Chapitre quarante trois - Niall

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     Comme je l'avais fais une première fois, nous étudiâmes le carnet avec finesse, chacun progressant sur un poème précis ou alors sur une partie de l'ouvrage–je le gardais en ma possession, alors qu'ils travaillaient sur des copies, et étudiais les pages, à la recherche d'empreintes ou de traces que nous aurions négligées. La tâche était presque irréalisable et maintenait chaque seconde de mes journées et nuits, me rendant, progressivement, totalement fou.

Je dormais peu, pensais beaucoup et dédiais ma vie à la recherche, sans même savoir si la personne que nous chassions avait un jour eu le livre en sa possession. Tandis que ces pensées hantaient ma raison, manquant de plusieurs fois de m'en priver, je revisitais secondes pour secondes la soirée où il nous avait attaqué–ignorant même qui était ce dit il.


Je levais le regard vers Greg, qui aidé de Louis était en train de pirater certains logiciels, pouvant par la suite nous être utiles. Tout cela était lié à mon devoir, nous devions, grâce aux programmes, identifier des empreintes de doigts, à condition que la personne ait été inscrite sur le registre d'un état civil dans le monde, durant les deux-cent dernières années. Je n'étais pas certain de me fier à cela, étant donné que nous n'aurons sûrement aucune empreinte complète et qu'il s'agissait sûrement d'une créature, peut-être beaucoup plus âgée.


Me remémorant une nouvelle fois la nuit désastreuse, je me rappelais de quelque chose. Il avait en effet touché le recueil, et l'avait ouvert à une page précise : il pouvait s'y trouver des empreintes. Je feuilletais les pages sans conviction, peu convaincu qu'il puisse s'en trouver et, lorsque je rencontrais la page recherchée, repliais le coin droit de celle-ci. Je soulignais le fait que c'était la page 268 et qu'elle était légèrement froissée, étant donné que nous l'avion étudié en particulier. Je fermais ensuite les yeux, me concentrant sur mes nouvelles capacités, tentant de les stimuler–c'était complexe. Elles avaient toujours été animer par la colère ou mon incapacité de les contrôler, mais à présent, étant en contrôle quasi-total, il était plus compliqué de les provoquer sans perdre ma maîtrise.


Néanmoins, je réussis et lorsque, après avoir ouvert les yeux sur le livre aux pages empourprées, quelques empreintes imprécises se présentèrent à moi, mon souffle se perdit dans ma poitrine. Les battements de mon cœur se mirent à croître près de mes oreilles ; la conscience de ma respiration n'avait jamais été aussi présente, dans le moment où elle se trouvait étouffer.


Puis, je repris mes esprits. Ce que je venais de découvrir me sautait au visage et étouffait toute autre faculté adjacente. Je me mis sur pied, avançant d'un pas tremblant vers les deux humains à mes côtés, obsédé par l'idée que nous aillons trouver la solution. Je balbutiais quelque mots confus, que , ils comprirent––ils me retirèrent le manuscrit des mains et réclamèrent Harry et Guilia, qui furent auprès de nous promptement. Une main irréelle comprimait mes arrivées en air, nouant ma gorge de gêne et d'angoisse et raidissant ardemment mes muscles.


Louis et Greg ne tardèrent pas, ils se munirent d'un appareil que, dans mon transport, que je n'identifiais pas, et l'accolèrent à la page écarlate. La machine produit quelques bruits hauts-perchés, manquant de briser mes tympans, puis les yeux sondèrent l'écran aveuglant quelques secondes, avant que chacun ne laisse échapper une plainte strangulée.


Je ne le fis pas, cependant, m'étonnant de mon stoïcisme. Ma figure perdit chacune de ses couleurs humaines, je me sentis m'abîmer à la vue du visage commun, entendit l'endiablé rythme de mon coeur, mais ne fis rien––puis, ma raison capitulait, une ombre noire perçait mon champ de vision, l'anesthésie pesant de façon croissante dans mon esprit, quand l'obscurité prit le dessus sur mon corps bercé du plus grand égarement.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant