Leonore

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La petite à l'entente du prénom de sa mère releva la tête et l'interrogea du regard. Elle ouvrit la bouche, mais la referma la seconde d'après, indécise. Que faire ? Elle sentait les regards des habitants sur eux, ils espionnaient à travers leur fenêtre et cela la rendait mal à l'aise. La jeune fille n'aimait pas être au centre de l'attention et encore moins être vue comme un monstre. 

Elyas l'observait impassible. 

Oula t'aurais pas dû lui dire comme ça... Elle va tourner de l'œil c'est sûr. 

Plusieurs questions se bousculaient dans la tête de Leonore : comment connaissait-il sa mère puisque cela faisait deux longues années qu'elle lui avait été enlevée ? Pourquoi agissait-il de manière si familière avec elle ? Ne savait-il pas qu'il risquait beaucoup à être avec la fille de la sorcière du village ? 

Pourtant, elle ne savait pourquoi mais elle se sentait bien en ce moment.  C'était donc ça d'avoir un échange plutôt amical ?

Leonore sortit enfin de ses pensées et acquiesça doucement pour répondre à la question de ce jeune inconnu puis, elle serra ses petits poings avant de déclarer :

-Qui... Qui êtes-vous ? Pourquoi me parlez-vous ? Vous ne savez donc pas que je suis dangereuse ? Dit-elle d'une voix pleine d'amertume.

Elyas se redressa et détendit ses épaules avant de jeter un regard noir vers les maisonnettes, forçant les habitants à rentrer. En effet, les villageois qui étaient curieux, ouvraient grand leurs oreilles afin d'entendre leur conversation. De quoi parlaient-ils ? Quel était leur lien ? Cela était définitivement étrange ! 

Et s'ils complotaient contre Sa Majesté ? Peut-être en les dénonçant, le village connaîtrait à nouveau la prospérité ? Des murmures méfiants puis des ricanements méchants résonnèrent. 

- Ils m'énervent eux. Tsss... Pas le choix. Soupira le guerrier.

Il se pencha en avant et agrippa le corps de la fille, la soulevant aisément puis il la poser sur son épaule comme un sac. La rousse lâcha un cri de surprise avant de gigoter pour se débattre.  

Elle avait si peur, ses yeux s'humidifiaient de plus en plus. Allait-il la battre parce qu'elle s'était adressée à lui en le regardant dans les yeux ? Ou pire, la vendre à une contrée lointaine comme une poignée de larcins ?

Leonore pensa qu'il serait bien bête de faire ça car elle ne valait pas grand chose, les villageois l'avaient tellement affaiblie et détruite mentalement qu'elle ignorait comment elle avait pu survivre toutes ces années. 

La seule raison pour laquelle elle s'obstinait à rester avec ces monstres sans une once de compassion, c'était parce qu'elle attendait le retour de sa mère. Elle voulait être la première à l'accueillir ! 

- Ne bouge pas comme ça, on va discuter chez toi. Ici, ce n'est pas sûr.

Quand Elyas lui confirma qu'il voulait juste lui parler, Leonore cessa de bouger soulagée, elle en remercia même le ciel. 

Le chemin se fit naturellement en silence, mais cela ne dérangeait pas la rousse, au contraire, ils pouvaient profiter du chant des oiseaux. De temps en temps, elle indiquait la bonne direction à Elyas qui suivait ses instructions attentivement pour ne pas se perdre.

Il balaya du regard la vaste plaine verte et en levant les yeux, la vision troublante de ce trou béant dans le ciel le surpris. Il se figea longuement, s'interrogeant mentalement. 

Qu'est-ce que c'est que ça ? 

Tu n'as rien senti ? Pourquoi ne suis-je pas étonné ? ... Il y a un poison dans l'air. ~ 

Un destin entremêlé (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant