Chapitre 5

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Uruha rouvrit les yeux, complètement nu sur son lit. Il s'était évanoui cette fois encore et comme d'habitude, Reita l'avait étouffé jusqu'à en frôler la mort.

Pourquoi ne me tue-t-il pas, tout simplement...?

Uruha se redressa avec peu de volonté. Reita était parti et l'avait laissé comme un vulgaire jouet qui l'avait lassé.

Tout du moins pour le moment.

Le jeune homme attrapa ses affaires et s'enferma dans la salle de bain. Adossé contre la porte, il jeta un coup d'œil au-dessus de la vasque. Il était bien content que le miroir ne soit plus là pour refléter son état déplorable. Il fit couler l'eau brûlante du bain et plongea son pied dedans. Puis il laissa son corps glisser et se détendre contre le marbre encore froid.
Assis, les genoux ramenés contre son torse, il resta comme ça un long moment, l'eau montant autour de lui doucement, consumant sa peau peu à peu.
Son envie de régurgiter refit surface.
Il attrapa le savon et se mit à se frotter vigoureusement la peau comme pour effacer toutes les traces du contact de Reita.
Sa peau devenait de plus en plus rouge, brûlée par les frottements. Puis il cessa enfin avant de fondre en larmes, dégoûté de lui même, souillé tant bien de l'intérieur que de l'extérieur.
Il repensa à sa discussion avec Aoi l'après-midi de la veille.

"Bien sûr, pourquoi ça n'irait pas ? J'ai un chéri que j'aime par dessus tout, mon métier est le meilleur au monde... Je ne vois pas comment ça ne pourrait pas aller."

Cela sonnait si faux. Pourtant, dans le fond , c'était vrai. Il avait tout ça, mais non, ça n'allait pas.

Une névrose incurable et permanente peignait désormais son quotidien devenu morose.

Ça ne va pas bien du tout.

Uruha céda à ses sanglots accumulés dans sa gorge et résonnèrent cette fois à travers la salle d'eau.

Ruki... si tu savais... Reita... pourquoi es-tu devenu comme ça ? Ce n'était pas comme ça avant, ça n'a jamais été comme ça avant. Tu étais toujours le premier à me défendre quand on était jeunes. Pourquoi es-tu devenu comme ça ? Qu'ai-je fait pour que tu me traites ainsi...?

Le jeune homme plongea sa tête sous l'eau pour cracher sa douleur et resta ici, la tête sous l'eau dans l'espoir de se noyer avant que l'image de Ruki en pleures ne l'oblige à arrêter ces intentions funestes.

Je ne veux pas que Ruki souffre à cause de moi...

Uruha sortit de l'eau. Il chercha un miroir dans ses tiroirs et en trouva un rapidement pour vérifier son cou. Il y avait des marques rouges, à l'endroit même où Reita avait serré sa main coupable.
Il reposa le miroir sur le rebord du lavabo, se dirigea dans la cuisine et attrapa un verre qu'il remplit d'eau avant d'avaler plusieurs somnifères afin d'éviter de cauchemarder sur cette soirée.
Enfin il alla dans sa chambre, arracha les draps et en mit des propres.
Il jeta un œil à l'heure une dernière fois -quatre heures du matin- avant de sombrer dans un sommeil plus vide que le chaos.

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Aoi était dans la cuisine avec un verre d'eau à la main lorsque Kai entra et le fit par la même occasion sursauter.

« Tu ne dors pas encore ? Il est quatre heures du matin, contesta le jeune homme qui venait de rentrer.
- Non, je n'ai pas sommeil... »

Kai observa un instant son partenaire avant de s'approcher de lui pour le prendre dans ses bras. Aoi posa son verre et se blottit dans les bras de son amant.
Il soupira, apaisé et détendu dans les bras du brun.

« Qu'est-ce qui te préoccupe autant ces derniers temps pour que tu ne dormes plus ?
- Je... Je ne sais pas... » lâcha le guitariste.

Après tout, il a dit qu'il allait bien, il pouvait au moins lui faire confiance. Uruha lui aurait dit s'il n'allait pas bien, non ?

« Aoi... »

Kai lâcha Aoi et plongea ses yeux dans les siens avant de caresser doucement sa joue. Aoi ferma les yeux pour profiter de cette douceur.

« Je te connais par cœur, je sais quand tu me mens. En l'occurrence je pense que tu me caches quelque chose. » avoua le batteur, inquiet.

Aoi soupira puis rouvrit les yeux.

« Je m'inquiète pour Uruha, avoua ce dernier.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Là est le problème : je ne sais pas. Je le trouve... étrange ces temps-ci, expliqua le brun visiblement angoissé.
- Tu en as discuté avec lui ?
- Oui, mais il refuse de me dire quoi que ce soit. Il prétend que tout va bien.
- Pourtant Uruha n'est pas du genre à nous mentir. Encore moins à toi, répondit Kai pour rassurer son amour.
- Tu as sûrement raison mais... Je ne sais pas, quelque chose cloche, sortit-il le regard perdu dans le vide.
- Quand lui en as-tu parlé ?
- À la dernière répétition.
- Et bien réessayes ce week-end. Passes chez lui, peut-être qu'il sera plus en confiance pour te raconter ce qu'il ne va pas si jamais c'est le cas, lui conseilla son partenaire.
- Oui... Tu as raison.
- Comme je te l'ai dit, il n'y a peut-être pas lieu de se faire du mouron.
- Je l'espère. »

Kai sourit pour réconforter son homologue puis l'embrassa brièvement sur les lèvres avant de l'inviter dans ses bras. Aoi enlaça son brun et l'embrassa plus longuement encore comme pour le remercier de sa précieuse présence.

Je parlerai à Uruha le plus tôt possible.

Vivre ou Survivre ?Where stories live. Discover now