Chapitre 12 - La Mission

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Pour pouvoir voir la carte en plus grand, j'ai ajouté un lien cliquable dans les commentaires.

Carte faite par mes soins ♥ Dites-moi ce que vous en pensez =D


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Nous marchons depuis des jours, mais j'ai la désagréable impression que nous n'avançons pas d'un pouce. Nous passons le plus clair de nos journées à me former aux techniques du Vipashudda. Nevra m'a expliqué que si je veux en optimiser les effets, je dois le pratiquer lorsque l'environnement est le plus hostile pour mes sens.

Mon entrainement commence le matin, bien avant le levé du soleil. Le vampire m'aide à me concentrer, à visualiser le maana qui parcourt mon corps. Les créatures de la nuit se plongent dans leur long sommeil diurne tandis que celles de la journée ne se sont pas encore éveillées. C'est un moment qui est une passerelle entre le conscient et l'inconscient. Un moment où le temps lui même semble suspendu, comme si tout, autour de nous, retenait sa respiration, en attendant que le soleil se décide à apparaitre au delà de l'horizon, craignant qu'aujourd'hui, il n'en fasse rien. La nature silencieuse et endormie qui m'entoure ne perturbe en rien cette méditation profonde. Honnêtement, je n'en vois pas l'utilité. Je suis fatiguée, j'ai plus l'impression de lutter contre l'endormissement que de rechercher les réponses dans mon esprit. Pourtant, Nevra tient à ce que je commence avant l'aurore.

Évidemment, ce calme n'est que de courte durée. Avec les premières lueurs de l'aube, viennent les piaillements, les gargouillis, les bâillements... Même le clapotis d'une rivière souterraine parvient à dissiper ma concentration. A chaque fois, il me faut plusieurs minutes pour réussir à faire abstraction de toutes ces nuisances. Nevra veut que j'apprenne à les assourdir, et ma foi, je crois que je suis sur la bonne voie. Je me surprends à percevoir le sens des courants d'air, leurs souffles se font plus doux sur ma peau. J'en discerne les différences de températures et de pression. Je parviens même à déterminer avec une certaine marge d'erreur de la distance me séparant des sources de bruits. En général, j'arrive plutôt bien à repérer les gros animaux. Nevra me confirme certaines de mes suppositions. Son ouïe développée et sa vue perçante lui permettent de vérifier mes ressentis sur les éléments volumineux qui m'entourent.

Je ne sors de cet état de transe que lorsque mon estomac me rappelle qu'il est en train de migrer dans mes talons. Par ailleurs, je suis affamée en ce moment ! Je ne pensais vraiment pas que méditer pouvait consommer autant d'énergie. Une chance que je ne sois pas cannibale, sinon j'aurais dû manger mon compagnon de voyage. Les biscuits secs et le pot de miel descendent à vue d'œil. Nevra ne mange pas, mais il rationne les vivres pour m'empêcher de commettre une folie en me ruant dessus.

Je termine mon maigre repas, quand je vois Nevra revenir du coin de l'œil, le pas léger. Il s'absente plusieurs fois par jour. Je suppose qu'il part chasser pour lui. J'aimerais qu'il partage ce qu'il vit avec moi. J'ai conscience que nous ne nous connaissons pas tant que ça, mais c'est l'occasion d'en apprendre plus l'un sur l'autre. J'ai abordé le sujet plusieurs fois, mais il détourne toujours la conversation pour esquiver mes questions. Du coup, j'ai fini par lâcher l'affaire. J'ai même tenté plusieurs fois de l'espionner avec mes nouvelles aptitudes mais sans grand succès. J'arrive à sentir sa présence, plus ou moins lointaine, mais je ne distingue pas ses fait et gestes.

Est-ce la faim, le manque de concentration où même lui qui érige une barrière mentale à mes intrusions ? Je n'en ai pas la moindre idée et j'avoue que l'appel du petit pot de miel sous mon nez ne m'aide pas à penser à autre chose que mes gargouillements d'estomac.

[Eldarya] Le Secret des MoraïWhere stories live. Discover now