Invisible II - Au nom de l'Imperator

Jamais de repos

Après avoir quitté la salle du Magenmagot, Caius retournait à ses appartements pour se reposer à sa manière. Après ce bain de foule, qu'il avait dû retraverser pour gravir l'escalier de marbre, il pouvait profiter du calme pour s'occuper de la paperasse, et surtout lire de nombreux rapports. En fait, le repos lui était une notion presque étrangère, remplacée par une activité incessante qui correspondait mieux à sa nature.

Pik, l'elfe en chef du palais, entra silencieusement dans le grand bureau où Caius Selwyn s'installait à son bureau, immergé dans ses papiers. L'elfe, d'une petite stature mais d'une dignité naturelle, portait un plateau chargé d'aliments nutritifs. Il était vêtu d'un beau veston noir. Caius, levant les yeux vers l'horloge murale, fronça légèrement les sourcils en voyant l'heure, puis son regard se posa sur Pik avec une expression adoucie par la familiarité.

— Vous avez un sens du timing impeccable, Pik, dit Caius avec une touche de gratitude.

L'elfe posa le plateau sur le bureau, son visage ridé s'animant d'un sourire discret.

- Monsieur doit manger pour garder sa force, répliqua Pik, ajustant sa tenue soigneusement entretenue qui symbolisait son statut respecté au sein du palais.

Caius acquiesça, reconnaissant la sagesse de l'elfe qui avait souvent joué un rôle plus conséquent que celui d'un simple serviteur. C'était aussi le seul à penser au bien-être du chef de la communauté.

- Merci, Pik. Comment va votre jardin d'hiver ? J'espère que les nouvelles pousses ne souffrent pas trop du froid ?

Caius savait que parler des jardins détendait l'elfe, qui y passait beaucoup de son temps libre accordé par les réformes de l'Imperator, avec l'appui de la députée Hermione Granger encore à l'époque.

- Oh, les plantes s'en sortent bien, monsieur, grâce à vos enchantements de protection. Elles fleuriront bientôt, répondit Pik avec un enthousiasme visible, ses yeux pétillant d'une lueur vive.

Caius sourit, content de voir Pik engagé dans une passion qui enrichissait sa longue vie au palais, et aussi d'oublier un peu sa condition d'esclave, et un passé difficile.

Alors que Pik se préparait à quitter la pièce, Caius ajouta :

- Et assurez-vous de prendre un peu de repos aussi, Pik. Vous n'êtes pas plus très jeune, même pour un elfe.

Pik hocha la tête, touché par la préoccupation sincère de Caius.

- Merci, monsieur. Je le ferai, dit-il avant de disparaître avec un craquement presque inaudible, laissant Caius seul avec ses pensées et ses dossiers, mais désormais un peu plus prêt à affronter le reste de sa journée chargée.

Il passa les premières heures à parcourir dossiers et documents divers, tamponnant des refus sur des invitations, dont une particulièrement tentante provenait de l'instance internationale la plus élevée du monde de la Magie. En les refusant, il réaffirmait son indépendance et son désir de ne pas se laisser entraîner dans des alliances qui pourraient compromettre sa liberté d'action. Tout le contraire de ce qu'espérait Hawkins.

Une fois cette tâche accomplie, Caius se dirigea vers la piscine du palais, un large bassin intérieur éclairé par des lustres flottants qui diffusaient une lumière douce et apaisante. Il leva les yeux sur le plafond et pensa alors au ciel étoilé qu'il voyait enfant quand sa grand-mère l'obligeait à dormir dehors dans le froid, ou pire, à rester dans l'eau glaciale du bassin à côté du manoir. Mais ici, l'eau était chaude, une invitation à oublier un instant les lourdeurs de la politique.

En nageant, les pensées de Caius dérivèrent à nouveau vers son enfance, et il se remémora les séances d'entraînement rigoureuses imposées par sa grand-mère. Pour le fortifier, elle n'avait pas hésité à le jeter dans le bassin gelé à l'extérieur du manoir, se retrouvant alors coincé parfois sous la glace, tout en affirmant que cela tempérerait son esprit autant que son corps. Que disait elle déjà ? « Le froid est comme la colère, ça pique un peu d'abord, puis ça brûle ».