CHAPITRE 33

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KEN

Je toque à la porte de Nina puis entre. Elle est allongée sur son lit en mode étoile de mer et elle fume en fixant le plafond. Je remarque des photos sur les murs que je regarde.

Nina : Une fois j'ai demandé à mon père qui était ma mère. Je m'en souviendrais toujours. Il m'a regardé dans les yeux et il m'a dit "personne".

Mes yeux se posent sur elle.

Nina : Mon père voulait que je reprenne sa boîte, il me l'a dit quand j'étais au lycée, mais moi ça ne m'intéressait pas. Lorsque je le lui ai annoncé, il est entré dans une colère noire, et il m'a dit que je finirai "comme ma mère". C'est ce jour-là que j'ai appris que ma mère était une "pute de luxe" que mon père se tapait régulièrement jusqu'à ce que je naisse. Là il a dégagé ma mère mais elle est restée, lui faisant du chantage. Cinq ans plus tard, Linda est née, et on ne sait pas pourquoi, elle est partie. Je me suis donc occupée de ma sœur et à 5 ans jusqu'à 8 ans j'allais voler de la bouffe dans la réserve de l'épicerie à côté de chez nous.

Elle essuie ses larmes, écrase sa cigarette et en allume une autre. Je ne comprends pas pourquoi elle me raconte tout ça.

Nina : J'allais pas à l'école, j'ai appris à lire, à écrire et à compter par nécessité et seule. J'ai commencé à y aller quand je suis allée habiter chez ma tante, quand elle a appris notre existence. J'étais intelligente alors j'ai vite rattrapé mon retard. Je suis allée habiter chez mon père quand j'allais entrer au collège parce que j'étais une élève brillante et prometteuse pour reprendre son entreprise. Mais il ne supportait pas le fait que je sois une fille. Chaque fois, je n'étais pas à la hauteur parce que je n'étais "qu'une fille". Il me traitait de pute dès que je mettais une jupe ou une robe et je devais faire la bouffe et le ménage parce que "c'est aux femmes de faire ça". Et j'ai aussi eu droit à "le simple fait que tu existes me dérange". Tu comprends pourquoi je te raconte ça Ken?

Putain oui je comprends. Je comprends que je suis qu'un con. Cette même phrase je la lui ai dite il y a une semaine de ça.

Nina : Tu comprends pourquoi je m'emporte rapidement quand tu fais une remarque sexiste? Tu comprends pourquoi tes insultes me sont restées en travers de la gorge même si tu les pensais pas?

Elle me fixe toujours, ses larmes ont cessé de couler.

Nina : Je n'ai jamais aimé qui que ce soit à part ma sœur et ma tante. J'ai haï les hommes, tous les hommes toute ma vie et je me suis juré que jamais j'aurai besoin d'eux. J'ai revu mon jugement sur les hommes quand j'ai commencé à habiter avec Mo, Deen et toi.

Elle sourit maintenant. Elle sort une nouvelle clope, puis se ravise, se lève et se serre contre moi. Alors ça je ne m'y attendais vraiment pas. J'ai cru que j'allais devoir ramer grave pour qu'elle me revienne, surtout après ce qu'elle m'a dit.

Nina : J'ai aucune raison de croire ce que tu m'as dit hier soir, Ken.

Moi : Je sais.

Nina : Je vais le faire quand même, mais ça m'arrangerait si tu pouvais arrêter de me traiter de pute que ce soit pour m'énerver ou pour que je m'en aille.

Moi : Je ne l'ai pas pensé une seule fois Nina.

Nina : Arrête de le dire alors OK?

Moi : C'est promis.

Elle me fait un bisou sur la joue avant de me lâcher, puis elle s'allonge sur le lit.

Moi : Qu'est-ce que tu fais?

Nina : J'ai pas menti à Evan, j'suis vraiment crevée.

Moi aussi j'ai pas dormi pendant une semaine mise à part la nuit dernière. Je m'allonge à côté d'elle et la serre contre moi.

Nina : Tu m'tiens chaud Ken.

Moi : OK.

Je me colle contre le mur et lui tourne le dos.

Nina : Ken je rigole rooohh.

Elle entoure mon dos de ses bras et pose sa tête dessus. Et on s'endort dans la minute qui suit.

Let The Past Go // K.S.Where stories live. Discover now