Chapitre trente huit - Liam

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Une semaine auparavant

–– Comment te sens-tu ? A-t-elle demandé lentement, sa main cernant mon visage, tourné dans sa direction.

Je tirais un moment sur mes liens, lacérant un peu plus ma peau et mordant brusquement mon bâillon. Mes mains étaient en sang et mon menton était recouvert de salive ; tous ces efforts étaient inutiles. J'arrêtais de lutter un moment, détournant le regard de son visage, pour le déposer sur le reste de la pièce. De douloureuses mordications parcoururent mes bras, ce qui maintient mon attention, la détournant de la femme en face de moi, qui posait toujours ses griffes sur ma mâchoire.

Ma sœur et ma mère, les chasseuses, avaient décidé de me torturer, appelant pour cela une bonne partie de nos connaissances ; des centaines de chasseurs de sang se trouvaient dans ma propriété, pour me torturer et pour assister aux funérailles de mon père. Tout cela était quasiment intenable : ils faisaient en sorte que je ne dorme pas, diffusant ici une lumière aveuglante et une musique assourdissante, faisant des tours de garde pour m'empêcher de dormir par tous les moyens possibles. Cela durait depuis quatre jours ; mon père était mort il y a deux semaines.

Ma sœur et moi avions réussit à nous échapper, cependant, pendant plus d'une semaine. Mais je ne doutais pas de leur capacité à nous rattraper et ils l'avaient fait. J'avais réussi à tirer sur ma seconde sœur, mais cela n'avait pas été suffisant. Ma complice avait heureusement parvenu à les esquiver, mais cela n'avait pas été mon cas. J'étais à nouveau enchaîné ici, mais cette fois-ci, les chasseurs n'avaient plus aucune pitié envers moi–j'avais tué un de leurs supérieures et ils feraient tout pour me torturer jusqu'à ce que je cède.

Chaque jour, depuis qu'ils m'avaient capturé, pendant une heure, lorsque la musique et les lumières étaient en marche, ils me laissaient seul ici, détaché, près d'un revolver chargé. Je savais qu'il n'y avait aucun moyen de s'en servir pour s'échapper ou pour les blesser ; ils voulaient que je me suicide. J'avais tiré les trois premières balles dans un des murs, me persuadant que je ne le ferais pas–néanmoins, l'idée d'un suicide semblait de plus en plus supportable.

–– Regarde-moi !

Leurs voix étaient insupportables, elles étaient la chose qui m'empêcher de m'endormir, la journée, alors que la fatigue était en train de m'abattre. Je ne m'exécutais toutefois pas, mon regard restait fixé sur un point dans la pièce et, lorsqu'elle voulut se placer de façon à ce que je sois obligé de la voir, je fermais mes yeux.

Elle s'appelait Nathanaëlle et était meneuse d'une autre famille de chasseur, très proche de la nôtre. Elle convoitait le sang, la douleur et le meurtre ; ils étaient sa raison de vivre. Il y a quelques années, une de ses filles à refuser de faire partie des chasseurs de sang, celle-ci a été chassée puis tuée. Ils étaient le groupe de chasseur de sang le plus cruel, selon-moi, et j'avais ces derniers jours longuement espéré qu'ils ne seraient pas présent.

Malheureusement, ils se sont joints à la souffrance familiale, noyant ma mère d'un soutien mensonger. Ils étaient déterminés, je le savais, Nathanaëlle l'était d'ailleurs particulièrement ; ils voulaient me pousser au suicide et je ne doutais pas de leurs capacités.


La nuit était déjà tombée, plongeant la pièce dans l'obscurité. J'avais été détaché quelques minutes auparavant, pas pour le suicide, mais la nourriture. Habituellement, ils allumaient uniquement les lumières lorsque l'arme était dans la pièce, pour m'empêcher de dormir et réussir à me faire méditer sur ma vie et ce qu'ils en faisaient.

En réalité, je n'étais toujours pas sûr que ce qui se trouvait devant moi était de la nourriture. Cela faisait plusieurs jours qu'ils me servaient la même chose, une purée à l'odeur épouvantable–je ne mangeais habituellement presque rien, dans l'espoir de survivre s'il se trouvait là-dedans du poison. Plus les jours passaient, cependant, plus je me disais que le poison serait sûrement le moyen de mourir le moins douloureux. Me mettre une balle dans la tête n'était réellement pas le meilleur des suicides.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant