Chapitre 4

19.4K 737 95
                                    

Une heure après nos ébats, ma voisine du 4ème et moi nous réveillons au même moment. L'effluve émanant de sa chevelure est tout bonnement délicieuse, un cocktail de noix de coco et de vanille. La tête délicatement posée sur mon torse nu, elle me caresse tendrement la barbe m'affichant un sourire radieux. Il n'y a aucun doute, elle est satisfaite de ce qu'on vient de faire. Tout comme moi. Elle a été impressionnante pendant tout l'acte et sa vivacité n'a fait que nourrir la très répandue réputation des blondes au lit. Endurance, performance, initiatives, tout y était ! Goliath, mon deuxième cerveau — situé à l'entrejambe — a été traité à sa juste valeur, c'est à dire comme un roi. Et je ne peux alors m'empêcher de penser que cela faisait un petit bout de temps qu'elle avait faim de moi.
Tandis que je torsade ses cheveux, en pleine overdose d'ocytocine, je réalise que je ne connais même pas son prénom. Sacré Muller ! Je me présente sur les champs.

- Au fait, on ne s'est pas présenté, je suis...

- Thomas Muller, oui je sais, me coupe-t-elle en me dévorant des yeux.

- Oui c'est exact. Comment le savez-vous? je la questionne assez surpris.

- Après une aussi bonne partie de baise tu ne penses pas qu'on pourrait se tutoyer ?

- Ça me va. Comment sais-tu qui je suis ?

- Une de tes lettres a été mise dans ma boîte aux lettres par erreur, je l'ai bien évidement remise à sa place, m'informe-t-elle en sortant du lit. Je suis Chloé, ajoute-t-elle pendant qu'elle remet sa jolie robe noire.

Affalé dans mon lit, je la contemple. Chloé est divinement belle. Étonnant que je m'en aperçoive que maintenant ! Ses pommettes virent à l'écarlate presque instantanément lorsqu'elle pose ses iris bruns brillants sur le bleu des miens. Elle a sans doute saisi, dans ma manière de la déshabiller du regard, qu'elle est le type de femme qui pourrait me plaire. Je l'intimide et j'aime ça. Un sourire timide s'étire sur son visage angélique en réponse au mien, avant de baisser les yeux.
Mes narines s'enivrent de son agréable parfum quand elle vient déposer un chaste baiser sur mon nez avant une fausse tentative de s'éclipser. Mais hors de question de la laisser se volatiliser ! Alors  je l'attrape par les hanches et l'allonge près moi d'un mouvement brusque. Elle glousse comme une écolière. Coquine ! Elle n'attendait que ça. Nos lèvres s'enlacent naturellement et bientôt nos langues s'entremêlent. Elle met un terme à notre baiser en souriant à nouveau.

- Je dois vraiment m'en aller Thomas.

Je feins la déception mais en réalité, je suis ravi qu'elle décline mon offre. Goliath est bien trop lessivé pour une énième embûche.

      Vingt-deux heures. Pleinement comblé de mon expérience avec Chloé, je me prélasse dans mon lit. Malgré mon humeur joviale, je ne peux me résoudre à penser à Emma. Que fait-elle en ce moment ? Avec qui ? À quoi pense-t-elle ? Sans m'en rendre compte, je me surprends le téléphone collé à l'oreille, attendant patiemment, mais sans espoir, qu'elle décroche à mon appel. Et comme à chaque tentative, c'est sans succès. Tant pis. Je fais immédiatement abstraction au chagrin qui me gagne en me lançant dans la préparation de mes cours du lendemain. Et inconsciemment, je me surprends à désespérément espérer avoir la terminale ES 2, la classe de la mystérieuse et intrigante Amber Lias. Bingo ! Je les ai demain à la première heure selon mon emploi du temps accroché à mon réfrigérateur, obtenu dès mon premier cours. Je découvre par la même occasion que je vois cette classe 3 fois par semaine: le lundi matin donc, le mardi après le déjeuner de 11h30 et le vendredi en dernière heure.
Devant ma bouilloire, en attente de l'eau chaude pour mon infusion citron-gingembre, j'assimile en sifflant tout ce que j'ai appris à propos de la seule élève dont j'ai su retenir le prénom dès le premier jour. J'assimile également le peu que je sais déjà à propos de ce lycée, ce qui m'amène à la déduction suivante: je n'aurais certainement pas dû y postuler.

Broken I Onde histórias criam vida. Descubra agora