Chapitre 17 : More dead than alive

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Annie n'avait plus conscience de son propre être, ou de ce qui l'entourait. Elle était simplement en vie. Mais le docteur Strange en avait décidé autrement, et déclara qu'Annie avait succombé aux coups de son agresseur. Elle s'était elle-même livrée à lui, sans le savoir.

- Vous savez, tout le monde pense que cette jeune femme est folle, Madame Peabody, dit Strange en regardant les infirmiers brancher Annie aux machines.

- Ne l'est-elle pas ? S'étonna son assistante.

- Bien sur que si, et nous avons le parfait couple destructeur que nous recherchions.

- Si Jérôme Valeska se souvient de ce qu'il était...

- Oh, il s'en souviendra, répondit Strange avec certitude.

- Ces deux cas seront extrêmement dangereux lorsqu'ils seront regroupés, vous en êtes conscient.

- Parfaitement conscient. Mon clown et mon arlequin, enfin ensembles.

- Vos expériences m'inquiètent de plus en plus, docteur...

- Oh ne vous inquiétez pas, lorsque rien n'est sous contrôle, il suffit de faire comme si tout l'est effectivement. Et rien n'est plus facile de faire semblant dans un monde où tout est faux... Annie Henderson n'est pas morte, mais elle ne tardera pas à l'être.

- Vous allez la tuer ? s'étonna-t-elle.

- Plus ou moins, oui. Mademoiselle Henderson n'est pas morte physiquement, mais je veux lui faire oublier qui elle était, je veux lui retirer toute émotion, sauf celle qu'elle éprouve pour son binôme.

- Et que comptez vous faire pour Jérôme Valeska ?

- Le plus important pour lui est de se réveiller de sa longue absence. Ensuite, nous les ferons se rencontrer une nouvelle fois, afin d'éveiller les passions premières, celles qui ont fait d'eux ce qu'ils sont.

- Comment être sûr qu'ils s'aimaient déjà ? Ils sont fous, l'un comme l'autre...

- « La folie des amants est la plus douce des folies », récita Strange.

- Espérons qu'elle ne soit pas la plus meurtrière.

- Ne vous en faites pas Madame Peabody, Gotham a besoin d'amour.

L'ADN dilué s'immisça lentement dans les veines d'Annie. Le docteur Strange avait spécialement composé pour elle un mélange chimique avec du sang de murène, discrète et vorace. La nature violente d'Annie serait alors probablement décuplée par la mutation génétique.

- Le mélange va bientôt entrer dans l'organisme du sujet, dit une voix à l'intérieur du bloc opératoire.

Le docteur et son assistante s'arrêtèrent alors de parler, pour observer la suite des évènements. Ils voyaient le liquide jaunâtre se déplacer avec lenteur dans le minuscule tube transparent. L'ADN modifié allait atteindre la perfusion posée à l'intérieur de son poignet.

- J'adore ce moment, jubila Strange avec un frisson.

En effet, le liquide intégra le corps même d'Annie dans la seconde qui suivit.

- Le pouls s'accélère, dit la voix.

De petits tremblements faisaient frémir les membres d'Annie. Strange étudiait attentivement la progression du liquide. Les tremblements se firent plus nombreux et plus marqués.

- Ce n'est pas normal, fit remarquer Madame Peabody avec inquiétude.

- Continuez, ordonna Strange.

La moitié du fluide avait déjà été avalé par les veines d'Annie lorsque celle-ci ouvrit brusquement les yeux.

Le Temps de la Nuit (Jerome Valeska) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant