Textes Ephémères

Un Journal de Révélations

Nina était décontenancée de ne pas voir son amie Lili arriver à l'heure pour leur rendez-vous hebdomadaire au café du coin. Être en retard ne lui ressemblait pas, Nina le savait. Les minutes passèrent, mais aucune nouvelle de Lili. Déçue, Nina décida de rentrer chez elle, vexée que son amie ne l'ait pas prévenue de son absence. Lili était en dessous de tout en ce moment, elle avait toujours l'air ailleurs, perdue dans ses pensées, mélancolique même. Cependant, Lili avait tout pour être heureuse : une famille présente, un travail gratifiant, et même un compagnon aimant. Pourtant une tristesse se reflétait dans ses yeux depuis quelque temps.

Après avoir digéré ce faux bon, Nina alla se coucher. La nuit fut courte, et pour se changer les idées, elle décida d'aller se promener dans la rue le lendemain matin. La stupeur l'étreignit lorsqu'elle vit la une de la presse devant le kiosque à journaux située en bas de chez elle. La photo montrait un groupe de militants, les poings levés et le regard brillant de la lueur du défi. Mais ce qui choqua Nina, c'est la femme que l'on apercevait en arrière-plan. On ne pouvait s'y méprendre, il s'agissait de Lili. Sur la photo, elle était en retrait, elle ne levait pas le poing comme les autres. Nina lut ensuite le titre de l'article :

« La manifestation contre les violences faites aux femmes a réuni un nombre record de participants hier après-midi ».

Elle ne prit pas la peine d'en apprendre plus, elle fila à toute vitesse jusqu'à l'appartement de son amie Lili. En montant les escaliers qui menaient chez elle, Nina voulait comprendre. Qu'est-ce que Lili faisait là, au milieu de ces femmes battues ? Pourquoi ne l'avait-elle pas prévenue qu'elle se rendait à cette manifestation ? Nina arriva enfin sur le pas de la porte de Lili, et toqua. Le choc s'empara d'elle lorsqu'elle découvrit son amie. Une lèvre saignante, un coquard énorme au niveau de l'œil.

Tout à coup elle comprit, et le combat de Lili devint aussi le combat de Nina.