La fille cachée de Lily Potter

Chapitre 29

Agathe volait parmi les dragons, elle se sentait bien. La française pouvait observer un lac en-dessous d'elle, entouré de collines recouvertes d'épineux. Puis soudain son corps lui parut aussi lourd qu'une enclume et elle chuta comme une pierre avant d'être engloutie dans l'eau du lac. Elle se débattait pour remonter à la surface mais n'y arrivait pas et n'arrivait pas non plus à respirer. Agathe ouvrit alors les yeux et recracha de l'eau de ses poumons. Elle mit quelques minutes à retrouver son souffle et à se calmer.

Lorsque ses yeux se furent accommodés à la lumière, Agathe découvrit une pièce spacieuse, richement décorée de meubles et de tentures mauves foncées. Elle-même se trouvait dans un grand lit à baldaquin. La française toussa encore une fois avant de se rendre compte qu'elle était trempée ce qui expliquait son affreux cauchemar. Elle tenta de se redresser mais ses membres très douloureux l'en empêchèrent.

Cependant elle entendit un craquement du parquet et chercha en vain sa baguette magique avant de voir Drago Malefoy debout dans un coin de la pièce.

- Bienvenue parmi les vivants Rémi, entama-t-il.

- Encore un tête-à-tête avec toi ? A ce rythme-là autant nous marier tout de suite, plaisanta Agathe avec une grimace due à ses poumons en feu. Tu m'expliques qu'est-ce que je fais là et pourquoi je suis trempée ?

- Dois-je vraiment te rappeler l'affront que tu as fait au maître ? Il va falloir que tu révises ta définition de « discrétion ». Tu t'es introduite dans sa tête ce qui a déclenché chez lui une fureur indescriptible.

- Et je suis encore en vie ? Tout ça est réel ?

- L'eau froide n'était pas assez réelle pour toi ?

- Alors c'était toi ?! Mais t'es malade de me balancer de l'eau froide?!

- J'en avais marre d'attendre, ça fait bientôt 4 jours que je poireaute en attendant que tu daignes donner signe de conscience. C'était ta dernière chance de te réveiller sinon je t'achevais moi-même. D'ailleurs je suis assez surpris que tu reprennes conscience, sans être –a priori- folle, après le nombre d'endoloris que tu as subi. Tout le monde te croyait morte parce que tu ne criais même plus lorsqu'il a arrêté de s'acharner sur toi.

- Ça n'explique toujours pas pourquoi je suis encore en vie.

- Lorsqu'il s'est calmé, le maître a expliqué que tu avais été suffisamment punie de ton affront et qu'il te laissait la vie sauve parce qu'il reconnaissait que tu étais rusée et prête à tout et donc que tu ferais parfaitement l'affaire pour la mission qu'il te réserve.

- Je ne sais plus à ce stade si je dois me réjouir d'être encore en vie ou au contraire regretter de ne pas déjà avoir succombé à toutes ces tortures, dit-elle plus pour elle-même en se laissant retomber dans le lit.

- Tu fais comme tu le sens mais je t'attends dans 10 minutes en bas pour commencer l'entrainement, répondit Drago avant de quitter la chambre.

Avec un soupir de lassitude et de douleur, Agathe sortit lentement du lit. Elle attrapa les affaires propres qui reposaient sur la commode et se dirigea vers la salle d'eau adjacente pour se laver. Quelques minutes plus tard, la française sortit de la chambre, elle se sentait purifiée et revigorée car il s'agissait de la première douche chaude qu'elle prenait depuis des semaines au lieu de se laver avec l'eau glacée de la rivière.

Néanmoins, elle avait failli hurler en voyant son reflet dans le miroir. En effet, elle avait failli ne pas se reconnaître : son visage était émacié, son corps était devenu squelettique alors que, sans être énorme, la jeune fille avait quelques formes, même sa poitrine généreuse semblait avoir maigri. Malgré ce terrible constat sur son apparence, Agathe n'avait pas su pleurer, elle sentait qu'elle avait épuisé son stock de larmes alors elle s'était ressaisie et elle descendait maintenant l'escalier en marbre du manoir.

Une fois dans le hall désert –théâtre de ses tortures- Agathe eut l'impression d'entendre les rires sadiques de la veille–ou plutôt d'il y a quatre jours selon Malefoy- résonner. Ce n'est que l'intervention d'un elfe de maison qui la sortit de ses hallucinations pour l'emmener dans une grande salle-à-manger richement décorée où la table et les chaises avaient été poussées sur le côté.

Malefoy l'attendait au milieu de la pièce, il s'était débarrassé de sa veste et avait retroussé les manches de sa chemise blanche. Il l'invita d'un signe de la main à lui faire face, ce qu'elle fit sans broncher tout en sortant sa baguette magique.

Ils se saluèrent, reculèrent chacun de cinq pas puis le blond lança le premier sort auquel la française répliqua habilement. Ils ne cessèrent de rendre coup sur coup pendant plusieurs minutes et si au début les muscles d'Agathe la faisait atrocement souffrir, lorsque celle-ci retrouva ses automatismes de placement en duel, elle oublia son corps et commença même à prendre du plaisir dans cet entrainement. En effet, son adversaire avait un très bon niveau et connaissait les règles du duel contrairement aux sorciers peu habiles qu'elle avait dû affronter dans les montagnes les semaines passées.

De son côté, Drago était aussi intensément concentré dans cet échange, il avait redouté que la française ne soit trop affaiblie pour combattre correctement mais celle-ci était coriace et ne lâchait rien. Au bout de quelques minutes, le Serpentard vit même que la légère grimace de douleur sur le visage de sa partenaire se transforma en une esquisse de sourire ce qui lui donna –sans savoir pourquoi- une sorte de satisfaction.

Ils firent une pause qui leur permit de retrouver leur souffle. Un elfe apporta de la nourriture à la française qui picora quelques trucs à peine avant d'être rassasiée étant donné qu'elle n'était plus habituée à manger normalement. Les deux jeunes gens reprirent ensuite le duel, chacun commençant à connaître les points forts et faibles de l'autre ce qui donnait encore plus de piquant au combat.

Cependant, après quelques minutes, ils entendirent la porte d'entrée du manoir s'ouvrir et une voix haut perchée résonna jusqu'à eux disant : « Il est où mon Dragonouchet ?? ». Agathe vit, amusée, le regard las de l'intéressé et son air de vouloir dire « oh non pas elle ! » à propos de la voix qu'elle identifia comme celle de Pansy Parkinson. Mais elle n'eut pas le temps de rire davantage car les pas s'approchaient d'eux. Malefoy lui dit alors de rester dans la pièce pour ne pas que Pansy la reconnaisse et il sortit dans le couloir en prenant soin de fermer la porte à clé.