Invisible II - Au nom de l'Imperator

Guérir un coeur

Une toux faible résonna dans la chambre fermée, sans fenêtre, avec une unique porte. Un petit gémissement suivit.

Titus sentait quelque chose de huileux sur son torse. Quelqu'un releva sa tête alors qu'il ouvrait des yeux bleus vitreux. Il sentit le rebord d'un gobelet devant ses lèvres et but doucement une texture un peu épaisse et chaude. Il fixa l'intérieur du gobelet. C'était sombre, peut-être bleu.

Titus avala avec difficulté, la boisson étrangement réconfortante malgré son goût inhabituel. Le liquide semblait se frayer un chemin dans sa gorge, apaisant légèrement la douleur qui y résidait depuis des jours. Il cligna des yeux, tentant de mettre au point sur la silhouette qui se tenait à son chevet. La lumière était tamisée, la chambre plongée dans une semi-obscurité qui rendait tout flou.

— Doucement, lui dit une voix douce mais ferme, celle de Livia. C'est une potion spéciale pour aider tes poumons à combattre l'infection.

Titus tenta de répondre, mais un autre accès de toux l'en empêcha. Il se sentait faible, comme vidé de son énergie, chaque petite action lui demandant un effort considérable. Livia lui caressa la joue. Il lui souriait, faiblement. Elle l'aida à se rallonger et attrapa une petite boîte plate et ronde. Elle l'ouvrit et Titus crut alors être à nouveau au manoir, après un jour de pluie. Ça sentait la forêt qu'il y avait tout autour. Livia releva le haut de pyjama de Titus et appliqua l'onguent.

— C'est... c'est froid, murmura Titus.

— Ça va se réchauffer, assura Livia.

Titus ferma un moment les yeux. Il entendit alors un pas et tourna la tête un peut trop vivement vers une autre dame, qui posa sa main sur son front, puis prit son pouls, ses yeux scrutant attentivement la peau pâle de Titus pour d'autres signes de détresse. C'était Mme Pomfresh.

— Pou... Poudlard ? Demanda Titus qui n'arrivait pas à savoir où il était.

— Non... Tu es au palais, répondit Livia en remettant la chemise de pyjama à plat sur le ventre de Titus. Dans la chambre de ton père.

— Papa ?

— Oui. Il veille sur toi la nuit, lors des repas quand il n'est pas dérangé, répondit Livia. Les trois premiers jours, il ne t'a pas quitté. Pas une seconde.

Titus pensa à son père, à cet homme qui semblait si puissant et pourtant si vulnérable quand il s'agissait de son fils. L'idée que son père avait été à ses côtés tout ce temps lui apportait un confort indescriptible, même dans les profondeurs de sa maladie.

— Il est... où ? demanda-t-il, la peur de l'abandon l'effleurant malgré la présence rassurante de sa nounou, Livia.

— Juste à l'extérieur, répondit Mme Pomfresh en se levant. Il parle avec...

Elle se pinça les lèvres, cachant mal son agacement. Elle lui tapota la main avant de se diriger vers la porte.

— Repose-toi maintenant. Je lui dirai que tu es réveillé. Il voudra te voir dès qu'il pourra.

La porte se ferma doucement derrière elle, laissant Titus avec Livia et surtout avec ses pensées et le léger bruissement des draps à chaque mouvement. Malgré la lourdeur de ses paupières et la fatigue qui menaçait de l'emporter de nouveau dans le sommeil, il se sentait heureux. Il n'avait pas rêvé. Son père l'avait sauvé. C'était bien lui qu'il avait vu, avant que tout devienne noir.

Livia, restant à ses côtés, ajusta la couverture autour de Titus, qui avait fini par retrouver la porte de la chambre et la fixait avec espoir.

— Tu dois te reposer, mon chéri. Tu as été très malade, mais tu deviens plus fort chaque jour, dit Livia d'une voix douce et maternelle maternelle, un baume pour l'âme autant que pour l'oreille.