le chemin de sa maison. Sa gorge pâteuse à cause de la malnutrition et du manque d'eau le rappela à l'ordre. Il saisit alors la gourde qu'il avait prise au village d'Histos et bue ce qui lui restait d'une seule traite. Il ingérait le liquide incolore dans sa gorge avec un réel plaisir et à présent vide, il devait se ressourcer quelque part. 

Ce n'étaient pas les étangs qui manquaient à Ecorsia, il ne restait qu'à mettre la main dessus. Elyas pensa immédiatement à faire appel à son familier, celui-ci étant très grincheux et exigeant, le jeune homme ne pouvait faire l'invoquer que dans ce monde. 
De l'index, il traça des signes dans la terre. 

- Ancien esprit de la terre, âme de toutes choses, je t'invoque ici même. Apparais et obéis-moi, moi le descendant de la famille des Tryms.

Soudain, le ciel devint noir puis un étrange lièvre au pelage blanc et marron, aux petites oreilles apparu devant le guerrier. Il se redressa sur ses pattes pour le fixer de son regard impassible. Elyas grimaça, l'animal n'avait pas l'air de bonne humeur, ça promettait... 

Ses yeux étaient ronds, aussi verts que celui d'Elyas et il arborait un collier reprenant le symbole de la famille de ce dernier. Il l'observa un instant avant de détailler dans la forêt, ayant accès aux pensées de son maître, il n'avait pas besoin d'attendre ses ordres et savait parfaitement quoi chercher. Grâce à son odorat développé, il pouvait retrouver la trace de n'importe quoi. 

Elyas se leva par la suite, se dépoussiéra et suivit le chemin étincelant laissé par le lièvre. 

Au bout de quelques minutes, il atteignit une petite clairière, celle-ci était éclairée par la lumière de la lune. L'herbe était encore basse, des fleurs poussaient par-ci et par-là et surtout les animaux étaient en paix. 

Elyas s'approcha alors doucement du rebord avant d'être arrêté par le lièvre qui se posta devant lui, patte tendue et tête penchée.

- Écoute pour l'instant, je n'ai rien sur moi. Je te paierais le double la prochaine fois, tu as ma parole.

L'esprit le jugea un instant avant de taper trois fois de la patte. Un tourbillon noir apparut et il sauta dedans, rejoignant le monde des familiers sans demander son reste. Après tout, un humain ne pouvait pas mentir à son esprit.

Le guerrier maintenant seul et guettant le moindre mouvement, s'approcha de l'étang prudemment pour y remplir sa gourde. Il se surprit un instant, à trouver cet endroit agréable. Depuis qu'il s'était réveillé prisonnier, il n'avait plus eu l'impression de profiter de la vie, de la liberté et cela lui faisait un bien fou d'avoir un break. 

Il finit par refermer sa gourde et au moment de la remettre à sa ceinture, il plissa le nez. Une odeur de sueur et de mort titillait ses narines. 

- Je devrais en profiter pour me laver...

Merci de rendre ce service à nos futures rencontres...

Et il se déshabilla afin de rentrer entièrement dans l'eau froide. On pouvait voir que sa peau était marquée par des taches violacées ou des vieilles cicatrices qui témoignent de ses excès de violence. Malgré ses blessures récentes, son visage resta impassible lorsqu'il laissa l'étang l'engloutir. Ses cheveux lui collaient à la peau, son visage était légèrement relevé vers le ciel, ses paupières closes. 

Sans le vouloir, une aura combative émanait de lui, pour prévenir les éventuels assaillants.

L'eau autour de lui se mit soudainement à s'agiter, à devenir beaucoup plus clair comme si elle était éclairée par une lumière vive. Les Crystols, des insectes avec de larges ailes et qui peuvent s'illuminer de tout leur être d'un joli bleu ciel, se posèrent sur le corps du guerrier, à l'endroit de ses blessures. Le jeune homme ouvrit les yeux un instant avant de comprendre pourquoi Illua, l'esprit qu'il avait invoqué l'avait conduis ici.

Phénicy... L'étang de guérison. Qui pouvait soigner n'importe quelle blessure parait-il même les plus mortelles, si on en était digne. Il n'était jamais deux fois au même endroit.

Les Crystols finirent leurs œuvres puis s'envolèrent pour disparaître Elyas se redressa et observa ses bras qui ne portaient plus aucune trace. Il se sentait revigoré. Soudain, il entendit un rire, un rire franc et cristallin. Sans plus attendre, il invoqua Atrya pendant que de petites vagues se formèrent autour de lui.

- Qui est là ? Demanda-t-il d'une voix froide.

- Hihi, je suis désolé de t'avoir effrayé, répondit une petite voix fluette.

Oh, tu vas la laisser te parler sur son ton ? Hihihihi.

- Je ne suis pas effrayé, pour qui me prends-tu ? Et montre-toi. Déclara-t-il d'un ton légèrement agacé.

Un courant d'air l'obligea à fermer les yeux puis l'instant d'après une jeune fille était debout devant lui, marchant à la surface de l'eau. Elle était pâle et vêtue d'une petite robe aigue-marine, parsemée de paillettes couleur mithril. Ses cheveux étaient mi-longs et tout aussi blanc que son teint, ses yeux noirs et profonds perçaient n'importe quelle âme. Elle devait avoir la quinzaine, son visage était encore enfantin pour Elyas mais elle possédait déjà quelques formes.

En plissant les yeux, il remarqua qu'un étrange symbole était dessiné depuis son œil droit jusqu'à sa joue : c'étaient des écritures illisibles et il ne saurait dire dans quelle langue elles ont été écrites. 

Aucun des deux ne bougeait et essayait de comprendre l'autre. Lorsque la réalité la frappa, elle cligna rapidement des paupières, prit une couleur écarlate et détourna le visage légèrement. Cependant, elle ne put retenir un rire gêné.

- Pourquoi ne t'habillerais-tu pas ? Le taquina-t-elle.

Il la dévisagea plusieurs minutes sans abaisser son arme. Il n'aimait pas qu'on ne réponde pas à ses questions et cette fille avait ri de lui deux fois déjà. Il ne savait pas ce qui le retenait de lui couper sa magnifique petite gorge pâle. 

Sûrement, était-il curieux de savoir pourquoi il n'avait pas senti sa présence. 

Un destin entremêlé (réécriture)Where stories live. Discover now