Chapitre 4 : Leçon de séduction

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C'est le Docteur Strange qui accueillit Jérôme à Arkham, avec ses manies habituelles. Le rouquin le regardait faire, sans dire quoi que ce soit, se contentant de l'observer d'un regard et d'un sourire inexpressifs. Il dû enfiler un uniforme de très mauvais goût, rayé de blanc et de noir.

Ils avaient fini par le démasquer, il avait pourtant été si parfait ! Mais ce Gordon avait été plus malin qu'il ne l'avait pensé. Il l'avait peut-être sous-estimé. Ce qui ne faisait pas de lui moins qu'un génie. Ils le firent avancer jusque dans l'enceinte de l'asile, avec le reste des prisonniers. Ou plutôt des internés. Comme aimait à le dire Hugo Strange, il n'est pas le directeur d'une prison, mais d'un asile. À sa droite, des barreaux retenant des hommes et des femmes aux visages dégradés, salis, aux yeux vitreux. Jérôme s'arrêta un instant pour les regarder, soulevant un sourcil qui déforma son front. Le séjour risquait d'être long. Les gardes lui pressèrent légèrement le dos pour qu'il reprenne sa marche.

- Te voilà chez toi, Jérôme, dit d'une voix lente et froide le Docteur Strange.

Il se tourna vers lui, nonchalamment, le regard presque menaçant. Mais un sourire apparu, que le Docteur Strange fit semblant de comprendre, sans se sentir déstabilisé. Il ne l'était jamais. Un génie tel que lui n'était jamais déstabilisé, et surtout pas par des personnages comme Jérôme, qui se prenaient pour ce qu'ils n'étaient évidemment pas.

- Ravi que cela te plaise, dit Strange. Je te laisse faire connaissance avec tes nouveaux camarades.

Il sourit à son tour, en considérant Jérôme derrière ses lunettes rondes, inclinant légèrement la tête. Le jeune homme ne répondit pas, conservant son attitude arrogante et supérieure. Il se sentait déjà comme chez lui. Non pas qu'il faisait parti de ce type de personne, mais qu'il n'aurait aucune difficulté à leur montrer qu'il était bien au dessus d'eux. Il était désormais de l'autre côté des barreaux, avec les autres. Il posa sa tête entre deux, tenant la cage de ses mains, et se mit à rire sans contrôle, alors que Strange passait devant eux.

Tout était long à Arkham. Le temps, la vie, les jours. Même les heures de repas semblaient interminables. La première chose à faire était bien évidemment trouver des personnes notables, qui puissent l'aider – si d''aide il avait besoin – dans ce confinement. Et quoi de mieux que de s'emparer de la bienfaisance d'un homme richissime, aux allures bourgeoises, et aux privilèges inconsidérés dans un endroit tel qu'Arkham ? Et Jérôme avait son parfait candidat pour ce poste considérable : Richard Sionis, homme d'affaire opulent, séduisant, et meurtrier de surcroît, ils avaient tout pour se plaire. L'après-midi était à son milieu lorsque le jeune Jérôme s'assit en face de Sionis. Les deux hommes se regardèrent un long instant, sans qu'aucun d'eux ne parle. Jérôme claqua sa langue imperceptiblement.

- Je suis intéressé par vous, Richard Sionis, dit-il avec un regard professionnel. Plus exactement, j'ai besoin d'un ami au sein de notre petite communauté de cinglés.

Un homme de grande taille s'approcha de Jérôme au même instant, un collier de perle à la main.

- Hé regarde, regarde, il est joli mon collier, tu peux me le mettre, j'y arrive pas.

Il enchaînait rapidement les mots entres eux, les confondant presque, omettant certains sons. Jérôme serra les poings sur la table, alors que l'autre continuait à l'assommer de ses paroles inutiles. Il sourit férocement à Sionis :

- Je vous prie de m'excuser trente secondes, il se tourna machinalement vers l'homme. Dégage, s'il te plaît, avant que je te fasse avaler ton collier perle par perle jusqu'à ce que tu meurs d'étouffement et que ton sang sorte par tes yeux lentement, articula-t-il en serrant les dents.

Le Temps de la Nuit (Jerome Valeska) Where stories live. Discover now