Bataille pour la Cité Impériale-Doutes, Peurs et Trahisons

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Doutes, Peurs et Trahisons

Essoufflée, Makiedo s'adossa contre une fine cloison bordant le couloir. Les artères du palais impérial étaient désertes. Au dehors, l'écho lointain des combats était ponctué du tonnerre des explosions. La jeune femme lutta contre la terrible étreinte de la terreur.

Elle fit le vide en elle.

Soudain, elle perçut un petit bruit sec derrière elle. Intriguée, elle risqua un œil félin dans la fine ouverture de la cloison. Seul au milieu de la pièce, agenouillé devant un sac de voyage, Zi Heng empaquetait un petit objet à l'éclat de jade. A chaque déflagration, il sursautait, blême. Le vieux conseiller exhalait d'une froide terreur, maîtrisée mais prête à se déchaîner.

— On prépare un voyage ?

Makiedo glissa dans la pièce, un sourire terrifiant. Le vieux conseiller frémit, il ne s'attendait guère à recevoir de la visite. Il regagna de sa contenance en une fraction de seconde. Fier et hautain, il dévisagea l'espionne. Son visage ne trahissait pas le moindre remord ni même un soupçon de honte.

— On a l'empire contre nous, rappela-t-il d'une voix tremblante. Que comptes-tu faire ?

Il rit, nerveux.

—Si tu veux suivre le général dans sa folie, libre à toi.

— Je reste fidèle à ma dame.

Elle dut lutter pour paraître sûre de ses paroles.

— Ma Dame est morte.

— Tuée par l'homme qui se presse devant nos murs, compléta Makiedo.

Zi Heng la toisa, le front plissé.

— Je sers l'empire.

Elle vit un éclat de jade scintiller dans le paquet qu'il emballait.

— Je ne peux pas te laisser faire ça, menaça Makiedo. Elle tira un poignard subtilement caché dans ses robes et pointa sa lame acérée sous la gorge de Zi Heng.

Le vieil homme se releva péniblement, les bras écartés.

— Pourquoi servez-vous tous aveuglément la fille Kojo ? demanda le conseiller.

Makiedo le fixa sans répondre. Un éclat de lumière fit un bref instant scintiller la lame. Encouragé, Heng poursuivit ;

— Demain, l'empereur sera en ce palais. A quoi bon faire couler son sang en vain ? Je ne laisserais pas ma ville brûler en rebelle.

Une fois encore, Makiedo ne répondit pas, en proie à un épouvantable conflit intérieur. Mathématiquement, il avait raison. A un contre cent, ils ne pouvaient rien contre l'empereur. Et même si ses plans fonctionnaient, décupler les défenseurs ne suffirait guère qu'à retarder quelques jours la terrible échéance. Et les esprits savaient comme elle craignait de se trouver une fois encore face à l'ennemi de toujours.

Jamais.

— Il est encore possible de rejoindre les rangs du seigneur.

Pour toute réponse, l'espionne enfonça légèrement le poignard contre sa gorge.

— Ce n'est pas pour la Dame que je combats.

Elle jeta un coup d'œil vers l'extérieur.

—C'est contre celui que tu nommes « empereur ».

Et pourtant, malgré la confiance qu'elle simulait à la perfection, l'air de ses poumons était lourd et brûlant. Son cœur battait comme jamais le funèbre rythme de ses peurs les plus profondes. La pluie assaillit bruyament les cloisons du coté des jardins. Zi Heng rit doucement ;

Fleur de PrunierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant