Chapitre 31 - Le Glas des Sylphes

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J'essaye d'être forte depuis que je suis ici. J'essaye de garder la tête haute malgré toutes les épreuves qui me sont imposées. J'essaye de voir le bon coté des choses, de positiver. Mais là, comment suis-je sensée faire pour garder le sourire et lui dire que tout va bien, alors que je n'y crois plus moi-même ?

Ezarel m'attrape le menton et lève mon visage à hauteur du sien. Quand je croise son regard, il n'y plus aucun doute possible. Il a compris. Et il est tout aussi désemparé par mon état que je le suis. Alors que je devrais être rassurée par sa compassion, de nouveaux flots de larmes m'assaillent, troublant ma vue.

-Ne pleure plus, s'il te plaît. On va trouver une solution, murmure-t-il en caressant ma joue de son pouce pour essuyer les rivières salées qui s'y écoulent.

-Mais qui es-tu ? m'étonné-je, ne reconnaissant pas l'habituel Alchimiste sadique et sournois.

-Quoi ? panique-t-il, tout un coup. Oh par Gaïa, ne me dis pas que le peu d'intelligence que tu avais en a pris un coup aussi ?

-Espèce d'idiot, réussit-il à me faire rire.


En silence, il m'aide à me remettre sur le lit, histoire d'avoir un minimum de décence. Je me rends compte à ce moment que je suis vêtue d'une magnifique robe de nuit. D'un bleu ciel splendide qui se dégrade sur le mauve vers le bas. Évidemment, il fallait que le tissus soit fendu jusqu'à ma taille -ça a l'air d'une marque de fabrique Sylphe, ça- et que ma chute m'ait découvert la croupe. Je ne peux m'empêcher de rougir plus que de raison quand je réalise qu'Ezarel n'a pas du en perdre une miette. Pourtant il ne m'a fait aucune remarque à ce sujet. Se serait-il assagi ?

-Qu'allons-nous faire, Ez' ? Je ne peux même plus me déplacer toute seule. J'imagine que tu ne me porteras pas sur ton dos jusqu'à la Tanière.

-Certainement pas ! Tu es une Gardienne d'Eel, selon Miiko. Et ce malgré toutes mes objections. Alors prouve-le !

Puis il se radoucit quand il constate que ses paroles ne me font pas sourire :

-Nous allons quérir l'aide des Sylphes. S'ils sont les Gardiens des Moraï, ils auront bien une solution à nous apporter.

-Hum, grommelé-je. Si tu le dis.

Je suis peu convaincue. A vrai dire, mon état actuel vient de me plonger dans une humeur bien morose. Je n'ai plus le cœur à rien. Je me sens vidée de mon énergie. Faible, stupide, nullarde et deux de tension. Je ne vaux rien et ne serai jamais à la hauteur des attentes de l'Oracle. Qu'est-ce qui a bien pu lui prendre de me choisir comme Élue. Quelle belle erreur !

-Mais qu'est-ce que tu fais ? m'écrié-je, alors qu'Ezarel passe un bras sous mes genoux pour me soulever.

Aussitôt et par réflexe, je m'agrippe à lui. Il me maintient le dos de son autre bras, passant sa main sur mon flanc, avant de s'expliquer.

-Plus de temps à perdre, on doit trouver une solution à ton problème et aller rencontrer ces divinités.

Alors que je me débats dans le vide pour retrouver un peu de dignité, un détail m'interpelle.

-"Plus de temps à perdre", tu as dis ? Ez', j'ai dormi longtemps ?

-Trois jours, m'assène-t-il sans préambule. J'espère que vous vous êtes bien reposée, Altesse, parce qu'on aura plus le temps de traîner, maintenant.

-Trois jours ! Mais pourquoi tu l'as pas dis plus tôt ? Allez, vite ! Va, cours, vole, fidèle destrier Elfe ! ordonné-je en claquant des doigts pour le motiver.

Étrangement, ça a l'effet inverse. Il s'arrête et me regarde, totalement blasé.

-On peut dire que tu reprends vite du poil de la bête, toi. Tu serais pas un peu bipolaire, sur les bords ?

[Eldarya] Le Secret des MoraïWhere stories live. Discover now