4-La vérité..

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Emma

Nous avons abandonné notre table pour rejoindre la section bar. Il est tard et pourtant, je n'ai pas la moindre inquiétude, plus de soucis, je me sens drôlement bien.

   -  Tu veux me soûler, dis-je en riant plus fort qu'il le faudrait.


Je me sens un peu éméchée, je ne me souviens même plus de la dernière fois que j'ai consommé de l'alcool tellement ça fait longtemps. Sûrement des années.


   -  Je sais que je devrais arrêter de boire... un peu... tu sais quoi, ce vin est vraiment bon, tu n'as rien à dire finalement, blagué-je.

   -  Ce n'était pas mon intention, rigole Harry.


Ses yeux brillent lorsqu'il me parle. Les mêmes yeux brillants que Marguerite.

Mon sourire se fige. Quelques heures plus tôt je regardais ma Marguerite et je la comparais à Harry et maintenant je regarde Harry et je le compare à Marguerite.

Je retiens mon souffle et pose mon verre sur le comptoir. Harry me regarde avec surprise quand il s'aperçoit que je le fixe depuis plusieurs secondes. Ses yeux se plissent d'inquiétudes et subitement je détourne le regard.

Le sait-il que je le lui mens. Le sait-il que je lui cache un énorme secret qui pourrait changer le cours de sa vie. A-t-il compris que les quatre dernières années auraient pu être totalement différentes.

Se doute-t-il que je lui cache la présence de son enfant. Que j'ai privé ma fille de son père.

Je ferme les yeux pour empêcher les larmes de couler.

- Ça va Emma ?

Malgré la panique qui s'est emparée de moi, je fais mine de rien et me retourne pour lui faire face. Je cligne des yeux à quelques reprises pour repousser l'émotion.

À l'instant où j'ai presque réussi à refouler mon besoin intense de lui balancer la vérité, mes idées semblent se mettre en place et mon envie devient impossible à contrôler.

- Harry ?

- Mmmh ? répond-il, simplement, loin de se douter de ce que je m'apprête à lui révéler.

- J'ai une petite fille de quatre ans, nous avons...

Je préfère m'arrêter là. Il a compris de toute manière.

Son sourire reste bien en place. Il s'attend sûrement à ce que je lui lance que je blague. Que l'alcool a éveillé mon petit côté humoristique. Mais non.

Et puis finalement, il s'estompe. Son sourire a disparu.

Sidéré, il me regarde l'air d'attendre encore que je lui avoue que c'est une mauvaise blague.

Après des années à me demander de quelle façon j'allais lui apprendre si un jour l'occasion se présentait, je dois avouer que mes scénarios ne ressemblaient en rien à ce qui se déroule sous mes yeux en ce moment.

Quel manque de tact !

- Peux-tu répéter s'il te plaît ?

Le cœur ou la raisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant