Chapitre 34

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Les intentions de Rose de retour à Paris sont claires. Elle veut que je retrouve Emma, qui visiblement est encore ma femme. Je n'ai jamais su gérer ma mère. Je n'ai jamais su lui tenir tête. Je l'ai toujours crainte.

La première fois où j'ai refusé d'obéir à ses ordres qui je suis certain, partent d'une bonne intention, c'est le jour où j'ai décidé que je gagnerais ma vie autrement qu'en profitant de leur argent. Elle était furieuse et a déclenché un scandal monumental déclarant que je ternirais l'image de ma famille en devenant professeur. La seconde et dernière fois que je lui ai tenu tête, c'est quand j'ai quitté Londres pour Paris en délaissant la femme infidèle avec qui je cohabitais. Rose était dans tous ses états. Elle a absolument fait tout ce qui était en son pouvoir pour que je retombe dans les bras de Lemens, tentant de me convaincre que l'adultère dans le monde où j'évoluais était devenu anodin, et que si l'acte d'Emma m'avait blessé, je pouvais en faire autant. Aujourd'hui, âgé de trente-six ans, je ne peux plus céder aux moindres désirs de ma mère. Je souhaiterais vivre ma vie, faire ce qui me plaît, en l'occurrence, épouser Amber Lias dont je suis plus que jamais, amoureux.

Mes parents partis se louer une chambre d'hôtel, je me prélasse dans un des lits d'extérieur de mon jardin avec ma sœur et mon frère, leur partageant mes ressentis. En tant que grand frère, je suppose qu'il est aussi de mon devoir de tenter de leur sortir des jupons de ma mère qu'ils obéissent au doigt et à l'œil.

Ma cigarette prête à être fumer, je m'aperçois que je n'ai pas mon briquet sur moi, contrairement à Candice qui elle, en est à seconde cigarette en l'espace de quinze minutes. Malgré sa présence chez moi, ma sœur et moi ne sommes toujours pas en bons termes. Elle ne m'a pas adressé la parole de la soirée, elle ne m'a même pas regardé. C'est sa façon de me montrer qu'elle m'en veut toujours pour une raison que j'ignore.

- Ethan, aurais-tu un briquet ? demandé-je à mon frère.

- Je ne fume plus depuis que Malaïka est enceinte, pour la santé du bébé. Tu le sais.

Sans prononcer quoi que ce soit, Candice me tend son briquet. Malgré l'embarras de cette situation, j'accepte son offre et lui remet son allume-feu une fois ma clope servie. Je m'empiffre ensuite de cette fumée nocive pour mon organisme. Ethan nous examine quelques secondes Candice et moi, avant de dire ce qu'il avait sur le cœur:

- Candice, tu es ma sœur et je t'aime plus que tout au monde, tout comme toi Thomas, et c'est très difficile pour moi de voir les deux personnes que j'aime le plus au monde se détester alors...

- Je ne la déteste pas, je l'arrête en donnant le reste de ma cigarette à Candice qui vient de finir son dernier.

- Tu ne m'aimes pas non plus, fait-elle.

- Crois-moi petite sœur, je t'aime plus que tu ne le mérites.

Candice croise lentement mon regard et laisse paraître l'ombre d'un sourire en coin.

- En tant que femme, je sais qu'après toutes les conneries que Rose a balancé à ta minette sans que tu la défendes, si j'étais elle, je t'aurais quitté en brûlant cette maison. Alors vas voir ta fiancée Tommy, me conseille-t-elle en sirotant son verre de scotch.

Candice a toujours été bonne en ce qui concerne les devinettes ou les intuitions. J'en suis davantage convaincu puisqu'après avoir franchis le seuil de la porte de ma chambre, c'est une Amber désemparée que je vois faire ses valises.

- Alors tu abandonnes ? Une soirée en compagnie de ma mère et tu abandonnes déjà ? balancé-je, offensé par son initiative.

Sans m'adresser le moindre regard, Lias poursuit la recherche de ses nombreux vêtements éparpillés dans toute la maison. Elle a tout de même eut la stupide idée de laisser sur le lit, tous les vêtements que je lui avais offert, sans oublier la bague que je viens à peine de lui passer au doigt.

- C'est donc comme ça que s'achève notre belle histoire ? Tu aurais donc hérité de l'intelligence et non de la persévérance de ton père ?

Toujours sans daigner me regarder, la femme que j'aime continue de mettre dans sa valise remplie, le maximum d'affaires. Son visage ne laisse paraître aucune expression, si elle n'avait pas les larmes aux yeux, je n'aurais jamais deviné à quel point elle a été blessée et heurtée par les injures de ma mère.

- Tu me quittes sans rien dire. Je dois t'avouer que je m'attendais à une fin moins lâche, dis-je en dépliant les habits qu'elle venait de plier, afin de gagner du temps.

- Tu es la personne la plus mal placée pour parler de lâcheté dans cette pièce, alors ferme-la, elle m'engueule après avoir craqué, cédant alors, à la retenue qu'elle exerçait pour réprimer ses larmes.

- Amber, toi et moi, ce n'est pas comme ça que ça finira. Pas à cause de ma mère, je t'en prie, ne la laisse pas gagner. Pas cette fois, lui déclaré-je en emprisonnant son visage entre mes mains moites.

- Thomas tu m'as mentis ! Tu es encore marié à cette...cette Emma ! Et malgré ça, tu as quand même eut le culot de me demander en mariage. Je me suis tapée un homme marié, tu as fais de moi ta maîtresse !

- Quoi ? Tu y a crus toi ? Non mais Amber réfléchis, Rose veut que je retrouve Emma alors chaque mensonge dévastateur est bon pour argumenter. Je te promets que je ne suis pas marié, j'ai signé les papiers du divorce...

Je marque une pause pour examiner son visage. Elle pleure. Sans émettre aucun bruit, elle pleure.

- Je t'aime Amber, divulgué-je en la prenant dans mes bras mais elle me repousse, gentiment.

- Ta mère a raison. Tu mérites mieux qu'une fille des bas quartiers de Paris qui a le sida et qui ne pourra te faire des enfants en bonne santé, alors tu vas l'écouter. Une mère ça ne veut que le bonheur de ses enfants, alors tu vas écouter ce que ta mère t'a dit, dit-elle en fermant la fermeture de sa valise.

- Tu m'aurais quitté si Veronica te l'avait demandé ? je la questionne avant qu'elle sorte de la chambre.

- J'aurais d'abord essayé de lui prouver que tu es quelqu'un de bien,  mais si malgré ça elle aurait refusé que je te fréquente, alors oui, je t'aurais quitté.

     Comme chaque nuits passées sans Amber à mes côtés, je n'ai pas fermé l'œil. Je ne parviens pas à trouver le sommeil, mon insomnie étant causée par l'immense vide que laisse celle dont je suis épris dans mon lit. Mon esprit ne cesse de jouer en boucle tout les moments où Lias me déclarait son amour. Elle disait m'aimer avec passion, d'une manière dont elle ne soupçonnait même pas la possibilité. M'a-t-elle menti ? Oui. Elle m'a menti. D'ailleurs, m'a-t-elle déjà aimé ? J'en doute fort. Quand on aime une personne, on se bat pour elle. On n'abandonne pas lors dès le premier obstacle, peu importe la difficulté. L'amour qu'on éprouve pour cette personne demeurera toujours plus forte et finira toujours par triompher. Le triomphe, c'est ce qui pourrait se produire si dans le cœur d'Amber, il y a ne serait-ce qu'une infime place qui m'est réservée.

C'est avec cette lueur d'espoir que je me suis tant bien que mal forgé, que je parviens à trouver le sommeil, seul.

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Chapitre certes court et pas très bon, mais important car il aura des répercussions sur les événements à venir.

Broken I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant