Chapitre 15

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« Aoi je t'en supplie...!
- Uruha... Je suis désolé mais il ne veut pas...
- S'il te plaît ! pria-t-il.
- Uruha ! Je ne peux pas le forcer à te parler s'il ne veut pas. »

Uruha se mordait la langue pour ne pas pleurer.

« Très bien... se résilia-t-il.
-Je te rappelle plus tard, d'accord ?
- Hm. »

Uruha raccrocha. Il resta planté au milieu du salon, retenant difficilement les larmes qui lui brûlaient les yeux et lui nouaient la gorge et le cœur.

Deux jours...
Deux jours qu'il refuse de me parler...

Les larmes ont déchu avec la solitude qui se noie dans la boue.

Un violent sanglot étripa le jeune homme.

« Ruki...! » geignit-il.

Il s'écroula à genoux par terre, les poings serrés et frappa le sol à plusieurs reprise. Il s'allongea ensuite sur la surface froide et reluqua l'appartement de Ruki.

Je ne mérite pas d'être ici...

Les larmes prirent le dessus et commencèrent à rouler doucement sur ses joues, puis de plus en plus au fur et à mesure. Uruha ne cherchait même plus à les arrêter.
Il était en définitive -et de toute évidence- atteint d'auto-dépréciation tant il se sentait sale. Il se sentait inévitablement défaillir sous les derniers événements qui avaient découlé de sa regrettable vulnérabilité.

Et s'il ne revenait jamais ? Et si Reita avait vraiment réussi...? Qu'est-ce que je vais devenir...?

Une angoisse terrible le tortura jusqu'à en diminuer son souffle. Il fut pris par de nombreux spasmes et respirait avec très peu de commodité.

Ruki... Qu'est-ce que je vais devenir sans toi ?

Uruha tentait de reprendre une respiration adéquate, mais cette pensée l'étranglait.

Je ne peux pas vivre sans toi...

Toujours couché sur le sol, il entrouvrit sa chemise dans l'espoir de pouvoir mieux reprendre son souffle. Il tremblait de froid, tout en transpirant comme s'il était pris d'une fièvre maladive.

Nous venons à peine de s'installer ensemble,
ça ne peut pas déjà se finir...!

Uruha épongea son front avec sa manche où perlaient des gouttes de sueurs brûlantes. Sa respiration demeurait saccadée.

Qu'est-ce qu'il m'arrive...?

Il tenta de se relever mais il chancela au milieu du salon, la nausée se réveillant dans son système gastrique.

Je ne veux pas qu'il finisse avec ce malade...!

La pensée de Reita intensifia son envie de vomir. Il courut aux toilettes régurgiter dès qu'il se mit à imaginer un baiser entre Reita et Ruki.
Il se traîna jusqu'à la salle de bain, se passa le visage sous l'eau glacée avant de se laisser tomber près de la baignoire, appuyant sa tête sur le rebord marbré pour calmer sa fièvre.

Si Ruki ne veut plus de moi...
Je ferais tout mon possible pour qu'il ne finisse pas avec un psychopathe.

Uruha se releva pour attraper un gant et le passer sous l'eau froide avant de se reposer par terre, la tête en arrière, appuyée sur le rebord de la baignoire. Il posa le gant sur son front. Des frissons le prirent à cause du froid du carrelage et du gant.

Je ne veux que ton bonheur...
Même si...

Les larmes nouèrent de nouveau sa trachée.

Même si ce doit être sans moi...

Il posa sa tête sur ses genoux et enlaça ses jambes avant de pleurer toutes les larmes de son corps affaibli et malmené.

Je ne veux pas...
Je ne veux pas que tu sois avec quelqu'un d'autre que moi...!

Uruha serrait ses jambes de toutes ses dernières forces pour contrôler ses tremblements.

J'ai besoin de toi...

Il se coucha sur le carrelage de la salle de bain. L'ordre temporel fut subitement chamboulé.

Je t'aime...

Uruha ferma les yeux et resta là, immobile.

Je veux te parler... Une dernière fois si tu ne veux plus de moi... Je veux juste entendre ta voix avant de m'endormir...
Je te laisserais le temps qu'il faudra...
Oh Ruki...! J'aimerais tout te dire ! Mais tu apprécies beaucoup trop Reita pour cela...

Cette injuste pensée transperça son cœur fragilisé.

Et si tu savais : resterais-tu toujours proche de Reita ?

Il préféra chasser cette question de sa tête.

Aoi a dit qu'il ferait son possible.
En attendant c'est à moi et à moi seul de partir. C'est son appartement, pas le mien...
Je reviendrais. Je reviendrais pour tenter une dernière fois de te récupérer.

Uruha s'endormit sur le carrelage de la salle de bain, épuisé et lapidé.

Vivre ou Survivre ?Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum