Vivre ou Survivre ?

Chapitre 19

Ruki et Uruha avaient déposé Reita chez lui. Ruki l'avait soigné tandis que Reita était à peine conscient. Uruha, lui, était resté en retrait, surveillant la moindre des réactions de Reita, prêt à bondir s'il daignait encore toucher son amant.
Puis ils étaient rentrés chez Ruki, encore secoués par les derniers événements.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Uruha après un long silence, osant à peine approcher Ruki.
- Je ne sais pas, il est venu comme d'habitude et a commencé à parler de toi comme si tu n'existais plus, je n'ai pas compris. Puis il a voulu me prendre dans ses bras, j'ai refusé et là... »

Ruki resta un instant la bouche entrouverte à fixer le sol.

« Qu'est-ce qu'il a fait ? insista doucement Uruha.
- Il a pété un plomb ; il s'est énervé, je lui ai demandé de partir pour se calmer mais il n'a pas voulu... »

Uruha serra les poings. 

« Alors il a tenté de m'embrasser mais j'ai reculé. Il m'a donc attrapé les poignets et tu es arrivé à ce moment-là. »

Uruha se mordait la lèvre.

J'aurai du arriver beaucoup plus tôt.

« Tout est de ma faute, s'enquit Uruha en baissant la tête.
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? »

Uruha releva la tête et croisa le regard triste de Ruki qui lui serra atrocement le coeur.

« J'avais peur...
- De quoi ?
- Je pensais que ce n'était que passager, je ne pensais pas que ça irait aussi loin. J'ai eu peur qu'il s'en prenne à toi, j'avais peur que tu ne me crois pas... Je suis désolé, je pensais te protéger, mais j'ai tout gâché... »

Uruha retint avec peine ses larmes pimentées de culpabilité.

« Alors... Toutes ces fois où tu voyais Reita... déduisit Ruki.
- Oui...
- Mais... Et les jours qui suivaient ?
- Je ne voulais pas que tu vois ces affreuses marques sur moi.
- Oh...! Uruha... »

Uruha regarda Ruki qui serrait ses poings sur ses genoux, les yeux fixes.

« Ruki, tu n'as rien fait, le rassura Uruha en posant sa main sur ses poings.
- J'aurai du le remarquer...! »

Uruha vit des larmes s'égarer sur les joues de Ruki. Il le prit alors dans ses bras sans réfléchir.

« Tu ne pouvais pas savoir, tu n'as pas à t'en vouloir. »

Ruki nicha sa tête dans le cou d'Uruha qui le serra encore plus fort pour ne plus jamais le perdre.

Je t'aime...

« Comment ai-je pu croire Reita...? Je suis si désolé...
- C'est rien, c'est fini maintenant... » le cajola Uruha.

Définitivement fini, je l'espère...

Ruki se dégagea des bras d'Uruha.

« Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? Kai, Aoi et le groupe ?
- Aoi est au courant.
- Pardon ?
- Oui. Un jour j'ai laissé sous entendre que quelque chose n'allait pas et -tu connais Aoi- il n'a pas lâché l'affaire. Il m'a sauvé la vie après que Reita m'ait... Je lui devais donc la vérité... Et Kai... je ne sais pas trop mais il sait que quelque chose ne va pas entre Reita et moi. Pour ce qui est du groupe, je n'en ai aucune idée... développa Uruha, hésitant.
- Je ne veux plus, je ne peux plus m'imaginer avec lui sur scène après ce qu'il s'est permis de te faire...!
- Je sais. Mais on a besoin de lui. Imagines la réaction de nos fans... The GazettE ne peut pas s'en passer... »

Un silence morose s'installa un instant entre les deux individus.

« Oh non... couina Ruki.
- Quoi ?
- Sa veste, répondit Ruki en montrant celle-ci dans un coin. C'est à Reita, il va revenir la chercher, se plaignit-il à regret.
- Pas si je lui rapporte pendant qu'il est encore à moitié conscient, suggéra le guitariste.
- Mais il risque de s'en prendre encore à toi ! »

Uruha caressa la joue de Ruki pour le rassurer.

« Ne t'inquiètes pas, à force, je sais me défendre contre lui !
- Fais vite alors, je t'attends. »

Uruha attrapa la veste et sortit, puis revint.

« Si je ne suis pas là dans une heure, passes à mon appartement.
- Pourquoi ?
- Il habite à côté. Donc si par malheur il arrivait à me faire quoi que ce soit, je me cacherais là-bas.
-... D'accord... »
- Mais n'ai crainte, il ne se passera rien ! »

Uruha sortit après avoir embrassé tendrement et amoureusement son amour. Il se précipita jusqu'à chez Reita, pressé de se débarrasser de cette veste encombrante et se poser avec Ruki pour de bon.

Tout est fini. Je vais enfin vivre tranquillement avec Ruki.
Plus rien.
Plus rien ne nous gâchera l'existence.

Uruha arriva essoufflé chez Reita et entra sans frapper. Il demeura stoïque au milieu du salon. Reita n'était plus sur le canapé.

Ce n'est pas possible ! Il était à peine conscient quand on l'a laissé tout à l'heure.

Un violent coup derrière sa tête l'interrompit dans ses pensées. Il tomba comme une masse par terre, étourdi.

« Tu es si prévisible. J'étais sûr que tu viendrais me ramener la veste comme un bon chien-chien ! »

Reita ne l'avait pas manqué. Uruha, à plat ventre sur le sol, sentait un liquide chaud couler sur son cuir chevelu ; son sang a priori. Il se releva difficilement.

« Sale malade, articula-t-il.
- Autant que toi mon pauvre » répondit Reita avec un sourire tordu à cause de sa blessure à la lèvre.

Le bassiste se jeta sur Uruha mais celui-ci l'esquiva tant bien que mal.

« Il n'y a plus ton cher et tendre pour nous arrêter ! Alors ne te gènes surtout pas ! »

Uruha sentit un filet de sang couler dans sa nuque ; la haine se déploya au fond de lui.

Je veux vivre avec Ruki...!

Uruha sauta sur Reita et lui donna un coup de poing que lui redonna sans plus tarder le blond. S'en suivit un corps à corps de plusieurs minutes. Uruha ne sentit même pas son portable vibrer dans sa poche de jean, jusqu'à ce que Reita plaque Uruha contre la baie vitrée qui donnait vu sur une cour intérieure privée.

« C'est fini Uruha. »

Reita serra ses mains autour de la gorge du guitariste.

« Peu importe, maintenant que Ruki connait la vérité, il ne voudra plus jamais de toi ! Tu comprends ? Jamais ! »

Reita cogna plusieurs fois et violemment la tête d'Uruha contre la vitre qui finit par se briser sous plusieurs cliquetis qui ne présagèrent absolument rien de bon.
Uruha se dégagea vivement sur le côté, et le mouvement fit basculer Reita vers l'avant.

« NON !!! »

Uruha tenta d'attraper le bras de Reita, mais celui-ci lui échappa. Il vit alors Reita chuter de plusieurs étages à travers un cri épouvantable, son regard aiguillé d'effroi s'éloignant peu à peu, pour atterrir dans le petit jardin au milieu de la cour, inerte.