Libellule - Tome 2 ©

Chapitre 11

Je regarde papa qui descend avec Niall, je vois bien qu'il n'est pas content. Je regarde ma tante quelques secondes qui me fait un petit sourire. Je souris moi aussi. Je repose ensuite mon regard sur papa et il s'approche de nous, mais quelque chose ne me plaît pas, il ne me regarde pas. Il regarde le sol et papa ne fait jamais ça, surtout quand je le regarde. Là, il ne le fait pas et mon sourire s'en va. J'avance alors vers lui, mais il recule d'un pas et ça me fait mal dans le ventre. Je penche la tête sur le côté et j'essaye de regarder son visage, de croiser son regard. Je sais que c'est quelque chose d'important pour lui, pourtant là, il ne me regarde pas. Pas du tout. Je me mords l'intérieur de la joue quand je l'entends soupirer. Il va parler, il fait tout le temps ça avant de parler sérieusement.

Mais ce qu'il dit ensuite, j'aurai aimé ne jamais l'entendre. Jamais. Je baisse les yeux en tortillant mes doigts entre eux. Papa est fatigué, fatigué de moi, de ce que je lui fais vivre, de mes problèmes. Il est fatigué de tout et il est triste. Il n'est plus heureux, il est malheureux. Je lui cause trop de soucis et depuis trop longtemps. Il n'arrive pas à me comprendre, il fait tout pour que les choses s'arrangent, mais moi de mon côté, je ne fais rien, je ne dis pas quand il y a un souci et rien ne s'arrange. Et papa n'en peut plus. C'est ce qu'il me dit. Il me dit aussi que je n'agis pas normalement, que je ne me rends pas compte de ce que j'inflige au gens, ce que j'inflige à Sky en ce moment.

Gemma intervient au bout d'un moment, j'entends sa voix, mais je ne comprends pas ce qu'elle dit. Je m'avance vers papa et j'attrape le bas de son chandail, je lui demande s'il m'aime toujours et il grogne, en disant que ce n'est pas le moment, qu'encore une fois, je ne comprends pas, je change de sujet. Ce qu'il ne sait pas, là tout de suite, c'est que la situation, je la comprends sûrement plus que lui-même. Je réalise un peu trop. Je me recule et je monte dans ma chambre, je prends mon sac de sport que je remplis de vêtements et d'affaires. Je mets ma veste et mes chaussures. Je mets ma casquette sur ma tête. Je descends les escaliers et je vais dans le salon. Je vois Niall s'approcher de moi et je lui souris. Je prends le bocal avec mon nom d'écrit dessus, ce sont mes économies. Je fais un signe de tête à Niall et à Louis. Je regarde Sky et lui fais un petit sourire en murmurant à demain et je sors de la maison. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et les branches à mon téléphone. Je prends mon vélo et je grimpe dessus. J'allume la lampe qu'il y a et je file rapidement sur la route.

Je roule rapidement, jusqu'à la ville. Il n'y a personne à cette heure-là. Je m'arrête devant un bâtiment, une boutique. La seule toujours ouverte. Je renifle et attache mon vélo. J'entre dans la boutique de musique. Il y a une petite musique, douce, mais personne. La cloque quand je passe l'entrer à résonné. Je renifle encore et j'essuie ma joue. Jack arrive rapidement. Il est surpris de me voir. Il sort du studio. Je renifle encore. Il me fait un petit sourire et me fait signe de venir. Je sers mon sac contre moi et le suis. Ses cheveux sont courts, il lui arrive dans la nuque alors qu'avant ils lui arrivaient dans le milieu du dos et il a l'air d'avoir de nouveaux tatouages aussi. J'essuie encore mes joues et m'assois sur une chaise. Il s'accroupit devant moi et prends mes mains. Il ne dit rien, mais Jack, il n'a pas besoin de dire grand chose, je ferme les yeux lentement et je baisse la tête. Je sens sa main se poser dans mes cheveux et les frotter tout doucement. Jack, il n'a pas besoin de dire grand chose parce que sa présence à quelque chose de spécial. Quand je le regarde, je ne vois pas de couleur et il efface toutes celles qui à en moi. Parfois, Jack est le papa que j'aurai aimé avoir.

Je me réveille lentement, j'ouvre les yeux et je vois Jack dans un coin de la pièce avec sa guitare dans les mains. Il me fait un petit sourire et je baisse les yeux. Je me lève tout doucement et m'étire, je m'assois à table non loin de lui et je prends la boisson qu'il me tend. C'est un café avec quelque chose de spécial qu'il fait souvent. Je bois en silence alors qu'il se remet à jouer. Je me lève après avoir terminé et je vais prendre une rapide douche. Je mets un jean noir et un chandail de la même couleur. Je mets ma veste et je reviens dans la pièce. Jack pose sa guitare et vient me sécher les cheveux en sifflotant une chanson. Il me met ensuite ma casquette sur la tête et prend mon sac de cours. Il me fait signe de venir et je le suis. Il me tend un casque et me reprend ma casquette en souriant. Je mets alors le casque et lui mets ma casquette. Ça me fait un peu rire parce que ça ne lui va pas. Il sourit comme s'il était satisfait puis la range dans mon sac et met un casque. Nous allons jusqu'à sa moto, elle est jolie. Elle est grosse. Très grosse. Il monte dessus et je viens derrière lui. C'est la deuxième fois. Papa n'aime pas ça, mais là, papa n'est pas présent.

Elle fait un gros bruit sa moto, mais j'aime bien. Il roule sur la route et mon cœur bat très vite. Je le tiens bien et mon regard se perd sur les gens qui marchent dans la rue, les enfants, les paysages. Nous arrivons bien trop rapidement devant mon école. Je soupire et je descends. Je retire le casque que je lui donne en échange de mon sac. Il me donne une petite tape sur la tête et repart rapidement en faisant un bruit monstre ce qui me fait sourire. Je mets mon sac sur mon épaule et j'entre dans l'école. Je vais jusqu'à ma classe et je m'assois à ma place. Le cours commence rapidement. Je n'ai même pas sorti mes affaires. Je regarde à l'extérieur. Je soupire. Je ferme les yeux. La cloche me sort de mes pensées. Je me suis endormie. Je me lève, je prends mon sac. Les autres me regardent. Tant pis. Cette école est une université. Mais elle mélange aussi un lycée. Les élèves qui souhaitent directement aller à l'université pour étudier et être mêlé aux universitaires peuvent. C'est pour ça que j'ai réussi. Que j'ai pu sauter ma terminale, passer mon bac en première et directement étudier à l'université.

Je suis dans le couloir. J'ai sûrement dû croiser le prof, mais je n'ai pas fait attention. Je n'ai pas envie d'y aller. Mes écouteurs sont dans mes oreilles, j'ai dû le faire automatiquement. De la musique s'y diffuse. Je regarde dehors et je décide d'y aller. Tant pis. Je sors donc des couloirs et je vais dans le fond de la cours. Je grimpe sur un mur puis sur un autre encore plus haut. Je souris en coin et je me mets à marcher le long de celui-ci. D'ici, on peut tout voir. La ville paraît si proche et pourtant si loin également. Il y a un peu de vent. Je le sens sur mon visage. Je souris tout doucement. Je ferme les yeux et j'écarte les bras. Je reste comme ça quelques secondes puis ouvre les yeux. Je me remets à marcher le long de ce mur, je fais le tour de l'école et je m'arrête quand dans un coin, je vois deux personnes. Je m'assois sur le bord et les regarde s'embrasser. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres quand je les reconnais. C'est Sky et cette fille, sa copine. Ils ont l'air de c'être réconcilié. Je souris un peu plus. C'est une bonne chose.

Je me relève et je me remets à marcher sur le mur, les bras écartés. Je passe non loin d'eux. Ils me regardent. Pas moi. Ma musique me berce. Elle me fait du bien. Je continue de marcher puis arriver devant les poubelles côté rue, je saute dessus. J'y descends ensuite et je me mets à marcher dans la rue. Je ne devrais plus appeler Sky par ce nom, son prénom, c'est Luka. Luka. Luka. J'inspire un grand coup. Papa à raison.

Je rentre dans un magasin, puis un autre. Je fais le tour de la ville, je n'achète rien. Que des petits trucs à manger, mais rien d'autre. Je ne regarde pas l'heure non plus, ça ne m'intéresse pas de voir le temps passer. C'est ennuyant. Je finis tout de même par m'arrêter dans un restaurant quand j'ai faim. Je m'assois à une table et je ferme les yeux quelques secondes. Il n'y a personne. J'ouvre les yeux quand je sens une présence non loin de moi. Je penche la tête sur le côté et regarde le jeune homme. Puis je remarque son tablier. Je retire rapidement mes écouteurs. « Je suis désolé. Nous ne servons plus à cette heure. » Il me dit. Je hoche la tête et me lève, je reprends mon sac que je mets sur mon épaule. Je remets mes écouteurs et je sors du restaurant. Je m'assois sur le banc devant et je ferme les yeux mettant la musique plus fortement. Je fais alors abstraction des gens autour de moi. De tout. J'oublie. 

Melody.