Journal de Bord

1 0 0
                                    


Lundi. Dans la nuit, j'ai rêvé que j'étais dans une forêt loin d'ici, sans aucune préoccupation à laquelle penser. C'était un rêve dans lequel j'accomplissais un de mes rêves les plus fous : vivre en autarcie dans un bois géant, étranger à tout, en communion avec la nature et consciente de tout ce qu'elle a à m'offrir dans cette vie. Je n'ai jamais été aussi heureuse que dans ce monde onirique. J'aimerais tellement y retourner ne serait-ce que cinq petites minutes, afin de ressentir de nouveau cette sensation magnifique de prendre conscience de ma respiration, de celle des arbres et de la majestueuse vie des plantes aux alentours.

Mardi. Je suis encore bouleversée par ce rêve incroyable qui m'a procuré tant d'émotions. J'ai l'impression de ne plus vraiment vivre ma vie. C'est comme si j'étais restée coincée dans cette forêt luxuriante. Je vis plus là-bas que chez moi.

Mercredi. J'essaye tant bien que mal de revenir les pieds sur Terre en oubliant ces pensées fantasques. Travailler m'aide à me remettre les idées en place.

Jeudi. Je me surprends enfin à me cantonner de nouveau aux tâches quotidiennes sans penser à ce qu'il s'est passé dans la nuit de lundi.

Vendredi. Je décide de jouer à la loterie, puisque cela fait longtemps que je ne l'ai pas fait. Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu le faire maintenant, mais j'ai envie de croire que je peux gagner un peu d'argent. Qui sait, je pourrais peut être organiser des petites vacances dans la nature.

Samedi. J'allume mon ordinateur pour vérifier le numéro gagnant. La connexion est faible, et je met dix minutes à accéder au site internet. Je sens une boule de stress se former dans ma gorge, comme si j'avais une chance de gagner. Je me ressaisis et essaye de rester réaliste : il est impossible que je puisse gagner. Pourtant le rêve de lundi refait surface dans mon esprit, et je ne peux me départir de cette forêt majestueuse et de ces énergies chatoyantes. Je trouve enfin le numéro gagnant.


C'est le mien.


Dimanche. L'aube n'est même pas encore apparue, et pourtant je saute dans le premier avion encore disponible. J'ai pris très peu d'affaires, mais ce n'est pas grave. Une nouvelle vie m'attend.

Au soir, je traverse le seuil de mes rêves et me retrouve dans une cabane aménagée dans une forêt d'une des plus belles montagnes du Népal. Tout devient réalité, et je suis loin de tout, mais je n'ai jamais été aussi heureuse. S'autoriser à rêver peut avoir du bon parfois.


Lundi. Ma nouvelle vie peut commencer. 

Textes EphémèresWhere stories live. Discover now