Au seuil des Ténèbres

Depuis le début
                                    

— Vous avez tenté de renverser l'ordre établi, dit-il lentement, chaque mot prononcé avec détermination. Vous avez menacé mon fils, ma famille. Vous méritez chaque seconde de ce que vous endurez maintenant.

Un des prisonniers, les yeux écarquillés de terreur visible même à travers les petits trous de son sarcophage, tenta de marmonner une supplication. Mais aucun son intelligible ne sortit, seulement un gémissement étouffé par le masque autour de son crâne, et trahissant la douleur du produit que la seringue lui injectait.

Caius s'arrêta un instant, son regard se durcissant encore plus, si c'était possible.

— Vous ne ressentez pas encore la pleine portée de votre punition. Ça viendra. Je le sais bien. La potion vous gardera en vie, suffisamment longtemps pour que vous ressentiez le désespoir que vous avez essayé de m'infliger, en touchant à mon fils. Sans faim, sans soif, et bientôt sans aucun sens. Mais je vous promets, ce sera pire que la faim et la soif. Vous prierez pour la mort, et elle ne viendra pas. Vous prierez que les Détracqueurs arrachent votre âme à ce corps, mais... même ça, vous n'y aurez pas droit.

Il se tourna pour quitter la salle, ses pas résonnant lourdement sur le sol de pierre. Avant de franchir la porte, il s'arrêta et se retourna pour leur lancer un dernier regard.

— Profitez de l'obscurité, messieurs. Bientôt, même la vue du noir vous sera enlevée. Si mon fils survit... Peut-être que je serai alors plus clément.

Caius sortit de la Salle d'Interrogatoire, les portes lourdes se refermant derrière lui avec un écho qui résonnait dans les longs couloirs du palais. Il se dirigea vers les jardins extérieurs, cherchant un peu d'air frais pour éclaircir son esprit troublé par les heures sombres passées à interroger ses ennemis.

La nuit était calme, et la lune éclairait les allées soigneusement entretenues du jardin. Caius ralentit son pas, son regard se perdant dans le lointain, vers les premiers arbres de la forêt au loin, lui rappelant celle autour du manoir. Il était un peu hagard, se rendant compte qu'il n'avait peut-être jamais été libéré. Enfant, il avait été exposé aux rigueurs d'une éducation violente. Il s'en rendait compte à présent. Malgré son amour, sa grand-mère avait été intraitable. Profitant d'une malédiction : celle de ne ressentir aucune émotion, ni amour, ni haine. Sa grand-mère, une sorcière de la vieille école convaincue que seule une formation rigoureuse pouvait forger un mage puissant et surtout un enfant sans empathie, l'avait souvent laissé dormir dehors en hiver pour "endurcir son corps et son esprit". Les nuits étaient longues et froides, et le jeune Caius avait appris à trouver la paix dans le silence glacé, son esprit flottant entre la douleur et la détermination.

Il passa à côté d'une vieille chandelle éteinte dans une lanterne rouillée, rappelant les longues soirées où sa grand-mère le forçait à tenir sa main juste au-dessus de la flamme d'une bougie, lui apprenant à maîtriser la douleur. "Contrôle ta douleur, contrôle ton environnement, contrôle ton destin," répétait-elle, sa voix aussi tranchante que le vent d'hiver. D'autres leçons en plus... sur l'amour... inconnu pour un petit Caius. Ces leçons cruelles avaient forgé en lui une volonté de fer, mais avaient également semé les premières graines de ténèbres qui, plus tard, sous l'emprise de Voldemort, fleuriraient en un jardin de souffrance.

Caius ferma les yeux un instant, le visage tourné vers la brise nocturne. Les souvenirs de ses premiers jours après Poudlard, se sachant bientôt emmenés à son maître, le manoir qui brulait et s'écroulait devant ses yeux quand il fut remis à Voldemort, surgirent. Le premier mois au département des Mystères, découvrant qu'il pouvait avoir pire que la mort, enfermé dans ce sarcophage, entouré par deux Détracqueurs coincés, alors que plusieurs fois il avait espéré qu'ils lui prennent son âme. Une liberté éphémère ensuite, pour être à nouveau capturé. À nouveau dans ce sarcophage, alors qu'on transformait son corps en prison. La douleur d'abord, à chaque injection, la perte de repères, les prélèvements forcés de son sperme, lui envoyant des électrochoc dans tout le corps. Pendant des mois... quatre mois... chaque jour. Tout lui revenait brutalement.

Invisible II - Au nom de l'ImperatorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant