Malheureusement, c'est impossible, pour l'instant.

Mais j'espère que plus tard, quand tu pourras partir, tu le feras. J'espère que tu ne perdras pas ton amour des cactus, ton amour de la nature et de la vie.

J'espère que tu découvriras tous les plaisirs de la vie, que tu ne te laisseras pas diriger par la société.

Je veux que tu dessines, que tu lises, que tu fasses de la photo, que tu aimes, que tu respires, que tu vives, que tu nages, que tu regardes, que tu explores.

Dylan, la vie, Harry te l'a dit, c'est merdique. La vie c'est merdique et il faut que tu le saches.

Oh, tu rigoleras avec tes copains et tu souriras, tu aimeras certaines journées et d'autres moins. C'est normal que maintenant, la vie semble une belle chose. Tu es jeune, tu ne sais pas comment peut être le Monde. Comment l'existence de centaines de personnes peut être détruite en quelques secondes. Comment les fôrets sont rasées sur des millions d'acres. Comment l'air est entourée de molécules chimiques.

Il faut juste que tu saches que parfois, si tu te sens coincé, en cage, si tu te sens dirigé, c'est parce que la vie est merdique. La routine que la société nous impose nous entraîne peu à peu dans cette roue effrénée. Cette roue qui tourne tellement vite, qu'il est souvent impossible d'en sortir. Elle roule tellement vite, on se sent compressé, pressurisé par la routine maladive.

Et la solution, c'est de tout faire en sorte pour ne plus te sentir coincé. C'est essayer de sortir de cette roue, au risque de se faire un peu mal en tombant. La solution, c'est de continuer à croire à ce que tu aimes, de continuer à avoir tes opinions, de continuer à être et à respirer.

Si tu arrêtes, si tu te plies face à la société, elle te gobera.

Si, par contre, tu résistes et tu mets ton pied au sol; tu vivras et la vie sera moins merdique.

Et je crois que Harry et moi, en décidant de partir le premier janvier, c'est ce qu'on a fait: on a résisté à la tentation d'être comme tout le monde et d'avoir une routine. On s'est échappé de la roue.

Un n'est pas plus mauvais que l'autre. La routine, c'est bien, pour certain. La banlieue aussi. L'Inde et les cactus aussi. Tu dois juste trouver le choix qui est fait pour toi, Dylan.

Pendant cette grande aventure, Harry et moi, on pensera à toi. On t'enverra des photos. On t'enverra des cartes postales et des petits souvenirs.

On t'enverra des dessins, des petites lettres.

On t'enverra de l'aventure, pour que tu aies le goût de te battre pour tes choix, plus tard.

Tu sais que tu peux toujours compter sur nous, Dylan. Tu sais que Harry sera toujours là pour te parler de la vie. Si tu as des questions, ne te sens pas gêné, n'aie pas honte, pose-les. Même si nous sommes à l'autre bout du monde, tu peux toujours nous écrire, tu sais. Harry, il aime bien t'expliquer des trucs.

Et je te le promet Dylan, dès que nous reviendrons, on partira pour une autre aventure de bus, avec toi. On te racontera cette grande aventure indienne, en regardant les étoiles.

Pendant ce temps, ne perds pas espoir. Ne perd pas ta joie de vivre, ton désir d'explorer, ton attirance pour la vie.

Ne perd pas ton innocence.

Garde espoir. L'école peut sembler longue. L'école peut sembler te restreindre. L'école peut te sembler ennuyante. Mais un jour, tout sera fini.

Pendant ce temps, fais des petites aventures de bus avec des gens que t'aimes bien. Des gens qui comprendront le vrai sens de ces aventures. Occupe-toi de mon petit cactus et des tiens. Fais ce qui te plait.

Harry et moi, on t'aime, Dylan.

Et même si on part loin, on reviendra un jour, pour t'expliquer qu'est-ce que c'est, des jeux de meilleurs amis, seul, dans sa chambre.

On t'expliquera la vie, selon nos expériences.

On t'expliquera la vraie vie, Dylan.

Neva et Harry. xx.

P.S: tu m'enverras des photos de mon cactus, pour que je puisse voir comment il va, d'accord? Dis-lui que je l'aime.

***

Harry.

Dylan releva son regard de la lettre.

Ses petits yeux bleus étaient remplis de larmes.

Rapidement, il sauta au cou de Neva, enfouissant son petit visage dans son cou, avant de se mettre à pleurer.

Neva ferma ses yeux et flatta le dos du petit, avant de lui murmurer que tout irait bien.

-On reviendra, Dylan. Ce n'est pas la dernière fois que tu nous vois, je te le promet, chuchota-t'elle en déposant un petit baiser sur la tempe du petit.

Il renifla, avant de se reculer. Il essuya ses yeux, avant de prendre une grande respiration et de venir m'enlacer.

Du coin de l'oeil, je remarquai que Neva essuyait discrètement ses yeux, me regardant après.

-Je t'aime, mimais-je en la regardant, serrant toujours Dylan dans mes bras.

Elle me fit un sourire, avant poser sa tête contre mon épaule, apportant sa main contre la tête de Dylan.

Il se recula, nous regardant.

-Je vais m'ennuyer, chuchota-t'il en passant ses petits poings sous ses yeux.

-Moi aussi, Dylan, murmura Neva d'une voix rauque par la tristesse.

Elle prit son poignet droit, avant de détacher un des bracelets tissés. Sans un mot, elle le renoua contre le petit poignet hâlé de l'enfant.

Dylan posa sa tête contre mon torse, regardant le cadeau de Neva. Et pour qu'il ait aussi un petit souvenir, je dénouai le bandana noir, sur ma tête, pour l'attacher contre ses cheveux bouclés.

Il nous donna un dernier câlin, à tous les deux, avant de prendre la lettre et le cactus de Neva.

-Vous allez m'écrire, hein? murmura-t'il en se tenant près de sa porte d'entrée.

J'hochai la tête, un sourire sur les lèvres.

-On t'écrira toujours à toi en premier. Tu es notre combinaison de chromosomes à tous les deux, après tout...

***
cette lettre fictive, je vous la donne aussi à vous.

prenez tous ces mots pour vous.

je sais pas, imprimer-la et garder-la dans une boîte secrète.

pour que vous ayez une source de motivation hein.

vous imaginez un monde où tout le monde vagabonde dans tous les pays du monde. un monde ou tu croises des gens une journée, tu ne
les revois plus jamais parce qu'ils sont en Irak et que toi t'es rendu en Suisse.

Un monde ou y'a pleins de petits hotêls, de gîtes et de camping.

un monde sans passeport, sans papier, l'anarchie. Mais une bonne anarchie.

Tu te promènes, personne ne te connait, tu te promènes et puis tu vie avec ton corps, tu jouis et puis tu respires. Tu t'appelle Simone un jour et Laurie, un autre. Tu n'est pas un citoyen classé par des numéros dans les bureaux du gouvernement: tu es un humain, un citoyen de la Terre. Tu te promène dans ton pays: la Terre.

La Terre est ton pays. La Terre est ta maison.

Et tu vagabondes...

L.xx

Curiosité.Where stories live. Discover now