Anniversaire.

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Astrid.

-Bordel de merde, murmurais-je en entendant tout le vacarme que Becca faisait, dans la cuisine.

Je soupirai en montant la couverture par-dessus ma tête, essayant de me rendormir, en ce dimanche matin.

J'avais décidé de ne pas aller à la boutique, aujourd'hui, pour placer des livres. Avec le déménagement, disons que je sombrais lentement vers une fatigue maladive.

-Astrid? Astrid? entendis-je à travers ma porte.

-Quoi? murmurais-je en gardant les yeux fermés.

-Tu sais où j'ai mis la farine, l'autre jour? Je ne m'en souviens plus!

-Becca, c'est ton appartement et tu ne sais même pas où est ta nourriture...

-Oh! Allez, aide-moi, je veux vraiment manger des pancakes!

Je déglutis en sortant de ma couverture, avant d'ouvrir la bouche.

-Dans le garde-manger, troisième tablette. Tu me laisses dormir, maintenant?

Pour seule réponse, je l'entendis glousser et retourner faire son vacarme dans la cuisine. Après quelques minutes d'essais inutile à m'endormir, je décidai de me lever. Je refis rapidement mon lit, plaçai quelques trucs qui traînaient et m'assied devant mon ordinateur, toujours en pyjama.

Je regardai rapidement les petites annonces, à la recherche d'un vieux meuble fantastique, de livres originaux ou de vieux objets à retaper, pour ensuite les revendre. J'adorais faire ça, remettre des meubles en bon état. Je les peinturais d'une autre couleur, je changeais le tissus des assises, les poignées ou l'abat-jour.

Et j'adorais aussi les vieux livres. Les mots qui étaient choisis avec soins, les pages jaunies, les couvertures décolorées...

C'était ma passion, rendre hommage aux vieilleries que tout le monde voulait se départir.

Ma mère trouvait ça fou, mon père s'en foutait un peu.

Il me laissait faire ce que je voulais, tant que je ne leur demandais pas de retourner vivre chez eux, à vingt-trois ans. Et d'un autre côté, je n'en avais pas vraiment envie, moi non plus.

J'avais mon site personnel où je vendais les meubles que je remettais en bonne forme. Et j'avais finalement décider d'ouvrir ma petite libraire, il y a sept mois. Le processus avait été long, mais gagnant. Et du coup, j'en étais venue à acheter le petit local délabré qui se trouvait sur une jolie rue typiquement anglaise.

Avec ma grande réserve de livres et de babioles, j'étais certaine de pouvoir faire une bonne affaire. Il ne fallait que d'un coup de plumeau, de quelques clous, d'un pot de peinture ou deux et la boutique serait superbe.

Et comme j'avais décidé de prendre une journée de congé, aujourd'hui, j'en profiterais pour aller visiter le nouveau quartier anglais dans lequel je m'étais établie.

***

Je marchais donc lentement sur la rue piétonne, souriant en voyant ma boutique, de l'autre côté. La devanture serait prête bientôt, c'était un vieil homme anglais, maître du pinceau et du style antique qui l'avait créée, pour moi, en échange de dix livres originaux dont il ne restait que quelques exemplaires, à travers le monde.

C'était bien, le troc. Échanger des services, encourager les artisans de notre société, faire plaisir... C'était beaucoup mieux que l'argent, à mon propre avis.

J'étais donc en train de sourire comme une débile en regardant ma boutique, lorsqu'un homme qui transportait des ballons rouges, bleus et noirs attira mon attention.

Curiosité.Where stories live. Discover now