Chapitre 10

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« Où est Ruki ? questionna Uruha en glissant la tête à travers l'entrée de la loge où Kai et Aoi discutaient.
- Avec Reita, répondit Aoi.
- Et où ça avec Reita ? insista le guitariste sur les nerfs.
- Je n'en sais rien. »

Uruha n'ajouta rien et repartit aussitôt.

Qu'est-ce qu'il fait encore comme stupidité lui ?

Uruha parcourut les longs couloirs à la recherche de Ruki et de Reita.
Soudain, il perçut de ses oreilles attentives la voix de Reita dans la pièce qu'il venait de croiser. Il recula de quelques pas et s'inclina à côté de la porte pour écouter.

« Je suis désolé pour hier, s'excusa Reita, confus.
- Ce n'est pas grave. Ce n'était que du fan service ; tu l'as dit toi-même ! répondit gentiment le blond.
- J'espère ça n'a pas fait de tort entre toi et Uru'... »

Dis plutôt que tu n'attends que ça.

« Non non, je te remercie même pour ce que tu as fait ! s'exclama le chanteur.
- Pourquoi ? riposta, étonné, Reita.
- Uruha ne m'avait pas embrassé aussi passionnément depuis quelque temps. » fit-il en rougissant.

Ruki, tu es le meilleur.

« Ah... soupira le bassiste visiblement déçu. Et bien c'est cool. Enfin... si cela fait quelque temps qu'il ne l'a pas fait, c'est probablement qu'il te délaisse un peu, tu ne crois pas ? »

Ruki ne crois pas ça !

« Non... démentit le jeune homme. Non, il était juste occupé comme nous tous.
- Moi j'ai bien trouvé le temps alors que l'on ne sort pas ensemble, rajouta Reita.
- Oui mais tu as moins de compositions à faire. Uruha bosse dur sur la création de nouvelles musiques. Je ne dis pas là que tu ne fais rien, mais ça lui prend un peu plus de temps que toi. Moi aussi je bosse sur les paroles donc je suis pas tout le temps disponible pour lui, essaya de se rattraper Ruki.
- Si ça te convient... Tu mérites plus d'attention quand même, attaqua le blond avec un regard de lynx.
- C'est gentil. Mais c'est passager. Et puis si un jour on vit ensemble, ce sera beaucoup plus simple. »

Uruha esquissa un sourire à ces mots.

Moi qui croyais que tu avais peur de t'engager...

« Habiter ensemble ? N'est-ce pas un peu tôt ? titilla le bassiste.
- Pourquoi donc ? Ce n'est pas comme si on se connaissait depuis près de dix ans ! ironisa Ruki. Pour moi c'est comme si on vivait déjà ensemble.
- Tu sais bien qu'Uruha n'est pas très "engagement"...
- Ah bon...? »

Ne lui dis pas n'importe quoi !

« Il ne te l'a pas dit ? lança innocemment Reita.
- Non... il m'a dit tout le contraire. »

Crois-moi...!

« ...Il a dû te le dire pour ne pas que tu le quittes.
- Pourtant c'est lui-même qui a lancé le sujet et c'est moi qui ai pris peur, se justifia le chanteur.
- Vraiment ? Il a peut-être changé d'avis alors. Mais ça m'étonnerait. »

Ne cherches pas Reita, ça ne sert à rien.

« Je ne sais pas...
- Je reviens un instant, je vais aux toilettes, le prévint le bassiste.
- D'accord... »

Uruha paniqua et partit dans la pièce d'à côté qui se trouvait malencontreusement être les toilettes en question.

« La poisse...! » souffla-t-il avant de s'enfermer dans une des cabines.

Uruha entendit la porte s'ouvrir et se refermer violemment dans un claquement aigüe.

« Pourquoi ne me croit-il pas ?! s'énerva Reita. Je pourrais être tellement mieux que lui, pourquoi n'ouvre-t-il pas les yeux ?
- Tout simplement parce qu'il m'aime et pas toi, répondit sèchement Uruha en sortant de sa cachette.
- T'écoutes aux portes toi maintenant ? T'es plus pitoyable que ce que je croyais.
- Ne cherches pas, tu ne m'impressionnes plus. »

Reita ria méchamment et s'approcha d'Uruha qui ne bougea point.

« Waouh, impressionnant ! Tu n'as même pas reculé avec ton petit air de chienne battue, cracha salement le bassiste.
- Je ne te laisserais pas Ruki.
- Mais qui t'a dit que j'attendais ton autorisation ?
- Ruki se fout de toi. Tu auras beau essayer ça ne marchera jamais. Regardes ce que ça a donné quand tu lui as léché le cou : il n'a même pas réagi, démontra, déterminé, Uruha.
- Il ne m'a pas repoussé, constata Reita.
- Mais c'est normal ! ricana Uruha, on était sur scène, et contrairement à moi, il n'attendait qu'une chose : que tu arrêtes. »

Reita serra les poings.

« Tu aimerais tant t'en convaincre, insista Reita, la rage au ventre.
- Pas besoin ; je le sais et bientôt, on habitera ensemble. Tu ne pourras plus rien nous faire.
- Il se rendra vite compte qu'il serait mieux avec moi, se persuada le blond.
- TU aimerais t'en convaincre, répéta Uruha avec un large sourire avant de s'approcher de son homologue.
- Tu n'es rien, affirma ce dernier.
- Si je suis rien : pourquoi n'es-tu pas déjà avec Ruki ? »

Reita serra les dents presque à en grincer. Uruha se rapprocha davantage. Il était à quelques centimètres de son visage.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu veux me frapper peut-être ? Mais vas-y, ne te gênes surtout pas, le provoqua le guitariste.
- Je t'aurais un jour ; et crois-moi tu n'oseras et tu pourras plus rien faire pour m'arrêter. »

Reita frappa violemment le mur à côté de la tête d'Uruha avant de sortir en furie silencieuse.
Ruki entra quelques secondes plus tard.

« C'était quoi ce bruit ? Oh n'amour, c'était toi ? demanda celui-ci.
- Oui, excuses-moi, j'ai tapé dans le mur sans faire exprès, prétendit Uruha.
- Où est passé Reita ?
- ...Aucune idée. »

Uruha s'approcha de Ruki et l'attira furtivement vers lui. Cependant, le chanteur le repoussa gentiment contre le mur.

« Qu'est-ce que tu fais ? questionna le jeune homme.
- Pourrais-je t'embrasser sur scène ? demanda Uruha en s'approchant des lèvres de Ruki.
- Non. Aoi et Kai ont été fermes ; ils vont râler après. Il faut les comprendre. Et puis ils ont raison, ça nous attirerait énormément de problèmes.
- Oh mais je vais faire comment pour tenir ? se lamenta Uruha en effleurant le cou de son amant.
- Je... Je ne sais pas », fit seulement Ruki qui avait du mal à respirer alors qu'Uruha glissait sa main sous son haut.

Uruha embrassa enfin Ruki en caressant son torse de sa main brûlante. Ruki gémit. La porte s'ouvrit sur Reita qui resta scotché quelques instant.

« Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda innocemment Ruki.
- ...On doit se préparer pour le concert. »

Reita sortit en claquant rudement la porte derrière lui.

J'espère que ça t'a fait aussi mal que ce que tu m'as fait. Sinon crois-moi : je ferais tout pour que tu souffres autant.

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