Chapitre 3

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« Qu'as-tu fait à ta main ? » demanda Aoi, intrigué.

Ce dernier observa le pansement qui recouvrait le côté de la main d'Uruha. Il semblait néanmoins chercher un moyen de le cacher.

« Oh ça c'est rien, dit-il embarrassé.
- Il s'est coupé avec son miroir, répondit Ruki en hochant la tête avec l'air affligé par l'étourderie de son copain.
- T'étais pas obligé de leur dire, riposta Uruha sèchement.
- Mais comment tu t'es débrouillé ? demanda Kai qui fixait la main bandée, vraiment surpris qu'on puisse se couper aussi aisément avec un miroir.
- Euh... Uruha se gratta la tête, visiblement gêné. J'ai glissé dans ma salle de bain. C'est idiot, je sais. »

Un rire nerveux sortit de sa bouche pâteuse.

« T'as... glissé, répéta Aoi qui n'y croyait point.
- Oui, c'est ridicule hein ? » répondit le concerné en riant de nouveau.

Aoi fixa encore une fois sa main.

Comment les autres pouvaient gober une histoire pareille ?

Glisser ? Comment Uruha pouvait-il avoir glissé et avoir eu pour seul réflexe de taper dans son miroir ?
Ça ne prenait aucun sens.

Aoi l'observa fuir son regard accusateur.

Pourquoi mens-tu ?

« Tu n'es vraiment pas doué, fit seulement Reita.
- Je confirme... » enchérit Aoi.

Uruha baissa la tête, écrasé par la honte.

« Oui, je sais... Mais je peux jouer, c'est tout ce qui compte, non ? D'ailleurs on devrait continuer les répétitions au lieu de me faire passer un interrogatoire.
- Oh non, je voulais fumer une clope, couina Ruki. Encore cinq minutes s'il te plaît. »

Son interlocuteur soupira bruyamment.

« Bon, très bien, mais moi je ne sors pas ; il fait trop froid.
- Je te suis, lança Reita en imitant les pas de Ruki qui sortait déjà en jouant avec son paquet de cigarettes bleu.
- Je reviens, je vais voir un truc avec le staff » prévint Kai en suivant les autres.

Aoi et Uruha se retrouvèrent donc seuls. Un long silence pesant s'installa entre les deux individus.

« Ça va ta blessure ? Ça ne te tire pas trop avec les accords ? demanda enfin Aoi qui cherchait comment aborder innocemment son ami.
- Oui, oui ne t'inquiètes pas. »

Le silence se réinstalla de suite.

« Sinon, si t'as mal, tu le dis, il n'y a pas de problème.
- Ça va je te dis. Ne t'inquiètes pas, c'est qu'une légère coupure.
- Hum, ça me semble juste étrange la façon dont tu t'es coupé.
- J'ai glissé ! s'énerva Uruha en hachurant ses mots. Ça peut arriver à tout le monde.
- Uru... Tu t'es coupé le côté de la main, comment t'as pu tomber de cette manière ? insista le jeune homme.
- Tu crois que je réfléchis à comment je tombe ?
- Non... C'est juste...
- Quoi ?
- T'es sûr que ça va ces derniers temps ? » questionna Aoi étranger à la véritable situation de son camarade.

Le visage du dernier se ferma un instant avant qu'il ne se mette à sourire innocemment.

« Bien sûr, pourquoi ça n'irait pas ? J'ai un chéri que j'aime par-dessus tout, mon métier est le meilleur du monde... Je ne vois pas comment ça pourrait ne pas aller.
- Ce n'est pas faux mais la dernière fois, avec ce que tu m'as dit, je me demande si tout va bien. »

Uruha tressaillit. Cela n'échappa aucunement à son ami au labret décalé.

« Ne me dis pas que tu y as cru ? échappa Uruha.
- Et bien...
- Je plaisantais Aoi ! Franchement, comment as-tu pu croire que j'étais sérieux ?
- Je ne sais pas, je demandais.
- Sacré Aoi ! Vraiment n'importe quoi. »

Uruha tapota l'épaule de son homologue inquiet avant de sortir.

Aoi demeura seul, planté au milieu de la pièce.
Pourquoi ne suis-je pas convaincu ?

Son ami avait l'air beaucoup plus sincère la dernière fois.

La porte se rouvrit. Il sentit deux bras l'enlacer avec tendresse.

« Tu vas bien ? demanda Kai, la tête collée contre le dos d'Aoi.
- Oui, tout va bien. »

Uruha, qu'est ce que tu caches ?

Aoi tourna les talons et enlaça son partenaire afin d'oublier ses multiples interrogations.

Vivre ou Survivre ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant