Traitre de Sang

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La salle d'interrogatoire, taillée dans la pierre noire et éclairée uniquement par des torches aux flammes bleues, semblait hors du temps, un antre oublié de tous sauf de ceux qui y menaient leurs sinistres affaires. Les murs absorbaient les cris aussi efficacement qu'ils étouffaient l'espoir, et le sol glacé réverbérait la froideur des intentions de ses visiteurs.

Dans le coin d'une des alcôve, Titus était suspendu par les poignets à un anneau forgé dans le plafond. Nu, exposé aux regards scrutateurs, il incarnait la triste vérité de l'empire de son père : même le fils de l'Imperator n'était qu'un outil, marqué par les runes sombres qui mutilaient son dos, témoins des tortures qu'il avait subies.

Les interrogateurs, leurs visages dissimulés dans l'ombre, observaient leur sujet avec une distance professionnelle. L'un d'eux, le chef, s'approcha, ses pas résonnant sur la pierre froide, brisant le silence pesant de la pièce.

— Titus Selwyn, commença-t-il, sa voix basse et mesurée tranchant l'air comme un couteau. Vous êtes ici non pas en tant que fils de l'Imperator, mais en tant que suspect sous notre garde. Les runes sur votre dos sont la preuve de votre implication dans des machinations qui dépassent votre propre volonté. Aujourd'hui, nous cherchons la vérité cachée derrière ces marques.

Il fit une pause, permettant à ses mots de s'imprégner dans l'esprit brisé de Titus. Derrière lui, un autre interrogateur préparait des instruments.

Titus, la tête baissée, sentait le poids de chaque chaîne qui le rattachait à cet anneau froid. Il lutta pour lever les yeux, rencontrant le regard de l'interrogateur principal. Sa propre voix lui semblait lointaine, presque étrangère, alors qu'il répondait d'un murmure rauque.

— Je ne me souviens de rien... que des ordres, dit-il, la douleur de chaque mot reflétant le conflit intérieur déchirant son âme.

— Nous avons des moyens de raviver votre mémoire, Titus. Des moyens que nous préférerions éviter, mais que nous n'hésiterons pas à utiliser si nécessaire, répondit l'interrogateur, un léger regret dans la voix, trahi par un regard qui ne pouvait masquer une lueur de compassion. Parlez-nous maintenant, et épargnez-vous la douleur de nos méthodes.

Un silence lourd s'abattit sur la pièce, brisé seulement par le crépitement sinistre des flammes bleues. Titus sentait la tension dans ses muscles, les runes sur son dos pulsant d'une douleur sourde à chaque mot prononcé par ses geôliers. Sa décision dans cet instant pourrait définir le reste de sa vie, ou plutôt sa fin. Les ordres avaient été clairs.

Titus respirait lourdement, chaque souffle un rappel de la douleur et de la détermination qui le consumaient. Les ordres de ses maîtres étaient gravés dans son esprit aussi profondément que les runes sur son dos : ne révéler aucune information, quel que soit le coût. Il inspira profondément, ses muscles se tendant en anticipation de la douleur qu'il était prêt à s'infliger pour garder ses secrets.

Cependant, les interrogateurs avaient anticipé ses intentions. Avant qu'il ne puisse agir, ils lui replacèrent fermement le mord en caoutchouc, un dispositif conçu pour empêcher toute auto-mutilation. Titus sentit la pression froide du caoutchouc contre sa langue, l'empêchant de mordre ou de parler. La frustration monta en lui comme une vague déferlante, s'écrasant contre les murs de son esprit conditionné.

Il hurla, un cri étouffé par le mord, son corps se balançant violemment sous l'effet de sa rage impuissante. Les chaînes qui le retenaient à l'anneau au plafond cliquetaient sous la tension, écho métallique à sa détresse.

L'un des interrogateurs, le visage pâle, s'avança calmement.

— Titus, comprends-tu que plus vite tu coopères, plus vite cela se terminera ? Nous n'avons pas besoin de te faire du mal. Les runes ont déjà révélé une partie de l'histoire. Aide-nous à comprendre le reste. Bats toi contre elles.

Invisible II - Au nom de l'ImperatorWhere stories live. Discover now