Let The Past Go // K.S.

CHAPITRE 31

NINA

Je m'occupe de mon neveu en m'efforçant de ne penser à rien.

Evan : Non pleure pas tata Na!

Il me fait un câlin.

Evan : pleure pas, c'est les bébés qui pleurent.

Moi : Fais dodo Evan, c'est l'heure de la sieste.

Evan : Oui tata Na.

Il s'allonge dans son lit et serre son doudou contre lui. Je mets sa couverture sur lui et lui fais un bisou.

Evan : Ze t'aime tata Na.

Moi : Moi aussi Evan.

Evan est mon neveu de deux ans, enfin c'est mon petit cousin vu que c'est le fils de mon cousin Nico et de sa femme Elisa. Il est adorable. Il écoute tout le monde sauf ses parents, c'est assez marrant. Je descends dans le salon, m'assois sur le canapé et essuie vite mes yeux quand je vois ma tante entrer dans la pièce. Elle s'assoit à côté de moi.

Chrissie : Qu'est-ce qui se passe mon chaton?

Nina : Rien, ça va Chrissie.

Elle me regarde dans les yeux.

Chrissie : C'est un homme c'est ça? C'est pour ça que t'es venue ici?

Ma tante elle sait toujours tout, on dirait ma sœur. Je hoche la tête.

Moi : Il a été odieux avec moi mais il me manque quand même. Il m'a appelée pour s'excuser mais je l'ai envoyé balader et j'ai bloqué son numéro.

Elle me serre contre elle et je pose ma tête sur son épaule. Elle est comme la mère je n'ai pas eu. Un jour, elle m'a dit que j'étais sa fille et qu'elle m'aimait plus que tout et ça m'a fait pleurer. Parfois Linda l'appelle "Maman", je trouve ça normal parce qu'elle n'a pas connue notre mère biologique. On est arrivées chez Chrissie j'avais 9 ans et elle 4. Moi j'ai pas habité longtemps ici, 3 ans seulement, jusqu'à ce que je rentre au collège. Ensuite j'ai habité chez mon père, puis je suis partie au lycée à Paris. Linda a habité ici de ses 3 ans à ses 17 ans, mais elle n'est pas partie bien loin pour faire ses études de médecine, elle est restée à Nice mais elle était à l'autre bout de la ville.

Chrissie : Ne t'inquiète pas chaton ça va aller. Tu viens m'aider?

Je vais aider ma tante à faire ses fameuses pâtes. Elle a besoin de main d'œuvre parce qu'on est nombreux : Florent mon oncle, elle, Toinou et Nico mes cousins, Amélie et Elisa leurs femmes, Lou ma cousine, Evan, Anne une amie de Chrissie, sa fille Clem et moi. A 20 heures, on installe la grande table dehors!

Deux voix familières : Salut !!!

Quoi?!

Tout le monde se retourne. Personne ne bouge. Je lutte pour ne pas partir en courant. Il est là. Avec ma sœur.

Chrissie : Mais c'est pas vrai!!

Elle pince la joue de Ken.

Ken : Chrissie?

C'est quoi ce délire?

Anne : MON FILS!!!

Hey je comprends rien. Linda non plus.

Linda : C'est toi le fils d'Anne?

Nice est une petite ville en fait. Ken acquiesce, alors ma sœur lui fout une baffe magistrale.

Ken : C'était pour quoi ça?

Il serre sa mère et sa sœur dans ses bras en attendant la réponse.

Linda : Anne est venue habiter avec nous quelques jours quand t'es parti de chez toi. Elle était tellement mal que je me suis juré de taper son fils si je le voyais un jour.

Hey mais c'est lui le petit garçon que je pouvais pas voir quand j'étais petite! D'ailleurs j'ai dû le voir deux fois parce qu'après on refusait de se trouver dans la même pièce tellement on se détestait. Ken est le fils de Anne et le frère de Clem putain. Mais qu'est-ce qu'ils font là au fait?

Moi : Qu'est-ce que tu fais la Linou?

L'autre je l'ignore, c'est bon quoi.

Linda : Je viens voir ma famille, ça se voit pas?

Putain elle fait exprès de ne pas comprendre.

Linda (tout bas): T'as qu'à lui demander, ce qu'il fait là.

Jamais.

*

Flo : Bon, qui dort où?

Anne et Clem sont parties mais Ken est resté.

Lou : Elisa, Nico et Evan; Amélie et Toinou; Maman et Papa...

Linda : Toi et moi; et Ken et Nina. C'est bon?

Tout le monde hoche la tête sauf moi. Je sais qu'elle l'a fait exprès, je suis même sûre que c'est elle qui l'a fait venir ici. On monte donc dans les chambres, je me change sans un mot et me couche.

Ken : Nina, écoute-moi...

Moi : Non. Je t'ai demandé de m'expliquer il y a une semaine, t'as pas voulu c'est trop tard maintenant.

Contrairement à ce que je pensais il ne force pas, il se tait et s'allonge à côté de moi.

Ken : J'y crois pas que t'es la nièce de Chrissie. Je pouvais pas t'encadrer quand j'étais gamin.

Moi : Moi non plus je pouvais pas t'encadrer et c'est toujours d'actualité.

Ken : Comment je peux faire pour que ça change, tu ne veux pas que je m'excuse ni que je m'explique?

Je ne réponds pas et fixe le plafond. Lui aussi.

Ken : Je me suis rendu compte à quel point je tenais à toi. Ça m'a fait peur, du coup j'ai dit tout un tas de conneries pour que tu me haïsses, pour que tu partes. Ça a marché, si on veut. Sauf que cette semaine... Tu m'as manqué et je me suis aperçu que j'avais besoin de toi absolument, d'être avec toi tout le temps. J'ai mis de la distance entre nous, pensant que c'était LA chose à faire pour que mes sentiments pour toi s'atténuent mais... C'était pire.

Je me suis tournée vers le bord du lit, allongée sur le côté. Lui aussi il m'a manqué, mais j'lui dirai pas tout de suite.

Ken : Nina, dis un truc s'il te plaît.

Moi : Bonne nuit.

Qu'il s'estime heureux avec ça. Plus tard, je sens sa main caresser mes cheveux.

Moi : Ken, ta main.

Je sens qu'il sursaute. Il croyait que je dormais.

Ken : Pardon.

Quand il semble sûr que je dors (alors qu'en fait non), il effleure mon bras de sa main, avant de la retirer. Je le sens soupirer. J'avais raison l'autre fois tout compte fait. Le contact de sa peau et de la mienne nous apaise tous les deux. Je prie pour que mon corps ne me trahisse pas pendant la nuit.

Ken : Je t'aime, Nina.

J'imagine que je n'étais pas sensée entendre ça...