BANAL (Camren)

3 - Qu'est ce qu'il se passe, ici ?

Swan était assise dans l'une des nombreuses classes du lycée pour son premier cours de la journée, attendant patiemment et «sagement» que son professeur d'histoire daigne faire son apparition en discutant distraitement avec ses amies.

- J'y crois pas Camila, gémit Tara, la plus, disons, «fragile» de ses nombreuses amies. Comment tu peux faire tout le trajet depuis chez toi à pieds et toujours avoir l'air impeccable, alors que moi, je suis essoufflée et décoiffée rien que d'avoir courue jusqu'en classe.

Camila la gratifia d'un sourire faussement amusé et haussa les épaules avant de recommencer à griffonner des dessins sur le cahier qui se trouvait devant elle, sans lui répondre, un air absent sur le visage, tandis que ses amies assises tout autour d'elle, continuaient à jacasser et à rire comme des idiotes.

Elle fut soudainement tirée de sa léthargie et sursauta quand un grand fracas raisonna dans les couloirs à l'extérieur de la salle.

Aussitôt, comme une seule entité, ou plutôt comme des dizaines de moutons, tout les élèves bondirent de leurs sièges pour aller voir ce qu'il se passait.

Indifférente , Camila baissa de nouveau les yeux sur son cahier, mais elle fut bien obligée de se lever quand Tara se mit à lui tirer la main en couinant d'excitation.

Elle joua des coudes pour se frayer un chemin au milieu de la masse difforme et désorganisée d'adolescents qui étaient à présent massés dans le couloir, entraînant Tara derrière elle. Et finalement, elle se retrouva au premier rang pour assister au «spectacle» qui s'offraient aux élèves. 

Juste en face de la salle, deux idiots de l'équipe de Basketball du lycée, un grand brun et un blond très musclé, étaient en train de plaquer un troisième garçon contre un casier, en le maintenant par les épaules. Beaucoup moins imposant qu'eux, ce dernier avec le visage caché dans ses mains et gémissait, effrayé par la situation. 

- Alors Vinz', commença le brun avec un grand sourire confiant, il savait qu'il n'avait rien à craindre. J'espère que tu as mon fric aujourd'hui ? Tu sais que tu plus t'attends, plus les intérêts seront importants, pas vrai, mon petit Vinz' ?

- Je.. J'ai.. Pas encore, Ethan,je suis désolé..

- Désolé ? Tu crois que je vais accepter un simple «désolé» à la place de mon fric ?!

Le garçon secoua furieusement la tête, et il redressa la tête, c'est seulement là que Swan le reconnut: Vincent Ratra.

Ce n'était «personne», juste un élève fantôme qui errait discrètement dans les couloirs du lycée, jusqu'à ce que les garçons de l'équipe de basket le remarquent et fassent de lui leur souffre douleur, en commençant à le racketter quotidiennement.  

Depuis, Ratra vivait l'enfer sur terre: à chaque nouvelle journée, son joueur qui venait réclamer son argent.

Camila poussa un soupir et croisa les bras, déjà lassée.

- C'est complètement débile, marmonna-t-elle.

- Mais non.. C'est juste la loi du plus fort Camila, murmura emma,une autre élève, en trépignant d'excitation

Camila lui jeta un regard froid, et secoua lentement la tête.

Personne ne le savait, ni ses amies, ni sa famille, mais depuis l'enfance, elle était simplement, et véritablement attirée par le mal, sous toutes ses formes. La violence, qu'elle soit verbale ou physique, les crimes, le non respect de la loi, tout ça la fascinait depuis toujours, sans qu'elle ne puisse l'expliquer, ou dire d'où cela venait.

Lorsqu'elle lisait un livre, ou qu'elle regardait un film, elle n'était satisfaite que si à la fin de l'histoire, c'était le «méchant» qui l'emportait sur le «gentil». Evidemment, la plupart du temps, elle était déçue. 

Pour elle, l'idée de la «loi du plus fort» était parfaitement justifiée, et elle ne voyait aucun inconvénient à ce que ceux qui étaient plus intelligents, ou qui avaient le plus de force usent de celle ci pour dominer les plus faibles. En fait, elle avait toujours trouver ça logique.

Cependant, même si l'usage de la force brute l'attirait, ce qui, par contre, avait le don de la repousser au plus haut point, c'était l'injustice, et la lâcheté.

- C'est pas la loi du plus fort, rétorqua Camila. C'est juste la démonstration de deux idiots qui se sentent obligés d'agir en bande parce qu'ils savent que seuls, ils ne valent pas mieux que leur victime.

La jeune femme lâcha un autre un soupir, et elle attrapa le poignet de Tara pour se retourner et essayer de retourner dans la salle de classe.

Mais elle fut forcée de s'arrêter et de regarder par dessus son épaule quand la voix autoritaire du proviseur du lycée raisonna dans les couloirs.

- Qu'est ce qu'il se passe, ici ?

L'homme, d'une taille assez impressionnante, se fraya facilement un chemin dans le groupe des élèves qui étaient à présent silencieux et effrayés, et il s'arrêta en face des deux idiots de l'équipe de basket et de Vincent, qui, entre temps, avait été libéré par ses agresseurs.

- Vincent, demande le proviseur, les bras croisés. Je vous écoute, que se passe-t-il ?

Vincent hésita un instant. Il croisa le regard impitoyable du joueur brun, et déglutit difficilement, la peur visible sur son visage.

- Je.. R.. Rien du tout, Monsieur.

Le proviseur fronça les sourcils et porta son attention sur les deux autres hommes jeunes hommes qui continuaient à fixer Vincent avec un air agressif.

- Bien, je vois.. Ethan, Maxime ? Je vous veux dans mon bureau tout de suite. En route.

Surpris, les deux étudiants hochèrent vivement la tête et commencèrent à marcher.

Lorsque Ethan passa près de Camila, la jeune femme put remarquer la même expression apeurée sur son visage que celle qu'elle avait vu sur celui de Vincent quelques instants plus tôt, et elle ne put retenir un rire moqueur.

- Tu vois, Emma.. ? Des lâches qui ne valent pas mieux que leur victimes, dit-elle en retournant en classe, suivit par le reste des élèves qui pouffaient de rire.