Le temps ne s'arrête jamais

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La veille de la grande rentrée à Poudlard était arrivée si vite.

La demeure de Caius était imprégnée d'un mélange de silence et de murmures fébriles. Titus, à peine onze et demi ans, ajustait son uniforme neuf devant un miroir, tandis que Livia et Caius l'observaient avec une affection mêlée d'inquiétude. Il était beau dans cette uniforme blanc qui bientôt prendrait la couleur de sa maison à Poudlard, la même que son père.

— Tu es tout à fait prêt, Titus. Tu seras le plus distingué des premières années, commenta Livia avec un sourire encourageant.

— Oui, mais... et si les autres élèves ne m'aiment pas ? Et si les professeurs sont sévères ? murmurait Titus, cherchant dans le reflet de son père un soutien qu'il connaissait déjà par cœur.

Caius, les bras croisés, observait son fils avec une fierté évidente qui luttait contre son anxiété. Chaque question de Titus résonnait en lui, rappelant ses propres doutes d'antan, lorsqu'il avait franchi les mêmes portes imposantes de l'école de magie. Il se souvenait qu'il n'avait pas vraiment eu les mêmes angoisses et attentes que Titus. Sa grand-mère lui avait bien fait comprendre qu'il était différent des autres enfants et qu'il n'avait pas le temps d'avoir des amis : seul sa préparation à devenir un jour le chef de la communauté avait marqué ses études solitaires. Son amitié avec Castor Borgin était une sorte de petite déviation dans son parcours. Une petite fantaisie qu'il avait osé avoir.

— Titus... à Poudlard, tu apprendras beaucoup de choses, dit Caius. Tu rencontreras toutes sortes de gens, dont certains plus sévères que d'autres, mais ça ne signifie pas qu'ils sont méchants.

Titus eut une petite moue, doutant un peu, puis inspira et hocha de la tête, ne voulant pas trop montrer son angoisse. Depuis ses cinq ans, après un douloureux enlèvement dont il gardait des souvenirs, il n'avait jamais plus quitté la maison, tenant sa promesse de rester à l'abri. En échange, Caius avait décidé, sous les conseils de son ami Castor, d'aller un mercredi après-midi sur deux voir son fils en plus des dimanches, s'impliquant alors plus dans l'éducation de Titus. Des moments de liberté et loin des arcades du palais, où Caius jonglait entre les différentes factions.

Après la fin des Phénix de sang, de la découverte d'une conspiration dans le but de diviser la société par des députés du parti des Sacrés, Caius avait dû faire un grand procès de cinquante-sept personnes, plus ou moins impliquées dans le groupe terroriste. Il avait alors fait preuve de clémence pour ceux qui avaient juste apporté un soutien mais qui n'avaient pas posé les bombes. Peut-être que de voir une femme réclamer ses enfants, en larmes, attachée à une chaîne enchantée, avait adouci la sentence. Les cinq poseurs de bombes et les députés qui avaient pensé se servir d'eux avaient par contre reçu la pire des punitions : le Baisser des Détracqueurs. Tous les autres eurent entre cinq et trente ans à Azkaban, selon leur niveau d'implication. Ça avait plu à la majorité, même la presse critiquante son pouvoir avait été plus compréhensible : des enfants avaient été visés et blessés. Depuis, il n'y avait pas eu d'autres actes terroristes. Caius avait échappé à une tentative d'assassinat, et Azkaban avait gagné trois nouvelles âmes. Depuis, Caius avait peu eu à faire de grands procès, preuve que la communauté était enfin en paix.

— Papa, raconte-moi encore comment c'était quand tu étais à Poudlard. Tu sais, avec Castor et les autres... Qu'est-ce que tu faisais pendant les week-ends ? Est-ce que je pourrai venir ici certains dimanches ?

Caius arqua un sourcil. C'était donc surtout ça qui inquiétait son fils : les dimanches. Il s'agenouilla pour être à hauteur de son fils, son regard se perdant un instant dans les souvenirs des couloirs échos et des rires sous les capes. Il ne pouvait pas dire à Titus que lui, il avait passé tout son temps à la bibliothèque, et surtout dans la réserve. Il imagina alors une journée à la Castor.

Invisible II - Au nom de l'ImperatorWhere stories live. Discover now