L'Archère des Brumes-L'Errant de la Clairière

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L'Errant de la Clairière

Lefko sentit la colère monter en lui. Il canalisa cet afflux d'énergie pour frapper le premier. Un éclair aveuglant fondit dans les airs et foudroya l'errant, encore immobile. Lorsque la lumière imprimée sur sa rétine se dissipa, Lefko vit la créature intacte. Elle avait légèrement relevée la tête et ses pupilles fixaient les siennes avec attention. Le jeune garde-l'aube reprit son souffle, attendant le moindre geste de son adversaire.

Tu veux un rencart ou bien ?

Incapable de détourner son regard de ces pupilles gris pâles, le garde-l'aube invoqua une sphère d'énergie entre ses doigts. Cette fois, avant que le jet de lumière ne frappe l'errant, celui-ci bondit sur son assaillant. Lefko leva sa main pour parer l'offensive, bien impuissant. Lorsque la créature toucha la boule de lumière, quelque chose explosa entre eux. Chacun fut projeté plusieurs mètres en arrière.

Lefko sentit son épaule heurter bien trop violemment la terre forestière. Une douleur sourde s'empara de lui. Tout en se relevant, il se massa la clavicule. Il reprit ses esprits. Le monstre avait repris sa position au centre de la clairière et seul un mince filet de fumée se dégageait de sa chair. Il plongea à nouveau ses yeux gris dans ceux du garde-l'aube, mais cette fois, le jeune sorcier entendit une voix lointaine, un chuchotement porté par la brise ;

Tu peux apprendre.

L'esprit entraîné par la douleur, Lefko rassembla à nouveau les énergies entre ses doigts.

Quel gâchis...

L'éclair fusa, foudroya la créature en pleine tête. Une fois encore, lorsque la lumière se fut dissipée, il vit la créature indemne.

Tu n'es pas un garde-l'aube.

— Je ne suis pas un monstre tel que toi, protesta vigoureusement l'apprenti.

La sueur imbibait ses tempes, par quel moyen triompher de cette créature ?

Tu te trompes. Nous sommes tous les deux des monstres... A leurs yeux...

Un monstre ? Son cœur bondit. Il faisait sans doute référence au démon. Mais comment... ?

Le Seigneur, lui, ne considère pas les choses ainsi. Tu ne seras jamais à ta place dans le monde que tu as choisi.

Là, il avait raison. Même parmi la garde-l'aube, il n'était considéré que comme un paria. Et aucun ne connaissaient sa vrai nature, sinon... Toutefois, il avait choisi cette place pour se protéger, lui et les autres.

Tu le sais. Rejoins le Corbeau. Il accueillera mon frère avec joie, et nous trouverons une place pour les nôtres.

— Jamais, signifia Lefko d'une voix hésitante.

Je te laisse le temps d'y réfléchir. Voici ce que je devais te donner.

La créature fit apparaître entre ses doigts un morceau de parchemin. Aussitôt, Lefko sentit un grand pouvoir émaner de l'objet. L'errant le posa sur le sol à ses pieds, puis disparu dans les ténèbres du bois. L'apprenti garde-l'aube resta seul quelques secondes, immobile. Les bruits étouffés de la forêt, effrayants, reprirent leur cour. Enfin, il s'avança, la main couverte d'un voile de sa robe, il récupéra le parchemin. Il exhalait une énergie incomparable... Un fragment.

Fleur de PrunierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant