Chapitre 23 - La Meute aux Trousses

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Illustration à venir et musique à déclencher si vous le souhaitez. J'indiquerai le moment^^




Mon réveil est difficile. La nuit a été rude. J'ai passé toute la journée d'hier à fuir. Encore. Je sens toujours leur odeur sur mon pelage. Je me suis roulé dans l'herbe, dans l'eau, même sur des payagas sucrés mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à me débarrasser de leur empreinte olfactive.

Après avoir étiré mes membres douloureux, j'entreprends de lécher mes blessures. Elles se referment petit à petit, mais elles m'élancent toujours quand je force un peu trop. Je dois impérativement les garder propres pour qu'elles cicatrisent vite et que je puisse rentrer à la maison en toute sécurité.

Cette nuit, j'ai trouvé refuge sous les racines épaisses et entremêlées d'un gros arbre. Un terrier avait déjà été creusé par une bestiole et déserté depuis un certain temps. Ça m'a fournit un abri sûr où me reposer un peu et j'en suis bien heureux. Mais je ne vais pas pouvoir rester ici plus longtemps. Sinon, ils me trouveront.

Délicatement et en silence, je m'extirpe de ma cachette et scrute les environs. Je ne veux surtout pas me faire surprendre. Après m'être assuré que je suis bien seul dans cette portion de forêt, je foule avec précaution les brindilles qui jonchent le sol de la Forêt Profonde. Une soudaine douleur sourde me paralyse sur place. La faim se fait ressentir. Cela fait plusieurs jours que je ne me suis rien mis sous la dent.

Par chance, sous ma forme actuelle, la faune d'Eel m'est nutritive. Je vais devoir chasser. Dès lors, truffe aux aguets, je hume l'air environnant pour trouver un être vivant. Après plusieurs longues minutes à chercher, je parviens à reconnaitre la douce et délicate odeur d'un Dalafa nocturne. L'aube point par delà les arbres, l'animal retourne très probablement vers son troupeau pour dormir. Je dois absolument l'intercepter avant et m'en faire un petit déjeuner ! Flairant la piste pour ne pas prendre le risque de la perdre, je fuse à travers les arbres. Aussi vite que mes pattes peuvent me porter, mais tout en économisant mes forces pour l'assaut, je file vers ma proie. L'odeur s'intensifie, j'en ai déjà l'eau à la bouche. J'imagine déjà mes crocs se planter dans sa chair et me délecter de sa chaleur si vivante.

Pourtant, je fatigue déjà. Dans mon état, maintenir cette concentration sur mes sens pour la traque n'est pas une bonne idée. Si les autres décident de me tomber dessus maintenant, je suis fait. Mais je n'ai pas le choix. Si je veux rejoindre les miens, je dois me nourrir pour retrouver des forces. Sans ça, je peux me considérer comme mort. Je me demande s'ils vont bien. Ils ont réussi à fuir, c'est déjà une belle consolation. Dès que j'en aurai l'occasion, je les rejoindrai. J'espère qu'ils vont bien.

Une forte odeur me sort de mes pensées. Le Dalafa nocturne. Un embrun si dense que j'ai l'impression que la bête est là, juste sous mon museau. Aussitôt, je me plaque au sol et progresse sans le moindre bruit. Je me lèche les babines. La fraîcheur de l'air m'indique le sens du vent et j'adapte directement mon positionnement pour l'avoir de face. Ce serait malin de tout faire capoter en négligeant ce détail.

C'est alors que je le vois. Devant moi, à peut-être six ou huit mètres, il déguste quelques baies en toute témérité. Mes yeux se posent sur ses courbes fines et élancées. Il n'est pas très gros, mais sa taille est bien suffisante pour me sustenter. D'un bref coup d'œil, j'évalue la distance qui me sépare de lui et de la puissance que l'impulsion du saut va nécessiter. Je ne dois pas me tromper, je n'ai pas le luxe de rater mon coup. Je n'aurais pas de seconde chance. Si je ne mange pas ce Dalafa, c'en est finit de moi.

Je trépigne sur place une poignée de seconde, à contracter mes pattes arrières, comme un archer bande son arc. Ma respiration se coupe. Puis c'est la détente. Mes pattes arrières me propulsent avec toute la force qui leur est propre. Je décolle dans les airs et me jette sur ma proie. Le Dalafa se retourne, pétrifié. Il ne lui faut pas longtemps pour appliquer ce que sa mémoire ancestrale lui dicte. L'instinct de survie, qui lui confère des réflexes rapides pour échapper à ses prédateurs. Pour m'échapper, à moi.

[Eldarya] Le Secret des MoraïWhere stories live. Discover now