Chapitre vingt - Niall

588 57 5
                                    

Nous sommes retournés à New York il y a trois jours. Le reste du voyage à été froid et désagréable. Pour moi, dans tous les cas. Il restait deux nuits là-bas et je n'ai dormi pendant aucune d'elles. Je ne voulais pas approcher Liam. Et visiblement, il ne voulait pas m'approcher non plus. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, mais actuellement, je veux simplement ne pas y penser. Je dois m'occuper l'esprit.

Je me trouve dans la bibliothèque de la maison. J'ai réouvert récemment les valises données en héritage par ma grand-mère et y est trouvé quelque chose dont je ne soupçonnais pas l'existence. Un livre. C'est un recueil de mots, de lettres, en réalité. Certaines sont écrites en anglais, d'autres en Irlandais et certaines en français. Elles sont étranges, voir effrayantes.

Le livre est en rapport avec ma grand-mère. Les mots peut-être pas toutes mais le livre, en général, l'est, il me semble. En réalité, c'est assez évident. Le titre la concerne. Je referme le petit livre en cuir, passant mon doigt sur les bourrelets créés par les lettres du titre.

Poésis à Aileen Isabella Gallagher

Le livre en question n'est pas édité. Ce sont des tas de papiers réunis et cousus à la couverture de façon imparfaite. Tout est écrit à la main de façon désordonnée ou soignée, mais l'écriture est la même tout au long du livre. Ce sont peut-être des lettres envoyées à ma grand-mère ? Ou alors des poésies écrites par mon grand-père... Je ne sais pas. C'est frustrant d'être face à un mystère sans réussir à le résoudre. J'ouvre le manuscrit, allant à la première page.

To Aileen,

Hopefully this part of me,

Reminds you a few of us.

Cela ne peut pas être l'oeuvre d'un admirateur secret, certains poèmes parlent de la mort, de la vengeance, de meurtre et d'autres choses morbides. Ma grand-mère était peut-être une partenaire de crime avec cet auteur inconnu ? Je fronce les sourcils, chassant en vitesse cette idée. Elle était tellement innocente et contre les tueries, elle ne peut pas avoir commis de meurtre, elle serait morte de remords. Je lâche un long souffle, allant à la première lettre.

If the light goes out,

You will see my threat,

Forget he lies,

Just play your debt.

Qu'est-ce que ces conneries veulent dire, au juste. Je soupire d'agacement, passant plusieurs poèmes sans en comprendre aucun. Certains sont juste effrayants, réellement effrayants. Ils me font froid dans le dos et... Merde, il pensait que le meurtre était justifié. Qu'un meurtrier n'était pas fou mais rancunier, qu'un meurtrier n'était pas fou mais raisonné.

Le meilleur meurtre est élucidé, mais reste incompris.

Ce manuscrit est forcément l'oeuvre d'un fou à lier. Personne ne peut avoir de telles réflexions sur le meurtre, la mort, l'horreur. Il aimait faire souffrir, il aimait infliger la douleur et l'horreur à d'autres personnes, il aimait voir souffrir. Et il aimait voir la vie découler du corps de ses victimes, visiblement. S'il n'était pas un meurtrier, alors le meurtre le faisait jubiler. Il voulait, de toute évidence, tuer. Je ne sais pas qui, mais il le voulait. Et c'est inquiétant. Je tourne les pages par paquet, essayant d'en lire le moins possible. Je ne veux pas lire les réflexions et pensées d'un meurtrier amateur de sang et de souffrance.

Pourquoi ma grand-mère a-t-elle voulu me donner cette chose et... Et tous ces médicaments étranges.

Puis, j'arrive à la dernière page. Lorsque je tourne la page pour aller jusqu'à la couverture, elle me semble particulièrement épaisse. Les feuilles sont froissées mais fines, celle-ci a l'air plus vieille et parfaitement lisse. Je l'observe un instant, avant d'avancer mon doigt vers le coin supérieur de la page, découvrant deux pages collées. Je prends une grande respiration, redoutant clairement ce qui va suivre. Je coince mon ongle entre les deux pages, le glissant dans la longueur de la page, décollant les deux morceaux de papier.

Saccagé || Niam - en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant