Chapitre 20

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~Play Theme : Nakigahara~

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« NON !!! »

Uruha tomba à genoux sur les nombreux morceaux de verre au pied de la fenêtre.

« Non, non, je n'ai pas voulu ça, non...
Non...
Non...
Non... je ne suis pas un meurtrier...»

Uruha ne faisait même pas attention au sang qui coulait abondamment de sa tête pour se retrouver parmi les brisures acérées.

«Je ne l'ai pas tué...
C'était... Un accident...»

Il se releva difficilement à l'aide du chambranle de l'ancienne fenêtre. Il ne pouvait s'empêcher de fixer le corps immobile et gisant de Reita, autrefois son ami, son meilleur ami d'enfance avec lequel il a nourri sa passion pour la musique ; son rêve de monter un groupe reconnu par tous. Son cœur ne semblait même plus exister. Son rythme cardiaque s'était extrêmement ralenti. Ses paupières tellement agrandies laissaient des larmes s'enfuir et se faire emporter par le vent hivernal et monotone de la nuit.

Uruha descendit les marches de l'appartement, manquant à plusieurs reprises de tomber et de s'évanouir sous le choc de ses propres actions.

Ça n'est pas arrivé...
Non...
C'est un cauchemar...!

Il parvint de justesse à retourner à son appartement. Il voyait à peine, ses vêtements collaient à son dos, imprégnés de son sang sali par le destin. Il chancela jusqu'à la salle de bain et aperçu son minable reflet : sa lèvre saignait ainsi que son arcade et son nez. Mais surtout, ses cheveux ébouriffés étaient teintés par le liquide vermeil.

Uruha n'osa pas regarder plus en détails et voulut allumer le robinet du lavabo. Cependant il ne sentait même plus ses mains. Il tenta de les secouer mais ne sentait plus ses bras non plus. Il voyait trouble et ne sentit même pas ses jambes flancher et finir par terre. Sa respiration, de plus en plus lente, le sang coulant doucement de son crâne et salissant le carrelage blanc...

Tu as raison... c'est la fin, Reita...

« Ruki... » chuchota entre deux sanglots Uruha.

Il n'entendait plus rien. Son cerveau semblait vibrer dans ses oreilles comme des acouphènes. Il avait atrocement mal au crâne, pourtant il n'arrivait pas à s'en plaindre. Il se sentait bizarrement léger comme s'il s'endormait dans du coton. Il ne sentait pas le froid du carrelage sur sa joue, ni son sang chaud dans sa nuque qui contrastait pourtant à merveille.
Il n'entendit pas la porte de l'entrée s'ouvrir violemment ni celle de la salle de bain et encore moins le hurlement de son amant. Il n'entendit pas les appelles incessants de Ruki, ni ses explications au téléphone alors qu'il appelait des secours. Il ne voyait plus rien, il ne sentait plus rien, plus aucune douleur, ni la main de Ruki sur sa joue, ni l'autre dans la sienne. Il était dans un cocon si doux qu'il voulait seulement s'y reposer.
Il ne sentait plus rien, n'entendait plus rien, ne voyait plus rien.

Murs invisibles.

Plus jamais...

Ruki, si tu savais comme je t'aime... Je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque j'étais avec toi. J'ai appris que la vie valait finalement le coup d'être vécue grâce à ta présence.
Dommage qu'elle fut si courte... mais au moins, j'aurai connu l'amour parfait.
J'ai lu un jour qu'aimer était simplement souhaiter le bonheur de l'autre.
Je te souhaite alors tout le bonheur possible car tu le mérites. J'espère que tu rencontreras quelqu'un fait pour toi, qui fera pétiller tes yeux comme ceux d'Aoi quand il voit Kai ou comme Kai à chaque fois qu'Aoi lui chuchote un discret et magnifique "je t'aime" à l'oreille.
J'espère cette fois que personne ne t'empêchera d'aimer.
S'il-te-plaît... continues à chanter. Pas pour moi ; oublies-moi et penses à toi, chantes pour toi, chantes ce qui te fait éperdument plaisir... Mais surtout ne t'arrêtes pas, les gens, tes fans ont besoin de ta voix pour aller de l'avant. Comme moi j'avais besoin de ta présence pour me sentir vivant. J'aurai aimer t'embrasser une toute dernière fois. Tant pis... J'espère que toi tu retiendras que chaque seconde est importante.
Reita m'a fait tellement de mal que je savais déjà ce que voulait signifier profiter de chaque instant comme si l'on allait mourir le lendemain.
Continuez tous les trois ; Aoi et Kai t'aiment. Mais s'il-te-plaît... gardes nos échanges sur scène rien que pour nous, pour que je garde en souvenir l'impression d'avoir été unique à tes yeux.
Je t'aime Ruki...

J'aurai aimé que l'on me donne une seconde chance...

Vivre ou Survivre ?Where stories live. Discover now