-Maternité? dis-je en haussant les sourcils. Toi, un jeune garçon de... dix-sept ans, tu veux aller voir une exposition d'art sur les femmes enceintes.

Il rigola en secouant la tête, avant d'hausser les épaules.

-Je me fous littéralement de l'exposition. Mais je pense que cette salle peut-être bien, pour une vieille adulte comme toi. Tu dois être en âge d'engrosser, non? Ça te convient, alors.

Je souris en voyant son air joueur, avec le choix de ses mots, avant de répondre.

-Je suis jeune, je n'ai que 23 ans. Et je n'ai pas envie d'avoir des enfants, pas tout de suite. Mais si ça te fait plaisir, allons-y.

Et pendant que nous marchions vers l'exposition, j'appris qu'il s'appelait Arthur, qu'il étudiait en science sociale, au collège, et qu'il avait dix-neuf ans.

Et il apprit mon nom, mon âge et mon emploi.

-Donc, tu as une boutique de vieux trucs? murmura-t'il en tendant son billet à la personne qui se tenait devant la porte de l'exposition.

-Oui, sur la rue principale. Tu viendras, un jour. C'est remplit de jolies trouvailles et d'histoire inédites. Je ne dis les histoires qu'à quelques personnes, des personnes qui sont capable de les entendre... Si tu veux, je te dirai une histoire, mais à la seule condition que je puisse recueillir un de tes témoignages.

-C'est d'accord. Marché conclus, Astrid.

Je lui serrai la main en souriant et nous entrâmes dans la grande salle. C'était silencieux.

Je m'arrêtai devant la première toile. Elle était immense. Je croisai mes bras sous ma poitrine, pendant qu'Arthur sortait un crayon noir, pour pouvoir faire son travail.

-Tu parles quand tu veux, moi j'écris, murmura-t'il.

J'hochai discrètement la tête, trop obnubilée par l'oeuvre magnifique qui se trouvait devant mes yeux.

-Je suis sans-mots.

Et à chaque fois que je m'arrêtais devant les toiles, c'était comme si mon corps changeait, lentement.

Il y avait des toiles de peintures et des photos. Et sur chacune on voyait un aspect de la maternité, mais toujours dans un retour à la nature, toujours avec un côté animal, un peu simple, un peu compliqué. C'était difficile à expliquer.

Un retour aux sources, un retour à notre côté animal.

Des seins, des vulves, des ventres ronds et ferme. Des traits droits et sinueux.

Quand la femme était enceinte, en dessin, on voyait toujours l'enfant, à l'intérieur de son ventre. On le voyait qui flottait dans sa petite bulle de chaleur. On le voyait entouré de fleurs, confortablement ancré contre sa maman.

Il y avait d'autres photos, certaines plus ancrée sur l'allaitement. Et c'était beau. C'était beau. Un corps maternel, nu. Et un petit corps innocent contre la peau de celle qui l'avait porté pendant des mois et des mois. Une bouche reliée à un sein, dans le simple but de se nourrir. C'était si simple.

Nous étions assis, maintenant, sur un banc, devant les toiles.

-Je n'ai jamais eu ce désir d'enfanter, tu sais. Plus jeune, je voulais voir les histoires du monde et me promener. Ma vie se résumait à ça et j'étais bien heureuse. Et puis... J'ai rencontré un garçon,  y'a un mois, peut-être. Et je l'aime bien. Je suis bien avec lui. Ce garçon, c'est Harry. Et il est boulanger. Je n'ai jamais eu de vrais copains, si je peux dire. Des petites relations ici et là, seulement. Mais avec Harry, j'ai envie que ça soit vrai.

Curiosité.Where stories live. Discover now