Chapitre quarante et un - Niall

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Lorsque la première de ces choses arriva, deux semaines après les incidents que j'avais provoqués, nous avons été pris par surprise. Je savais que ces choses ne resteraient pas muettes éternellement–surtout que j'avais en ma possession le carnet, qui, j'en étais sûr, nous dévoilaient–mais j'espérerais qu'elles nous laisseraient le temps de nous apprêter. Malheureusement, rien ne s'est passé comme je l'imaginais.

C'était arrivé en pleine nuit. Nous n'étions pas encore concrètement installés dans la maison, avions plutôt installés des matelas dans les pièces communes immenses, ajoutant à cela ma chambre–que j'avais éloignée des chambres-à-coucher improvisées pour ne pas blesser d'autres personnes. Ce fut un cri qui me réveillait, suivit de plusieurs fracas indistincts.
     Après m'être proprement plongé dans la situation d'urgence, je courrais jusqu'à la pièce où les autres couchaient, mais Harry me repoussait lorsque je tentais d'entrer.

–– Tu ne peux pas entrer là-dedans.

C'est à ce moment-là qu'un second hurlement retentit, plus rauque, plus horrifiant, suivit de plusieurs feulements sourds, ainsi que des claquements de dents. Après quelques secondes d'incompréhension, j'ôtais le garçon de mon chemin, avant de me précipiter vers la pièce-à-vivre, défonçant la porte sur mon chemin. Elle révélait une pièce fortement éclairée, par des néons que nous avions installés, et mes amis et ma sœur, éparpillés dans la pièce. Les humains ayant accepté de nous accompagner–Greg, Louis, Eleanor, Zayn et ma sœur–étaient regroupés en un étroit amoncellement duquel je distinguais la silhouette tremblante d'Abby.
Il y eut une ou deux secondes de répit pendant lesquelles, après avoir entendu le même cri éraillé, je pue distinguer les lycanthropes, prêts à attaquer et une odeur particulièrement nauséabonde. Puis, je fus projeté au sol puissamment. Mon corps rencontrait la surface ferme en un déplaisant mélange de craquements et bourdonnements ; ma vision fut plongée dans une obscurité totale, lorsque mon ouïe commençait à être attaquée d'importants grondements. Ce qui était auparavant noir se diluait à des nuances de pourpres, qui rapidement envahirent ma vision––Liam.
Je pus jurer qu'il se trouvait au-dessus de moi et qu'il était celui qui me clouait au sol, pendant quelques secondes de confusion ; mais il disparut à nouveau. Je fus sur pied rapidement, mes sens et nerfs à vif, épiant les mouvements dans la pièce tout en feulant–les autres lycanthropes firent de même.
Les minutes qui suivirent, pendant lesquelles j'étais complètement tendu, le silence dans la pièce fut inquiétant. Tout le monde avait arrêté de parler, de hurler ou même de respirer, ce qui ajoutait encore à l'atmosphère cauchemardesque. Plus rien ne réapparut pendant de  très longues minutes, ce qui me laissait le temps de faire une inspection de la pièce. Je vérifiais le moindre recoin, ne baissant pas mon attention une seconde–même si je savais que les autres étaient également sur leurs gardes.
Après avoir scruté l'endroit sans succès et alors que je m'avançais vers Abby pour la rassurer, Guilia intervint.
–– Je ne suis pas sûre qu'il soit partit, a-t-elle murmurée, sa voix plus forte qu'à l'origine, elle voulait que je l'écoute. L'odeur ne s'est toujours pas dissipée et––
Les néons éblouissants explosèrent à ce moment-ci, projetant du verre et des étincelles dans l'espace obscur. Les cris stridents des humains couvrirent presque entièrement les crépitements des lampes, puis les forts bruits de pas. J'étais certain que moi, Guilia et Harry avions été les seuls à les entendre et, dorénavant, étions les seuls encore capables de voir. Danielle devait déjà être surpassée par les événements ; elle allait être blessée si elle s'impliquait.
Mes sens furent stables plusieurs instants plus tard : l'odeur de putréfaction était encore présente, les bruits accessoires également. Mes yeux déshabillaient la pièce en vain, examinant chaque compartiment de celle-ci méticuleusement. Soudainement, des claquements contre le sol furent entendus dans mon dos ; je me retournais. Une personne sombre se trouvait-là, appuyée contre un des murs, le recueil de poésies entre ses doigts excessivement longs.
Guilia lançait un grognement sourd singulier, ce qui semblait capter l'attention de l'individu. Il relevait le visage dans sa direction, bien que je ne puisse l'identifier, avant de refermer le livre. Il se déplaçait avec dextérité dans la pièce, comme s'il était en plein jour, lorsque j'inspirais profondément, mes narines se dilatant dans l'effort de stoïcisme–je ne pouvais pas simplement m'attaquer à l'inconnu et y risquer ma vie et celles des autres. C'est en respirant à nouveau, pleinement, que l'odeur me heurtait. Cette chose, peu importe ce qu'elle était, n'était pas complémentaire à ma nature. Je luttais un instant pour le pouvoir, repoussant la frénésie meurtrière qui m'entraînait, avant d'enfin regagner parfaitement le contrôle. –– Des centaines d'années, a subitement proféré Harry.
Sa voix était grave, plus qu'ordinairement, résonnant curieusement à mes oreilles alors qu'il approchait à pas mesurés. Il devait le connaître, me suis-je dis, alors que de puissants bourdonnements gutturaux jaillirent dans l'espace silencieux. Je posais mes yeux sur le lycanthrope–il semblait hors de lui.
Les reniflements et sanglots d'Abby résonnaient encore en arrière-plan, atténués par la main de Danielle, qu'elle avait déposée sur sa bouche.
En l'espace d'une seconde et sans que je ne puisse le réprimer, Harry se jetait sur l'individu obscur, action que je mimait, mais qui, rapidement, fut freiner. Il eut un bruit assourdissant et une explosion, qui me propulsait contre le mur d'une violence inouïe, coupant ma respiration ; je perdu connaissance.


Je retrouvais pleinement ma raison quinze minutes plus tard. La demeure apparaissait totalement sereine–je ne décernais aucun son parasite. Seulement, quelques secondes seulement après mon réveil, les visages inquiets de mes amis, penchés au-dessus du recueil de poésies, m'alertèrent. Je me redressais, poussant mes vertiges loin de moi en me déplaçant vers l'amoncellement de personnes. –– Tu ne peux pas avoir raison, a lentement articulée Guilia, concernée. Il a été éliminé de la bonne façon–nous l'avons éliminé et avons fait tout ce qu'il fallait.
Ses doigts tremblants effleuraient le papier usé, étudiant avec anxiété les lignes soigneusement calligraphier.


If the light goes out,You will see my threat,Forget he lies, Just play your debt.


Je posais ma main sur le carnet, inspirant profondément. Je connaissais cette partie-là du recueil, avait découvert sa signification et, à présent, m'en inquiétait.
–– Je sais ce qu'il faut en faire, ai-je dit, apposant mon index à interrupteur, que je pressais doucement.


I
will
get
you

–– Il en est l'auteur, proférait Harry, les mots roulant amèrement contre sa langue.
Guilia acquiesçait, son visage plongeant dans un désespoir que jamais je n'aurais cru connaître.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant