Un destin entremêlé (réécriture)

Réveil

Le soleil était déjà couché depuis bien longtemps cependant sa douce chaleur continuait à se répandre dans l'air. Cette nuit-là, le ciel était dénué de toutes sources de lumière. Son immensité ne semblait pas avoir de limite.

Tout était calme, tous les habitants et tous les animaux dormaient depuis bien longtemps.

Mais au fin fond de la forêt, il y avait une petite crypte cachée à la vue de tous. Elle était dissimulée dans l'une des fissures de la montagne. Celle-ci était située en plein centre de la forêt Est qui était enchantée. Une très forte essence magique donnait vie aux plantes.

On raconte que la prêtresse pendant son dernier combat contre Sa Majesté aurait frappé le sol de toute sa magie. Seulement comme sa magie est composée essentiellement de bienfaits naturels, sa magie aurait imprégné la terre au lieu de la détruire.

C'est ainsi que la forêt enchantée située dans la plaine Est, a vu le jour.

Toutefois cela faisait bien longtemps que plus personne ne passait dans les environs laissant par conséquent la nature se développer intensément. À cause de toutes ses plantes et ses arbres, ces terres étaient inhabitables et donc inutiles pour les peuples d'Ecorsia.

Il s'agissait donc du lieu idéal pour se cacher. Et justement, au cœur de la montagne, une petite lumière luisait. À travers cette lumière il était facile de deviner qu'un corps était allongé sur le sol. Autour de celui-ci était regroupé, ce qui à première vue semblait être de gros chiens. Mais en réalité, il s'agissait de loup de toutes les tailles, de tous les aspects.

Ceux-ci avaient le regard baissé sur la silhouette qui respirait de manière régulière. Ils essayaient de réchauffer le corps pâle de ce qui était leur maîtresse. Celle-ci paraissait souffrir durant son sommeil. Son visage se déformait à chaque fois qu'une vive douleur s'emparait de son être. 

De plus, de faibles gémissements franchissaient la barrière de ses lèvres afin de se faire entendre. Ses mains, elles, s'agrippaient à un tissu invisible, le serrant le plus fort possible, tellement fort que ces articulations blanchissaient à vue d'œil.

Ce qui était encore plus étrange, c'était que Luminia, n'avait aucunement besoin de s'abreuver ou de se nourrir. Seul le repos comptait. En effet la lumière enveloppait, à certains moments de la journée, son corps devenu frêle par le manque d'exercice.

Lorsque cela se produisait, son corps scintillait comme s'il était un fragment du soleil lui-même et au bout d'un moment son teint blanchâtre reprenait son aspect normal. Il s'agissait ici d'une très vieille magie réparatrice qui régénérait non seulement les cellules du corps, si celui-ci était en mauvais état, mais en plus le conservait en bon état.

Ce cycle durait depuis plusieurs jours déjà et jamais les loups ne quittèrent la jeune femme. Cette crypte était devenu leur tanière. En effet, la meute avait décidé de s'installer auprès de celle qu'ils considéraient comme leur mère. Ils s'étaient donc habitués à vivre ici ; ils avaient retrouvé un lieu de chasse, un coin d'eau et un endroit pour dormir.

La grotte était animée puisque certaines femelles avaient aussi mis à bat, elle dégageait désormais une chaleur accueillante et était devenu un endroit agréable et paisible pour les loups.

Ce jour-là était spécial. En effet, dès les premières lueurs du jour, le corps inanimé de Luminia fut pris de violentes secousses. Les yeux rivés sur la silhouette de leur amie. Les loups hurlèrent dans une divine harmonie sonore.

Puis, Luminia ouvrit les yeux. Son visage était crispé et déformé par l'incompréhension. Sa respiration était forte et saccadée comme si elle lâchait son premier souffle. Elle toussa plusieurs fois.

Les loups se turent et reniflèrent rapidement leur maîtresse pour vérifier que tout allait bien pour elle. D'une voix enrouée, elle déclara :

-"Où suis-je ? Que s'est-il passé ?"

Les canidés vinrent se serrer chacun leur tour contre elle, la saluant gentiment. Celle-ci avait enfin repris des couleurs. Elle s'étonna un instant de leur réaction mais ne s'en formalisa pas plus que ça et leur rendit leur étreinte avec un doux sourire.

Puis Alya vint la voir, la meute s'écarta lentement à son passage et ils baissèrent leurs museaux en guise de soumission. Les yeux de Luminia s'humidifièrent sans qu'elle ne sache pourquoi, ensuite, elle tendit le bras qui retomba tout de suite à terre.

Elle n'avait plus aucune force et ne pouvait pour le moment faire aucun mouvement. Alya vint s'allonger à côté de son bras droit et elle profita de la chaleur et la douceur de sa fourrure. Elle eût le sentiment d'avoir été absente un long moment mais elle ne savait ni le pourquoi ni le comment.

Lorsqu'elle baissa ses yeux mauves, elle aperçut une étrange marque qui partait de son avant-bras et se terminait sur le dos de sa main. En l'observant plus attentivement, elle vit qu'il s'agissait d'une épée dont la lame traversait la gueule grande ouverte d'un canidé, un loup.

Et de fines gouttes d'eau étaient présentes le long des extrémités.

Rapidement elle vérifia son deuxième bras : le même signe s'y trouvait.

Quel est ce symbole ? Dans quoi ai-je été me fourrer encore une fois ? pensa-t-elle légèrement agacé.

Un léger coup de museau l'a fit sortir de ses pensées. Doucement elle caressa la tête d'Alya, elle se sentait un peu mieux mais elle était toujours aussi faible. Cette constatation la dégoûta, elle détestait être dans cette situation et elle pria intérieurement pour que cela ne dure guère longtemps.

Elle regarda autour d'elle. La meute semblait aller bien et s'était même agrandi.

Aucun de mes assaillants ne s'en est pris à eux... Je suis soulagée.

Son sourire s'effaça rapidement lorsqu'elle se mit à réfléchir. Rester avec eux était trop dangereux. Si jamais ses ennemis revenaient, elle ne savait pas si elle aurait la force de tous les protéger.

D'ailleurs qu'étaient-ils devenus ? Avaient-ils battu en retraite ? Ou étaient-ils toujours à ses trousses ?

Soudain, elle sentit une étrange sensation s'emparer d'elle. Plus précisément au niveau des poumons, comme si elle un énorme rocher l'écrasait. De la sueur commença à perler sur son front et son corps était tellement compressé qu'elle pouvait à peine bouger.

Puis une toux affreuse et sèche la prit d'un seul coup. Cette crise dura plusieurs minutes et plus le temps défilait plus elle avait du mal à respirer.

Un goût âcre vint dans le creux de sa bouche et elle recracha ce liquide chaud.

Du sang ? constata-t-elle avec effroi.

D'un vif revers de main, elle essuya ses lèvres gercées et son menton. Il n'y avait aucun doute. La magie interdite qu'elle avait réussie à utiliser, détruisait peu à peu l'intérieur de son corps.

Comment vais-je m'en sortir ?

La crainte de mourir lui serra la gorge et elle ferma ses paupières. L'angoisse était si forte que ses membres en tremblaient. 

Je ne veux pas mourir !