Chapitre 19 : Now the joke is on our dear Gotham

121 10 6
                                    

- Dormeuse, dormeuse, dormeuse, entendit-elle.

Elle se réveilla en reconnaissant la voix de Jérôme, étouffée par la barrière vitrée, en croyant d'abord qu'elle l'imaginait.

- Ginger, souffla-t-elle en s'entendant à peine.

Elle n'avait jamais utilisé ce surnom auparavant. Cela lui était pourtant venu naturellement, souvenir lointain de Barbara qui utilisait ce terme pour le désigner.

- De beaux rêves ?

- Sanglants, répondit-elle en s'asseyant.

- De très beaux rêves, alors.

Elle sentit un léger picotement sur son flan droit. Elle leva son débardeur, et redécouvrit le bandage teinté de rouge. Elle fronça les sourcils, en comprenant qu'elle aurait du avoir bien plus mal. Intriguée, elle retira rapidement le bandage.

- T'emballes pas, Beauté, on est toujours séparés.

- Je lève pas mes vêtements que pour ton bon plaisir, Jay'.

Il se contenta de sourire en soupirant de déception. Elle retira tout à fait la bande, et examina sa peau en la tâtant du bout des doigts. Elle ne ressentait plus la douleur vive de la veille, et la peau était plus nette, les brûlures n'apparaissaient quasiment plus.

- Ça... commença-t-elle sans réussir à terminer immédiatement. Est-ce que tu vois ça, bordel ?

- Quelque chose d'incroyable ?

- Hier, je me suis fait brûler en me battant contre une barjot avec des flammes, une autre des enfants de Strange. J'étais vraiment brûlée, et regarde... y a presque plus rien. Je sais même plus si je dois aller arracher la peau à Strange, ou le remercier.

- Si tu veux, tu le remercie pendant que je lui marque chaque parcelle de peau au fer rouge.

Annie leva les yeux vers Jérôme avec un sourire moqueur.

- J'adorerais, répondit-elle.

- Je te promettrais bien ce présent, Arley.

Elle ne répondit rien, et reprit l'inspection de sa blessure. Elle se leva et fit quelques mouvements, qui se révélèrent indolores.

- Incroyable, souffla-t-elle.

Un chariot passa au même instant pour délivrer les repas. Les deux jeunes adultes furent servis, et mangèrent sans appétit. Longtemps après, chacun fut sortit de sa cellule en même temps. Annie ressentit une sorte de satisfaction à les voir tous les deux enfin dehors, en même temps, si proches l'un de l'autre sans qu'aucune barrière ne les sépare. Alors que les infirmiers les emprisonnaient dans des menottes, ils s'observaient, sans exprimer aucune émotion. Ils se contentaient de retrouver l'autre dans sa réalité la plus parfaite.

- Regarde-les, tous les deux, à se regarder comme s'ils allaient pouvoir se retrouver, c'est presque touchant, se moqua l'infirmier en face d'Annie.

Son collègue ricana.

- Vous profitez bien de votre séjour à Arkham ? Demanda l'autre en face de Jérôme. Dommage qu'on n'ait pas de chambre double, cela dit, ça nous aurait fait passer le temps.

- Je peux vous l'écourter, par contre, proposa Jérôme en posant sa tête de côté avec un sourire malsain. Moi, je suis juste en vie, continua-t-il, je pourrais vous arracher les yeux avec mes dents, ce qui aurait un goût sûrement surprenant que j'aimerais probablement, mais je n'aurais pas le temps de terminer. Par contre, je pourrais lui demander à elle de vous mettre au sol sans que vous ne l'ayez entendu se déplacer. Et vous n'auriez qu'à vous plaindre au près de votre cher Docteur Strange.

Le Temps de la Nuit (Jerome Valeska) Where stories live. Discover now