Maternité.

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Astrid.

J'étais assise sur le sol de ma chambre, le dos contre le mur. Le radiateur était allumé, il diffusait un bourdonnement désagréable, mais la chaleur qu'il apportait à la pièce était plus qu'appréciée.

Je mordillai ma lèvre en regardant mon placard vide, avant de soupirer.

-Les boîtes, c'est terminé pour aujourd'hui.

Je me levai du sol et m'assied devant mon ordinateur. J'avais ce besoin d'histoire, d'art, d'inspiration, de création.

J'avais besoin de voir quelque chose de nouveau. Mes yeux s'ennuyaient de la couleur et des regards passionnés.

Ayant finalement fait le choix d'aller au musée d'art contemporain, je me vêtis rapidement d'une robe et d'une paire de collant de laine, avant de me rendre dans l'entrée.

-Je sors. Je vais au musée, dis-je en chaussant mes bottes, regardant Becca.

-Pas de problème, Astrid. Amuse-toi bien.

Mon foulard noué, je sortis de la demeure de Becca et composai le numéro du service de taxi. L'horaire de bus ne concordait pas avec l'heure qu'il était, maintenant.

***

-Merci. Je garde en tête votre recette de cari indien, dis-je en souriant au chauffeur de taxi qui m'avait amené devant le grand musée.

Il me sourit en hochant la tête, avant de se mettre à rouler. Je pris une grande inspiration en fixant les grandes colonnes devant moi, avant de monter les escaliers de béton.

Tout près de moi, il y avait d'autres solitaires qui gravissaient cet escalier en pierre, prêt à aller consommer de l'art en quantité exponentielle. Il semblait y avoir plusieurs expositions, ce mois-ci. J'avais vraiment envie d'aller voir l'exposition d'Edmund Alleyn, mais tout changea lorsque je me fis accosté par quelqu'un.

Je me retournai, avant de sourire en voyant un jeune garçon. Il devait avoir dix-huit. Des cheveux blonds, mi-longs, un air un peu blasé, des vêtements de bohème...

-Je peux t'aider? dis-je, un peu incertaine.

-En fait, dans le cadre de mon cours de philosophie, l'enseignant nous a demandé d'aller dans un endroit public et de passer une heure, deux heures, avec une personne inconnue. Et de noter ses paroles, de noter ses pensées. Si tu veux, j'ai une feuille, pour te prouver que je ne suis pas un jeune psychopathe.

Je souris en hochant la tête, avant de jeter un rapide coup d'oeil à la feuille qui portait le logo d'un établissement scolaire.

Le jeune me fixa quelques instants et haussa les sourcils, en attendant ma réponse.

-Pourquoi est-ce que tu m'as choisi? dis-je en souriant à la dame qui vendait les tickets.

-Tu avais l'air d'être quelqu'un qui avait beaucoup à dire, je sais pas, murmura-t'il pendant que je payai mon billet.

Je souris en mordillant ma lèvre, pendant qu'il payait son entrée, avant de le fixer.

-Tu sais, d'habitude, c'est moi qui parle aux gens, comme tu le fais. Je recueille leur histoire et des objets, parfois. Et maintenant, les rôles sont inversés. Tu veux que je te parle... J'accepte.

Il sourit, avant de ramener ses cheveux vers l'arrière et de me suivre. Je laissai mon manteau au vestiaire et lorsque je lui demandai s'il voulait me suivre dans l'exposition d'Edmund Alleyn, il fit la moue.

-Je l'ai visitée la semaine dernière, maugréa-t'il en soupirant. Je pense qu'on devrait aller... dans cette salle-ci.

Il pointa une affiche, sur laquelle on pouvait lire Maternité.

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