CHAPITRE 52

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KEN

Quand Nina est rentrée, elle n'a pas dit un mot de la soirée. On est tous allé se coucher sans rien dire. N'arrivant pas à dormir, je suis allé sur le balcon regarder Paris.

Espérant qu'elle me rejoigne.

Peut-être.

J'entends un bruit derrière moi. Je me retourne : c'est elle. Elle a dû vouloir venir ici et se raviser quand elle m'a vu, mais je lui fais signe de venir. Ses yeux sont rougis et sa respiration est anormalement rapide.

-J'ai fait un cauchemar, dit-elle en regardant le ciel gris de Paris.

Mes mains serrent le métal froid du balcon. Elle a peur quand elle dort seule.

-Pourquoi t'es pas allée dormir avec Mo et Deen, vu que t'aimes pas dormir seule?

Mon ton était plus agressif que mon intention.

-C'est quoi ton problème? Demande-t-elle, mais sans s'énerver.

Je ne réponds rien pour ne pas aggraver mon cas. Elle soupire profondément.

-Comment en est-on arrivé là? Marmonne-t-elle.

-On est peut-être allés trop loin. Peut-être qu'on est à l'étroit. Ou peut-être qu'on est tarés.

-Mais qu'est-ce que tu racontes encore toi?

-Rien.

Elle ne relève pas.

-Tu te souviens avant? Demandai-je soudainement.

Elle sourit faiblement.

-C'était en dents de scie. Tu me sortais par les yeux mais je te disais tout quand même.

-Tu me saoulais aussi avec tes discours féministes là. J'avoue je faisais exprès de te provoquer.

-Je sais. Mais je pouvais pas ne pas réagir, je pars au quart de tour quand il s'agit de ça. Et puis après c'est toi qui cassais les couilles à mettre de la distance entre nous là.

-Tu parles comme ta sœur, ça devient grave.

Elle sourit plus largement et une fossette se dessine sur sa joue gauche. Je sais pas ce que je suis sensé faire. M'excuser? L'éloigner? Rien faire? C'est le souk dans ma tête...

-Quand est-ce que t'as su que tu m'aimais?

Putain mais c'est une question de meuf ça mais qu'est-ce que je dis, moi? Je m'apprête à rectifier, mais je vois qu'elle réfléchit sérieusement à ma question.

-J'sais pas ça s'est fait progressivement je crois. J'étais réellement sûre quand je te l'ai dit à l'hôpital. Mais ça a commencé bien avant je pense. Ce qui m'a vraiment fait un truc c'est quand tu m'as dit "je t'aime Nina" chez ma tante quand tu croyais que je dormais, avoue-t-elle.

Putain.

-J'ai cru que t'allais dire "ce qui m'a vraiment fait un truc c'est la première fois qu'on a couché ensemble", rigolai-je.

-Mais t'es con putain, rigole -t-elle. C'est pas parce que t'es gêné que t'es obligé de dire de la merde tu sais. Justement, c'est le fait que j'étais pas censée l'entendre ce "je t'aime", qui lui donne tant de valeur. Parce que du coup je sais que tu le pensais vraiment.

Je passe ma main dans mes cheveux, faut que je change de sujet.

-T'as parlé à Linda récemment?

-Bah ouais.

-Nan mais récemment, récemment.

-Pourquoi?

-Askip elle a couché avec Mekra hier soir.

-La vérité t'es une vraie commère toi, rigole-t-elle. Elle m'avait dit que c'était obligé que l'un de vous vende la mèche.

-Tu le savais?

-Elle est passée me voir au taf et elle avait le regard tellement brillant et le sourire tellement niais que je l'ai cramée direct.

Comme quand je la regarde j'imagine.

-Du coup je l'ai torturée jusqu'à ce que j'obtienne ce que je voulais savoir, sourit-elle. Mais vous êtes pire que des meufs vous, dès que y'a de la coucherie dans l'air vous êtes tous après hein.

-J'avais rien dit moi quand on a couché ensemble.

-T'es l'exception qui confirme la règle. C'était parce que tu savais que j'allais te couper les couilles sinon.

-J'suis un homme battu wesh.

-Petit miskine va.

-Tu parles encore comme Linda.

-Ferme-la je parle comme je veux.

-Tu parles quand même comme Linda.

Elle lève les yeux au ciel en souriant. Puis elle éternue.

-'Tes souhaits.

-Merci. Je vais me recoucher avant d'attraper froid.

Elle me regarde timidement puis rentre à nouveau à l'intérieur.

Let The Past Go // K.S.Where stories live. Discover now